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Potagers d'antan

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Archives de catégorie : Vieux trucs de jardinier

Valoriser vos déchets au potager: la conserve

08 vendredi Jan 2021

Posted by Michel in Vieux trucs de jardinier

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En 2021, notre MRC nous a officiellement annoncé qu’elle mettait de l’avant une nouvelle procédure pour le ramassage des ordures. Un seul bac roulant (max: 240 ou 360 L) par adresse ramassé une fois aux trois semaines au lieu de deux. Le tout pour augmenter l’utilisation du bac de compost et celui du recyclage car ils contribuent aux redevances retournées aux municipalités au lieu d’une dépense pour les déchets. Bravo! Je souhaite encourager à ma façon. Évidemment, ça exige des changements dans nos achats et la gestion de nos détritus.

De plus, comme la tendance jardinage semble vouloir se poursuivre encore cette année, je me suis dis pourquoi ne pas allier ces deux thèmes et mettre à profit le contenu de votre poubelle pour celui de votre potager. Sous le concept des « 7 R » (1) refuser, (2) réduire, (3) ré-utiliser, (4) revaloriser, (5) réparer (6) recycler et (7) rendre à la terre, l’idée n’est pas de changer le monde mais changer votre monde. Les petits changements commencent par soi. Ensuite, ils influent sur l’entourage et ainsi de suite.

De fait, il existe une foule d’articles de tous les jours qu’on peut convertir autrement en les adaptant aux besoins de nos jardins plutôt que de les jeter. Vous verrez, je n’invente rien du tout. J’adapte. Et surtout, je suis du genre pratique et pas trop déco. Ça doit avoir une fonction. Nos ancêtres, les maîtres dans cet art, pourraient encore nous en montrer. Inspirez-vous! La saison morte vous procurera le temps nécessaire pour ramasser ces items si le cœur vous dit d’essayer cet été. Pour débuter cette série, je commence avec la conserve, un item qu’on possède tous chez-nous.

Étalage de soupe en conserve de la compagnie Heinz dans la vitrine de l’épicerie J. Anatole Gingras, rue de Montigny Est (devenue boulevard de Maisonneuve Est) à Montréal en décembre 1944 (photo: Conrad Poirier)

L’arrivée de la conserve a permis d’améliorer notre qualité de vie. Du même coup, cette nouvelle technique a généré des déchets supplémentaires sans oublier l’utilisation d’une ressource naturelle non renouvelable. La récupération efficace à 100% permettrait de réduire une partie l’impact environnemental mais pour commencer à freiner ces conséquences quelque part, vous pourriez les réutiliser comme:

  • Barrières protectrices pour vos pousses. Pour cela, enlever les deux extrémités avec votre ouvre-boîte. Je vous suggère un ouvre-boîte repliant le métal pour des bordures lisses non coupantes. Enfoncez-les bien dans la terre pour éviter qu’elles partent au vent. Vous les enlèverez une fois vos plants bien pris. Elles protégeront des vents froids printaniers, des insectes rampants et créeront un mini effet de serre. Se réutilise de nombreuses années en les remisant après utilisation. Avant la venue de la conserve, les anciens entouraient chacune des pousses de grosses feuilles de consoude, une plante réputée répulsive contre les insectes et produisant un engrais vert en se décomposant.

Travailleurs aux champs (image: Omer Beaudoin, 1948)

  • Contenants pour vos plantes (fines herbes, feuillages ou fleurs comestibles, fraises, etc…). Ils s’installent partout. Vous remarquerez les trous de drainage tout autour sur le côté et non dans le fond. À quelques centimètres de la base, ils laissent un peu d’eau au fond comme source d’humidité. Percer à l’aide d’une pointe émoussée d’un tournevis ou marteler avec un gros clou. Avec sa mince épaisseur, la conserve se transperce facilement. Réserver vos grosses boîtes rondes métalliques pour vos plants plus volumineux à maturité. Le hic… la rouille. Certains aiment le look, d’autres pas. Vous pouvez peinturer avec de l’antirouille mais côté écologique, on repassera. Un autre déchet à gérer. Pour les grosses quantités de cannes rouillées, la solution consiste à rincer vos pots et appeler un ferrailleur à domicile. Mettez-les lui dans un endroit précis et lorsqu’il passera dans votre coin, il sera content de vous en débarrasser. Profitez-en pour lui donner d’autres trucs inutiles qu’il pourra recycler. Pour les petites quantités, hop!.. dans le bac de récupération.

Culture en conserves (images: se-preparer-aux-crises.fr)

  • Rangement pour votre garage ou votre atelier. Avec trois vis à bois ou à gypse percés au fond de la conserve et vous obtiendrez gratos un espace pour toutes vos babioles de jardin (balles de corde, étiquettes pour plantes, crayons…). Il y a toujours des petits objets traînant partout et on ne sait jamais où les ranger. Posez-en plusieurs pour créer des coins thématiques pour faciliter vos recherches. Ça vaut la peine de les peinturer avec des restes de peinture car ils seront à l’abris de l’humidité. Ajoutez-en au fur et à mesure de vos besoins. J’en ai chez-moi mais pas mal plus moches que celles ci-dessous. Les araignées adorent ce genre d’endroits fermés pour tisser leur toile. Un coup d’aspirateur et ni vu, ni connu.

Rangement avec des boîtes de conserves (sources: doodlecraft.blogspot.com)

  • Étouffer certaines mauvaises herbes. Vous pourriez installer une boîte de conserve avec une roche par-dessus pour empêcher une indésirable de pousser. Par exemple, il y a quelques années, j’ai eu la malchance de manquer de temps pour m’occuper d’une section de mon jardin. Je ne savais pas qu’un plant de liseron en profiterait pour s’éparpiller. Certains endroits difficiles d’accès m’ont obligé à installer plusieurs grosses boîtes de conserve par-dessus n’ayant pas le temps de les arracher. Je ne voulais surtout pas leur laisser encore une chance de fleurir et perdre le contrôle. Les plants affaiblis ont presque tous disparu.

En fait, il existe tellement de secondes chances à une conserve qu’il n’en tient qu’à vous de consulter les multiples sites et pages Instagram sur le sujet pour vous convaincre. S’il vous manque d’inspiration, nos voisins américains sous les mots « garden et cans » ne manqueront pas de vous laisser pantois. Et pourquoi pas une journée de cannage comme dans le bon vieux temps.

Mise en conserve des tomates chez monsieur Alphérée Plante à Berthierville, comté de Berthier (Photo: Omer Beaudoin, 1953)

L’épuisante récolte du tabac avant sa mécanisation

19 dimanche Jan 2020

Posted by Michel in Vieux trucs de jardinier

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Plantation de tabac en Ontario dans les années 1940 (image: blog.nfb.ca)

Au Québec, la pénurie de main-d’oeuvre se voit partout et dans presque toutes les sphères de l’activité économique. Par exemple, vendredi dernier, j’ai assisté à une présentation des programmes de formation d’une commission scolaire et eux aussi vivent le manque cruel d’étudiants. Par manque d’inscriptions, on annule des cohortes de cours. À d’autres places, on ferme des restaurants, on refuse des contrats ou on reporte des investissements. Et l’agriculture y goûte aussi. Mais.. cela ne date pas d’hier.

En effet, dans les années 1930 et 1940, des milliers de québécois se dirigeaient à Delhi, en Ontario pour la cueillette du tabac. Plus de 30 000 travailleurs saisonniers non spécialisés de toutes origines se donnaient rendez-vous à la recherche de bons salaires. À l’époque, aucune machinerie n’avait encore été inventée pour la cueillette de cette plante. Et ça prenait une quantité phénoménale de salariés temporaires. Au temps de la grande dépression, le pays bénéficiait de beaucoup de bras en comparaison aux emplois disponibles. Mais, en 1942, les agriculteurs devaient rivaliser non pas juste pour les attirer mais surtout les retenir. Nombreux préféraient s’embaucher dans les villes, dans la construction ou autres travaux de même nature. Pour maintenir leurs employés, plusieurs ouvriers exigeaient 3 repas par jour, un salaire quotidien de 14$ et un endroit pour dormir. Mais, dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre et face à une industrie très lucrative, le jeu en valait la chandelle. Ça ne vous rappelle pas ce qu’on vit actuellement? Augmentation des salaires, améliorations des conditions de travail, magasinage des travailleurs… Bref, on disait de la culture du tabac qu’elle était la plus riche mais aussi la plus terrible.

Culture du tabac à Delhi (source: musée du tabac à Delhi, année inconnue)

En effet, cette culture incertaine en a ruiné plus d’un. En plus de devoir trouver la main-d’oeuvre nécessaire, faire face à d’énormes investissements, le producteur devait aussi vivre sous la menace de la grêle et du gel, une calamité pour les plantations. Par exemple, faute d’hommes pour la cueillette, 80 millions de produits à récolter (plus d’un milliard en dollars canadiens de 2019) pouvait pourrir aux champs. La récolte durait 6 semaines sans jours de repos. Le moindre orage provoquait des inquiétudes. La plante, bien qu’elle adore l’humidité, une seule averse pouvait faire le bonheur d’un cultivateur ou en ruiner un autre à un kilomètre de là. Jadis, aux dires des plus expérimentés, la grêle fût la catastrophe la plus ruineuse de ce type d’agriculture. On cultivait le tabac avec la seule issue: « être riche ou ruiné ». Bonjour le stress! Peu importe les aléas du climat, toute la récolte devait être terminée avant les premières gelées. Le secret pour l’ouvrier « se baisser et avancer ». Les premiers jours de la récolte étaient les plus difficiles. Les doigts devenaient écorchés à vifs.

Récolte du tabac à la main à Delhi en 1942 (image: documentaire « la plante qui brise les reins » ONF).

De fait, la seule manière de récolter la feuille de tabac consistait à courber l’échine jusqu’à terre et de la ramasser. Il fallait la cueillir feuille par feuille dès qu’elle arrivait à maturité. Les journaliers travaillaient par équipe de 6 hommes; avançaient de front et ne se levaient que pour remplir les caisses. La feuille de tabac brut est juteuse. La tige, gros comme un pouce d’homme, est gorgée d’eau. Un caisson plein pesait un quart de tonne. La rapidité devenait le facteur de succès de l’opération. On ne pouvait pas attendre. Une fois les feuilles mûres cueillies, les caissons se dirigeaient vers la table de tri. Chaque équipe de tri devait confectionner 1250 bottes de tabac par jour. Avant le coucher du soleil, les trieurs avaient tressé 20 000 nœuds. Les poignets enflaient terriblement. On assignait surtout les femmes au tri. Ce travail, si dur, méritait le même salaire que les hommes aux champs.

Récolte du tabac aux champs à Delhi, 1942 (image: documentaire « la plante qui brise les reins » ONF)

Pour les hommes aussi, les premiers jours étaient les plus pénibles. Selon eux, une fois baissé, ils devaient garder cette position jusqu’au bout. Ne surtout pas se relever car le dos ne supportait pas cette gymnastique du haut en bas à répétition. On ne souffrait pas tant si ce n’était de supporter également la température accablante. La récolte coïncidait avec les plus fortes chaleurs de l’année. Enfoncés dans les rangs de tabac, on y suffoquait. Il faisait plus de 100 degrés Fahrenheit (environ 38 degrés Celsius). D’habitude, quant un homme défaillait ce n’était pas tellement à cause du travail qu’à cause de l’eau; de l’eau qu’il avait trop bu. Les travailleurs se voyaient tirailler par une soif épouvantable au fond des rangées. Il leur fallait absolument éviter de boire sinon crampes douloureuses tout le long du corps et maux d’estomac assurés. Plusieurs renonçaient les premiers jours. S’ils pouvaient tenir la première semaine, l’habitude faisait le reste. Les journées étaient longues; couchés à 11:00 et levées à l’aube.

Trieuses de feuilles à Delhi à Delhi, année inconnue (image: Musée du tabac à Delhi)

À cause du sol sablonneux, merveilleux pour la culture du tabac, la terre se réchauffe rapidement et mais se refroidit tout aussi vite dès le soleil disparu. Au matin, les champs sont noyés de brume. Trempés d’humidité, les ouvriers avaient les doigts engourdis par le froid et par les feuilles mouillées. Même quant une matinée semblait belle, il fallait porter des imperméables, des cirés qui faisaient transpirer à grosses gouttes dès que le soleil montait. Désagréable pour les hommes, cette combinaison de chaleur, de froid et d’humidité favorisait la croissance du tabac. Lorsque les conditions étaient bonnes, la plante s’épanouissait tellement qu’elle donnait naissance à des « surgeons » qu’on surnommait des « rejetons ». Il fallait les arracher pour que la feuille profite au maximum de la sève. Une autre équipe spéciale était chargée de cette opération.

Récolte du tabac à Delhi, année inconnue (source: Facebook du musée du tabac de Delhi)

Dans un autre coin de la ferme, les séchoirs à tabac appelés « fours » devaient être bourrés à plein tous les jours. Cette opération s’avérait très délicate. Les producteurs ontariens, la plupart du temps, déléguaient cette opération à des hommes en provenance du sud des États-Unis. Ils avaient la charge de l’alimentation continue du four dont la température devait s’élever graduellement pendant 5 jours. Le tabac devait passer du vert au doré. S’il y avait une erreur, une fournée de 1500$ était perdue; soit 23 000$ en dollars canadiens équivalent de 2019.

En mémoire de tous ces milliers de femmes et hommes ayant trimé vraiment très dur dans les champs de tabac en Ontario, consultez le Delhi tobacco museum & heritage center. Sinon, pour les nostalgiques de la culture de cette plante au Québec du temps de nos grands-parents, je vous invite à consulter mes articles suivants: le tabac jaune du Québec, carte postale de janvier 2014, comment produire et conserver vos semences de tabac et le tabac « petit canadien ».

MISE À JOUR (19-01-20):

Suite à l’excellente suggestion de Douce Labelle, une lectrice assidue, je vous inclus ici-bas une chanson interprétée par le groupe Les charbonniers de l’enfer intitulée « O Marie ». Elle témoigne des souffrances vécues par celles et ceux partis « travailler au tabac ».

La culture de la betterave à sucre au début du 20e siècle

12 vendredi Oct 2018

Posted by Michel in Vieux trucs de jardinier

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À la lumière des méthodes de culture anciennes, nombreuses sont celles méritant d’être réintégrées, voire adaptées à nos pratiques modernes. Je trouves vraiment pertinent d’en faire la recension car elles nous permettent de se réapproprier le savoir de nos aïeux, vieux de plus de 300 ans. La betterave à sucre ou betterave sucrière fût découverte en Europe au 18e siècle. Au début du 20e siècle, on comptait plus de 100 raffinerie aux États-Unis.

De fait, le Canada et les États-Unis étaient les deux pays où il se mangeait le plus de sucre au monde. Par exemple, au début du siècle passé, la consommation annuelle des États-Unis se chiffrait à plus de 12 milliards de livres. Quant à elle, la part moyenne de chaque canadien s’estimait à 105 livres (47.6 kilos) par année. Ayoye! À titre comparatif, nous en absorbons encore aujourd’hui (2018) environ 40 kilos (88 livres). C’est donc vous dire combien cette plante se retrouvait importante dans l’alimentation. Au départ, la culture de la betterave s’est faite d’abord en Ontario, l’Alberta et le Manitoba. La première entreprise viable de transformation du sucre fût construite à Wallaceburg en Ontario en 1902.

Quant à elle, la fabrique de Chatham, construite en 1916, fût considérée comme la plus grande au Canada. Sa production de sucre blanc raffiné dépassait les 60 millions de livre. À quelques kilomètres de là, Pain Court (qu’on prononçait Pincourt); l’un des centres canadien-français les plus florissant de l’Ontario. Avant que l’on y cultive la betterave, Pain Court était une humble paroisse agricole. Son sol mal drainé foisonnait de mauvaises herbes. Un peu de foin, d’avoine et de blé demeurait la principale source de revenus des habitants.

Par ailleurs, Pain Court devait son énorme prospérité à la culture de la betterave à sucre. Là demeurait les familles Roy, Caron, Lévesque, Gagné, Pinsonneault, Martin, Trudel, Béchard, Trahan, Mailhoux, Robert, venus de Saint-Jean-Tracadie, Sorel, Verchères, Saint-Hyacinthe et d’ailleurs. Pour égoutter ces terres basses, on a été obligé de construire de longs et larges canaux. Le niveau du sol étant plus bas que celui du lac Ste-Claire, il a fallu faire monter l’eau des canaux inférieurs aux canaux supérieurs. Ces énormes travaux furent une bénédiction pour la betterave à sucre.

En effet, la betterave exige un sol profond, frais, sans être humide. Les terres fortes, les bonnes terres à grains, si elles sont bien égouttées, conviennent, de même que les terres où la luzerne et le trèfle poussent bien. L’ameublissement profond du sol est essentiel. Remarquez sur la photo ici-contre la couche de terre arable qui varie entre 8 et 10 pouces (20 et 25 cm).

La herse

Après un labour profond et un hersage bien fait, le sol mérite encore beaucoup de soin. Le producteur de betteraves savait très bien qu’à chaque fois qu’il passait le brise-motte, la herse et le rouleau, il diminuait le travail du sarclage à la main, conservait l’eau du sol et augmentait son rendement. C’était la guerre totale aux mauvaises herbes que ce traitement radical faisait disparaître au bout de quelques années. Le rouleau se voyait utilisé fréquemment. Il était important de bien niveler le sol pour obtenir une levée uniforme.

Semoir

Le semoir ensemence quatre rangées à la fois, distant de 22 pouces (55 cm) les uns des autres. La graine est plantée à une profondeur entre 1 pouce et demi à deux pouces (2.5 à 5 cm). On recommandait de semer 15 livres (6.8 kilos) de semences à l’acre. Cette quantité ne devrait pas vous étonner car il faut se rappeler que la semence de betterave n’a souvent qu’un faible pourcentage de germination. Et qu’un dollar de semences investis de plus pour le producteur, pouvait lui en rapporter quinze à la fin de la récolte. Le fumier restait encore le meilleur engrais pour la betterave à sucre.

Épandage de fertilisant

Comme pour toute culture sarclée cependant, il fallait un fumier bien décomposé pour faciliter le contrôle des mauvaises herbes. Dans les anciens écrits, on estimait que les engrais chimiques donnaient un excellent rendement. 200 à 300 livres (90 à 136 kilos) à l’acre avec un mélange de 2-8-10, 2-16-6 ou 2-12-6 était généralement une application suffisante. La formule employée (azote-phosphore-potassium) dépendait de la nature su sol et du système de culture établi.

Sarcleuse

Toutefois, on comprend qu’avec les méthodes de culture biologique actuelles, d’autres alternatives peuvent compenser. Ainsi, aussitôt que l’on pouvait distinguer les rangs de betteraves, on passait la sarcleuse mécanique. Les petits plants n’étaient nullement endommagés car la sarcleuse était munie d’un dispositif facilitant la conduite. Les dents et les disques étaient disposés de manière à laisser une bande de sol non remué de 3 à 4 pouces de largeur (7.5 à 10 cm). L’instrument pouvait sarcler entre 5 à 10 acres (0.02 à 0.04 kilomètres carré) par jour.

Par la suite, le rouleau brisait ce qui restait de croûte en foulant le sol et ainsi diminuant l’évaporation de l’eau nécessaire à la croissance des plantes. La pression du rouleau ne détériorait pas les tiges souples mais forçait les racines à prendre un meilleur contact avec le sol. C’était la lutte pour la survie et les meilleurs plants se redressaient plus vigoureux que jamais. Immédiatement avant l’éclaircissage, avait lieu le deuxième sarclage mécanique.

La houe

On savait qu’il était temps d’éclaircir les rangs lorsque les jeunes plants avaient entre quatre et six feuilles d’environ deux pouces (5 cm) de longueur. La houe dont on se servait possédait un manche d’environ 20 à 24 pouces (50 a 55 cm) de longueur. Comme l’homme devait rester penché pour faire son travail, la houe à long manche l’aurait obligé à se lever et à se courber continuellement; ce qui rendait sa besogne plus pénible. L’éclaircissage consistait à enlever la majeure partie des plants superflus. Le démariage consistait à ne laisser qu’un plant à tous les 12 à 14 pouces (30 à 35 cm). L’éclaircissage et le démariage pouvaient se pratiquer en même temps. Un as pouvait faire son acre (4000 mètres carré) dans la journée. Après le démariage, les jeunes plants sont couchés et il ne semblait pas qu’ils pourront reprendre vie.

Éclaircissage et démariage des rangs de betteraves à sucre

Rouleau

Il était toutefois inutile de les relever par un renchaussage car le lendemain ils se seront déjà redressés. Ce qui n’empêchera pas le rouleau de venir une fois de plus les écraser de nouveau contre terre. Ces épreuves de vitalité étaient nécessaires au développement d’une racine forte et robuste. On sarclait et roulait chaque fois que les mauvaises herbes apparaissaient ou que la croûte de la terre se fendillait.

Sarcleuse modifiée

À mesure que les plants se développent, la sarcleuse devait être modifiée. On enlevait les disques, la forme et la disposition des dents étaient changés de manière à favoriser la croissance des racines. On recommandait de faire au moins cinq sarclages. La sarcleuse n’enlevait pas les mauvaises herbes sur les rangs même. Le sarclage à la main devenait donc nécessaire. Vers la mi-juillet, la famille se donnait rendez-vous dans le champ.

Racines de betteraves

Par ailleurs, puisqu’il est reconnu depuis belle lurette que la betterave améliore le sol, la cultiver c’était augmenter les autres récoltes. La betterave venait en tête de la rotation de la plupart des assolements. La racine de la betterave améliorait le sol en pénétrant parfois jusqu’à plus de six pieds (180 cm) de profondeur. Elle y puise dans le sous-sol l’eau et la nourriture nécessaire là où les autres plantes à racines superficielles sont incapables de s’approvisionner. Après l’arrachage, les bouts de racines se décomposent, enrichissent le sol en humus et favorise l’aération des couches profondes. Les céréales profitent beaucoup des conditions du sol après la culture de la betterave. Dans la région où on l’a pratiqué, les statistiques démontraient que le rendement des céréales étaient de 50 à 100% meilleur que dans les autres régions. Les rendements de 60 à 70 minots (2340 à 2730 litre) à l’acre n’étaient pas rares à Pain Court. La luzerne aidait beaucoup à maintenir la fertilité là où le fumier de ferme ne pouvait suffire. La culture de la betterave allait de paire avec industrie laitière. Les feuilles, la pulpe, les collets et les mélasses étaient une nourriture excellente pour les bestiaux. Il fallait avoir soin d’en servir au vache qu’après la traite, jamais avant, pour que la saveur du lait ne soit pas changée. L’élevage des animaux de boucherie devenait aussi moins coûteux lorsqu’on avait ces déchets pour les engraisser.

L’arracheuse

À la fin de septembre, le temps était idéal pour le temps de la récolte. Les feuilles basses déjà jaunies montraient un premier signe de maturité. L’analyse sur le champ devait révéler une teneur en sucre de la racine dépassant 15%. Avec la venue de la nouvelle machinerie mécanique, récolter la racine n’était plus le travail pénible d’autrefois. L’arracheuse mécanique faisait en quelques heures ce qu’un homme aurait fait en quelques jours. La conduite de l’arracheuse mécanique soulevait les racines si facilement que les chevaux pouvaient marcher aisément sans fatigue. 4 et 5 acres d’arrachage se faisaient par jour sans effort. Dans les terres fortes, deux disques étaient ajoutés à l’instrument pour faciliter le travail. Il arrivait que les mottes adhèrent si fortement à la betterave qu’il fallait passer la herse pour dégager les racines.

Couteau à décolletage

À cette étape, voici venu le temps du « décolletage » des betteraves.  Muni d’un large couteau dont la pointe se termine par un crampon, on pique la betterave adroitement pour la ramasser. On la saisi dans sa main gauche et on la tranche à la base du collet; quant on est pas gaucher, bien entendu. La faucille faisait aussi un bon couteau de décolletage.

En effet, il ne fallait pas juste couper les feuilles mais tout le collet. Le collet (la partir verte) n’est pas riche en sucre et s’il n’était pas convenablement enlevé, le producteur voyait le pourcentage en sucre de sa récolte s’abaisser; diminuant par le fait même le prix payé par la fabrique.

Écimage de la betterave à sucre avant son expédition à la fabrique

Une autre méthode consistait à prendre deux rangs à la fois. On ramassait une betterave à droite, l’autre à gauche. On les choquait ensemble afin de dégager la terre adhérente pour ensuite les jeter en tas. C’est à côté de celui-ci qu’on laissait de côté les feuilles après le décolletage, tandis que les racines étaient lancées sur un tas central pour faciliter le chargement. On pouvait produire jusqu’à 20 tonnes à l’arpent. Si les betteraves n’étaient pas transportées à la fabrique immédiatement, il fallait recouvrir les tas avec les feuilles afin de prévenir les pertes occasionnées par les intempéries.

Les betteraves se voyaient finalement chargées dans un wagon au moyen d’une fourche dont les dents sont arrondies au bout pour ne pas piquer les racines. C’était en tout, 225 000 tonnes par année qui étaient raffinées dans la région de Chatham. Toute une époque!

Ramassage des betteraves à sucre à la main avec une fourche arrondie (Pain Court, 1942)

Chargement de la betterave à sucre avec un convoyeur (Pain Court, 1942)

La pomme St-Hilaire

11 lundi Juin 2018

Posted by Michel in Fruits du Québec, Vieux trucs de jardinier

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Pomme Saint-Hilaire

Ah! les anciennes pommes québécoises! Il y en a tellement dans l’histoire de notre patrimoine agricole qu’elles occuperaient plusieurs articles. Pour éviter une certaine redondance et une lassitude pour vous lectrices et lecteurs, je distance mes écrits sur le sujet.

Surnommée aussi « Cabane du Chien », « Fameuse Baldwin » ou simplement « Hilaire », le rapport du Montreal Agricultural and Horticultural Society de janvier 1847, retrace l’arbre originel au verger d’Alexis Déry (1789-1858) situé à Mont-Saint-Hilaire en Montérégie. Tué par les chenilles aux environs de 1822, on l’avait déjà propagé de façon limitée pendant de nombreuses années en observant sa tendance à produire un fruit dont la saveur s’intensifiait en fin de saison. Créé à partir de pépins de la « Fameuse« , cette variété devrait justement s’utiliser là où cette dernière produit mal.

Par ailleurs, on retrouve sa trace dans plusieurs anciens écrits tels, par exemple, le mensuel de la « Pomologie française » publié par la Société de pomologique de France en 1912. On qualifie l’arbre comme produisant des fruits de formats gros à moyen, globuleux, plus ou moins aplatis et irréguliers. La peau mince, tendre, lisse, jaune pâle ou blanchâtre est presque entièrement couverte d’une beau rouge, qui elle, est recouverte d’une pruine peu visible. La chair, quant à elle, aura une couleur blanchâtre, parfois teintée de rouge et elle sera aussi juteuse, croquante, tendre, incluant une texture fine. Les écrits scientifiques décrivent sa saveur comme « vive, sub-acide » et sa capacité d’entreposage de « bonne à très bonne », soit jusqu’en janvier. On qualifie finalement le pommier quant à lui de « rustique, grand, vigoureux et produisant abondamment une année sur deux ».

SAVIEZ-VOUS QUE?: Dans la tradition orale, on entend de temps à autre de vieux pommiculteurs parler qu’au moment de planter leurs jeunes pommiers, ils disposaient une dalle ou quelque chose de plat (ex: une pierre) sous les racines de l’arbre. Ce stratégème obligeait les racines à contourner l’objet en se frayant un passage au ras du sol, là où se trouve la matière organique plus abondante plutôt qu’en profondeur. Les racines s’étallaient ainsi à l’horizontale plutôt qu’à la verticale. En ingérant davantage de matières organiques, l’arbre se fortifiait, donc plus résistant. Par la même occasion, cet apport d’énergie se transmettait aux fruits. Un truc simple mais efficace.

La couche chaude, tiède et froide

17 samedi Fév 2018

Posted by Michel in Outils de références, Vieux trucs de jardinier

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Un gros article qu’on vous propose cette semaine. En cette période de semis intérieurs (entre février et avril), nous oublions trop souvent les commodités dont nous disposons aujourd’hui à la maison. Vous comprendrez qu’avant l’électrification, il s’avérait très difficile pour les agriculteurs de faire des semis intérieures entre mars et mai. Lorsqu’on habite une région très froide comme le Québec, les cultivateurs devaient user d’imagination pour produire des fruits et légumes variés possédant de longues périodes végétatives. Ils utilisaient alors des stratagèmes ingénieux nommés couches « chaudes », « tièdes » et « froides » employées déjà depuis belles lurettes en Europe et adaptées ici à nos saisons. Grâce à un ancien documentaire de 1942 du Ministère de l’agriculture du Québec, nous avons pu retrouver les étapes exactes de ces anciennes techniques agricoles et aussi, leurs petits secrets. Et, photos à l’appui, certains de ces trucs gagneraient, encore de nos jours, à s’intégrer dans une culture dite biologique. Nous vous proposons donc cette semaine, en trois parties, les étapes de leur confection.

Photo 1: Enlèvement de la neige jusqu’au sol gelé.

Par exemple, à Sainte-Anne de la Pocatière, c’est en avril, qu’on forçait la nature à produire par le biais des couches chaudes. Les fermiers choisissaient pour cela un endroit bien protégé des vents dominants. Ici, la montagne offrait un endroit magnifique. La neige est enlevée jusqu’à la terre gelée mais elle aura tôt fait de dégeler sous l’action du soleil et du fumier chauffant (voir photo 1). Pour les couches chaudes, on utilisait, de préférence, du fumier de cheval parce qu’il chauffe bien et produit une chaleur uniforme pendant plusieurs semaines. On le déposait en tas près de la couche à élever. Le fumier est la litière des bestiaux mélangée à leurs fientes. Un bon fumier pour couche chaude doit contenir deux parties de paille pour une partie de crottin.

Photo 2: Calcul du contour de la couche.

De plus, cette paille doit avoir séjourné sous les chevaux pendant au moins 24 heures afin d’être imprégnée de purin. S’il y a trop de crotin, on doit prendre soin de le mêler à du fumier plus pailleux. S’il y a trop de purin, la meilleure façon de l’utiliser est de le mélanger à de la paille plus sèche. Quant au fumier pourri, il doit être mis de côté. On s’en servira seulement pour entourer les couches. Puis, on installe temporairement le cadre en place afin de déterminer la superficie de la couche à monter. Comme la meule de fumier devra dépasser le cadre d’un pied et demi à deux pieds tout autour, on prend les mesures en conséquences et on place les piquets aux quatre coins.

Photo 3: Distance prévue pour le fumier autour de la couche.

Pour étendre le fumier, une méthode consiste à le déposer par fourchée, tassée les unes contre les autres, en lit de 5 à 6 pouces d’épaisseur et en prenant bien soin de ne pas laisser de trous. Mais le montage de la meule sera plus uniforme si chaque fourchée est étendue. Remarquez sur la photo 4 que la meule est à quelques distances de la neige. Sur les bords, c’est très bien de piétiner le fumier pour le fouler.

Photo 4: Étapes d’étalement du fumier.

Photo 5: Compactage des bords de la couche.

Sur le centre de la couche cependant, on se contentera de la pelle car le fumier devra y être légèrement tassé. S’il est trop tassé, il mettra plus de temps à chauffer. Ensuite, il chauffera trop vite. Au contraire, insuffisamment tassé, la couche s’affaissera plus tard par le milieu.

Photo 6: Tapage pour égaliser

Ceci nous donne une surface bien plane et il n’y aura pas un brin de paille qui sera mélangé plus tard au terreau; ce qui favoriserait la pousse des champignons. Le cadre est posé définitivement. Il mesurera 16 pouces de hauteur à l’arrière et 12 pouces à l’avant; ce qui donne aux châssis une inclinaison de 4 pouces. Un cadre démontable quant il est bien construit est aussi facile à assembler qu’il se remise commodément lorsqu’il sera serré. Il est très important que le cadre soit bien appliqué sur la meule et touche tout le tour.

Photo 7: Installation du cadrage et élimination des fuites d’air.

C’est pourquoi après avoir marché dessus, on ajoute un peu de fumier tout le tour pour calfeutrer. Lorsqu’il y a un trou, bouchez-le soigneusement. On pose ensuite les traverses dont les extrémités en queues d’aronde maintiennent l’écartement des deux côtés. Les traverses doivent être suffisamment fortes pour supporter les travailleurs. Vous savez que les côtés doivent dépasser le cadre d’un pied et demi à deux pieds tout le tour. Cet excédent constitue le « réchaud » et il est fait avec les restants de fumiers qu’on a ramassé autour de la meule nouvellement montée. Et voilà pour le montage de la meule de fumier. Le terreau maintenant.

Photo 8: Pose des traverses.

Photo 9: Mise du terreau.

Le terreau est cette terre de construction artificielle qui est riche en élément nutritif. Elle est poreuse, légère et gonflée par l’action du gel à l’hiver. Il s’obtient en mélangeant par partie égale de la terre sablonneuse, de la terre noire et du fumier bien pourri. Pour être bien pourri, ce fumier doit être vieux de 18 à 24 mois. On en met une épaisseur de 6 pouces puis on pose les châssis et on attend de 4 à 8 jours avant de semer ou de planter. Ajoutons qu’on utilise pour le châssis de la vitre semi double.

Photo 10: Pose des châssis.

Photo 11: Exemples de châssis.

En effet, le verre double est trop épais tandis que le verre simple est trop fragile et conserve moins la chaleur. À remarquer que les vitres sont posées comme des bardeaux, c’est-à-dire que la vitre supérieure superpose la vitre inférieure pour permettre l’écoulement facile de l’eau tout en restant étanche.

Plus la saison avance, moins les couches ont besoin de chaleur. Au début, la meule de fumier devait avoir entre 15 et 18 pouces d’épaisseur mais plus tard, 10 à 12 pouces suffiront. En mai, on ne met plus que 6 à 9 pouces. Les couches se nomment alors « couches tièdes » ou « semi chaudes ». À la fin, on nettoie les environ et les côtés sont peignés. Avec tous ces restants de fumier, on fait le « réchaud ». Notez bien que le lit de terreau doit avoir invariablement 6 pouces d’épaisseur. Vous ai-je dit que les couches doivent être orientées est-ouest pour faire face au midi?

Photo 12: Finition des contours extérieurs de la couche chaude.

Photo 13: Enrichissement du terreau.

Et voilà, dans 4 à 8 jours, tout sera prêt pour le semis. Il est bien entendu qu’on doit attendre une journée chaude avant de travailler dans les couches. En 1940, on conseillait d’ajouter un peu d’engrais chimique au terreau, soit deux livres à deux livres et demi de super phosphate par couche. Pour les légumes tels que laitue, céleri, chou-fleur etc, on employait du 4-8-10. Il est évident qu’on suggère aujourd’hui une autre alternative plus écologique. Après avoir enfoui l’engrais chimique, on aplanie le terreau. Certains jardiniers finissent la surface au petit râteau mais il est préférable d’utiliser la planche car lors des arrosages, l’eau aura moins de chances de se creuser des sillons.

Photo 14: Semis manuels.

On repose les traverses qui avaient été enlevées pour le travail du terreau. Voici sur la photographie (numéro X) le gabarit qu’on utilise pour tracer des sillons bien droits. Une bonne méthode pour faire des sillons larges mais peu profonds.

Photo 15: Identification des futurs plants.

En effet, il faut une certaine largeur, si on veut que la graine s’éparpille bien. Mais le bon jardinier a des doigts et il s’en sert à propos (voir photo 14). Le jardinier n’a qu’à secouer son sachet de graines pour obtenir une distribution uniforme des graines sur une largeur d’un pouce environ. Pour enterrer, enfouir à profondeur et à distance égale, les graines lèveront uniformément. Immédiatement après le semis, il faut étiqueter. On inscrira sur la planchette le nom du légume, sa variété avec la date. Puis, on foule légèrement le terrain, on « plombe » comme le veut l’expression consacrée afin que chaque grain soit en contact avec le sol humide et germe plus rapidement. Voici, sur la photo 16, deux manières de « plomber », dont une pour ménager son dos.

Photo 16: Plombage des semis.

Photo 17: Aération des couches.

Rendu à cette étape, on se doit de traiter du triple problème de l’humidité, de la chaleur et de l’air nécessaire à la germination. Il est indubitable que les couches chaudes, dès la seconde journée de montage, ont un grand besoin de ventilation. Voici les crémaillères utilisées à cette fin (voir photo 17). Il faut ouvrir du côté opposé aux vents et faire en sorte que l’air froid ne frappe directement les plants. On commence par une très petite ouverture, pour ouvrir de plus en plus au fur et à mesure que la température extérieure se réchauffe. Un peu plus tard dans la saison, on ira jusqu’à enlever complètement les châssis pour quelques heures d’abord puis toute la journée et jusque dans la nuit si elle ne s’annonce pas trop fraîche. Souvenez-vous qu’un excès de chaleur serait tout aussi dommageable que le froid. Les couches ont besoin d’une constance surveillance.

Photo 18: Transplantation des pousses.

Par ailleurs, tous les légumes semés de bonne heure doivent être repiqués si on veut en faire des plants robustes. Une nouvelle couche est préparée à cette fin. Le terreau en est nivelé et la place des plantes marquées d’avance. Les plants sont très délicatement arrachés et conservés tout le temps à l’ombre pour qu’ils ne sèchent pas trop vite. La petite boîte renversée fait un bon parasol pendant la plantation (voir photo 18). Savez-vous planter des tomates à la manière des années 40? On les plantes avec le doigt. Mais pour cela, il faut que le terreau soit très très meuble car on s’expose à briser les jeunes racines toujours fragiles à l’excès. On peut aussi planter avec deux doigts. C’est la meilleure manière d’obtenir une plantation à hauteur égale sans risquer de briser la tige ou les racines. Mais il faut prendre garde de ne pas presser trop fortement le terreau contre les racines.

Photo 19: Division des couches pour la transplantation.

Photo 20: Protection lors des trop-plein de soleil

Après la plantation, quant le soleil est ardent, il est nécessaire d’en tamiser les rayons en recouvrant les couches de cotonnades. On peut également utiliser à cette fin recouvrir de veilles toiles cousues ensemble. Le moyen le plus simple est d’éparpiller de la paille sur les châssis. Il ne fait pas oublier que les mauvaises herbes poussent très bien en couche chaude. L’ivraie sera arrachée et jetée au feu. Des arrosages seront également nécessaires. Il vaut mieux arroser copieusement et moins souvent que très peu et plus souvent et cela, en tenant compte des besoins en eau des jeunes plants. Quand la saison est assez avancée, les couches n’ont plus besoin de fumier chauffant. On les appelle « couches froides ». Voici comment procéder pour confectionner les couches froides.

Photo 21: Arrosage des plants.

Photo 22: Couches froides

Le sol est à peine dégelé. On lui fait une application d’engrais puis, on le bêche. On installe ensuite le cadre. vous ai-je dit que la couche froide se montait sans fumier chauffant? Cela ne veut pas dire sans fumier du tout. Il en faut quand même un peu pour butter le cadre tout le tour et empêcher l’infiltration d’air par-dessus. 4 ou 5 jours après le posage des châssis, la terre sera suffisamment réchauffée. On y tracera des rangs et on plantera.

Photo 23: Division et plantation.

Pour économiser de l’espace, les jardiniers font ce qu’ils appellent de la « culture intercalaire ». C’est ainsi qu’entre les rangées de laitues, on plante des choux entre des rangées de céleris, d’oignons, etc. Lorsque les châssis de couche se font rares à la fin du printemps, on peut encore utiliser des panneaux de bois pour couvrir durant les nuits fraîches certains légumes rustiques en couches froides.

Photo 24: Production intercalaire.

 

Voici donc, comment les maraîchers parvenaient à cultiver en primeur des légumes les plus variés. Avec la motorisation des instruments aratoires et les moyens de transport, le fumier de cheval se fit de plus en plus rare. Aussi, pour remplacer le fumier chauffant, a-t-on eu recours à l’électricité pour obtenir de la chaleur. Selon le magazine, Le Bulletin des Agriculteurs d’avril 1939, les premières couches chaudes électriques ont été créé en Suède vers 1922 avant de prendre leur véritable essor dans l’ensemble de la belle province vers le début des années 1940. Elles assurèrent pendant encore de nombreuses années une transition avant l’arrivée des serres modernes. Il est ahurissant de constater la somme colossale de travail humaine exigée par un tel procédé comme on peut le voir sur cette photo ici-bas.

Vues des quartiers ruraux de Montréal et de l’île Jésus en juin 1950 à Saint-Léonard-de-Port-Maurice (devenu le quartier Saint-Léonard à Montréal (photo: Joseph Guibord)

Pour en savoir davantage sur ce type de construction, consultez l’ouvrage de mars 1934 du Ministère de l’agriculture de la province de Québec intitulé « Serres, couches et abris ». Et pour les « patenteux », Larry Hodgson vous propose quelques méthodes toutes simples et économiques pour vous en fabriquer.

Gagnant de notre concours de fin d’année 2017

13 samedi Jan 2018

Posted by Michel in Vieux trucs de jardinier

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2018 a déjà fait un chanceux du nom de Bernard Rivest. Il se mérite des semences super rares du premier poivron canadien Vinedale en ayant participé à notre concours de fin d’année 2017. Félicitations! Pour celles et ceux qui souhaiteraient essayer cette variété, elle se retrouve dans notre section « pour commander » en nouveauté 2018. Vous avez été nombreux à envoyer votre réponse et je vous remercie beaucoup pour les bons mots inclus avec. Je les lis tous et ils me touchent beaucoup. Vous avez été aussi plusieurs à choisir le pâtisson comme étant la bonne réponse à notre question portant sur l’identification de la courge « pepo » parmi les quatre choix proposés (voir image ci-contre en bas à gauche). Et il y avait un truc….

En effet, si jamais vous songez à vous lancer dans la production de semences de courge, il est très important de ne pas les croiser entre elles. Vous pourriez au moins vous servir de ces indices pour déterminer la famille en vous basant sur la tige.

De fait, la C. maxima affiche un pédoncule cylindrique, non côtelé et tendre (voir ici-bas).

Courge Maxima Hubbard-Baby-Blue (image: promessedefleurs.com)

La C. pepo sera quant à elle composée de cinq à huit côtes bien marqués. La tige sera aussi dure et fibreuse au toucher comme notre exemple suggéré.

Courge pepo pâtisson blanc

La C. moschata aura des bords côtelés et la base s’épaissit au contact du fruit.

Courge moschata futsu black (image: la ferme de Ste-Marthe)

Le pedoncule de la C. argyrosperma sera, quant à elle, épaisse et robuste.

Courge argyrosperma Tennessee Sweet potato

Finalement, la C. ficifolia se verra mince et anguleuse.

courge ficifolia (variété inconnue) image: jardinage.ooreka.fr

Charles Naudin (image: Manuel de l’acclimateur, 1887)

Évidemment, d’autres indices peuvent nous mettre sur la piste tels la grosseur, la forme du fruit et l’apparence des feuilles ou des vrilles. Il en existe des milliers de cultivars.

Quoi qu’il en soit, on doit la classification des courges Cucurbitas au naturalisme (biologiste et botaniste) français Charles Naudin (1815-1899) qui, dans les années 1850, parvint à mettre de l’ordre dans ce chaos. Ainsi, une courge C. maxima se nomme un potiron; une C. pepo, une citrouille, la C. moshata, une courge musquée, la C. ficifolia, une courge siam et la C. argyrosperma, une courge mexicaine.

Le tabac jaune du Québec

22 mercredi Nov 2017

Posted by Michel in Outils de références, Vieux trucs de jardinier

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Le tabac se cultive depuis des temps immémoriaux même ici au Québec. Aux temps où la culture amérindienne dominait, les hommes s’occupaient de cette plante sacrée comme nourriture de l’esprit comparativement aux femmes qui elles, plantaient et récoltaient la nourriture du corps. Il en existait de très anciennes variétés locales maintenant disparues. Vers la fin du 18e siècle, le gouvernement voyant une possible source de revenu pour les agriculteurs canadiens, aida l’industrie à identifier et sélectionner des cultivars répondant mieux aux contraintes climatiques nordiques.

Marché Bonsecours 19XX (image: collection Michel Bazinet)

Aux 18e et 19e siècle, les meilleurs tabacs poussaient dans les Antilles Françaises, les Caraïbes et aux États-Unis (Virginie, Caroline du Nord, Dakota, etc.) où l’histoire nous ramène jusqu’à la période esclavagiste de nos voisins du sud. Pour rivaliser avec ces régions reconnues depuis longtemps, l’industrie du Haut et du Bas Canada se devait d’améliorer la constance et la qualité de sa production. Au fil des décennies, la région de Joliette devint une plaque tournante notamment avec son « tabac jaune ». Cette appellation faisant référence aux feuilles qui, une fois séchées, devenaient totalement jaunes. Il s’agissait principalement de la variété appelée « Virginie » destinée au tabac à cigarette.

Culture de plants de tabac, Saint-Casimir, Québec, 1916 (?) (source: Musée McCord)

De fait, il existait une foule d’autres cultivars pour l’isage de la pipe, à chiquer ou pour le cigare. Nous avons pu retracer une vidéo détaillée de 1951 (photos à l’appui) tirée d’un documentaire de l’Office provinciale de publicité Ciné-Photo Québec concernant la manière dont on le cultivait dans ces années. Pour des raisons historiques et aussi parce que nous recevons de nombreuses questions concernant la culture de cette plante, nous avons cru pertinent vous en faire la description. Évidemment, ces étapes concernent une pratique commerciale à grande échelle. Vous pouvez vous en inspirer pour votre production domestique.

Stérilisation du sol par vapeur (1951)

Gardez en mémoire qu’on remonte 65 ans en arrière. Certaines techniques n’ont plus cours ou méritent qu’on les remplacent par des moyens plus écologiques. Ces notes se veulent avant tout une retranscription historique.

Pour commencer, dans une serre préparée à cet effet, le sol est stérilisé à la vapeur pour détruire tous les germes et les maladies avant de faire les semis directs. Les semences sont déposées directement sur le sol préparé car elles ont besoin de lumière pour germer et d’une température d’au moins 20 degrés Celsius. Vers le 24 mai, c’est le début officielle de la plantation au champ. Seuls les plants les plus robustes et de hauteur égale sont choisis pour assurer une plantation uniforme. Ils sont ensuite transportés sous un abris pour l’acclimatation. Cette étape se surnomme « l’attaque ».

Sélection des plants uniformes (1951)

Plantation du tabac (1951)

Par la suite, les transplants sont déposés dans des sillons espacés de 22 à 24 pouces en ayant soin d’inclure une tasse d’eau pour chaque plantule. À l’époque, à la brunante, on répandait du  » son empoisonné » pour tuer le vers gris. Cet insecte nocturne attaque le collet de la plante pour le dévorer en coupant la tige net. Cette bestiole se repose durant la journée dans le sable chaud pour s’enfoncer vers la mi-juin dans le sol pour se transformer en pupe durant 3 semaines et devenir un papillon appelé  » fil de fer ». Il existe évidemment aujourd’hui des moyens naturels pour s’y attaquer.

Sarclage du tabac (1951)

Il est donc nécessaire de repiquer de nouveaux plants au fur et à mesure de leur destruction. Il faut sarcler le plus tôt possible pour réchauffer la terre et stimuler la croissance des plants (sur le rang et entre les rangs). Vers la mi-juillet, les plants devenus trop haut, le sarclage se fait à la main. La mosaïque, une autre maladie du tabac, peut être contrôlée par la rotation des cultures. Le ver à tabac, à l’époque, se voyait détruit par l’arrosage de DDT. Il existe aujourd’hui, d’autres méthodes naturelles pour y remédier. Cet arrosage se faisait de manière hebdomadaire.

Écimage du tabac (1951)

À la fin de juillet, c’est l’apparition des boutons floraux. Voici venu le temps de l’écimage. L’écimage permet de transmettre la sève au feuillage. On le fait à la main. L’œil rapide décide où doit être cassé la tige selon la force et la forme du plant. Ça permettra au feuillage de grandir. La récolte débute au début août et dure 6 semaines. Comme les feuilles mûrissent à mesure qu’elles poussent, le cassage commence au pied de la tige. Vers le même temps, se fait l’ébrageonnage. Après l’écimage, des drageons ou rejets se forment au détriment du feuillage. En les enlevant, on augmente la qualité des feuilles et leur maturité. Le deuxième cassage des feuilles se fait 8 jours après le premier en enlevant 2 à 3 feuilles au plant. Mais l’important étant de les choisir de manière uniforme.

1er cassage des feuilles de tabac (1951)

Ébrageonnage des rejets (1951)

Attachage des feuilles de tabac (1951)

D’autre part, près des séchoirs, ce sont les « attacheuses » qui s’appliquent à attacher les feuilles par groupe et les déposer sur les supports. Pour obtenir des feuilles épaisses et bien mûres, le type de sol, la date du semis et la manière de cultiver sont autant de facteurs permettant d’augmenter ou de diminuer la qualité du tabac. Après 4 ou 5 cueillettes, c’est le dernier cassage. Il ne reste que quelques feuilles sur le dessus du plant. Les feuilles sont rangées sur des supports pour le séchage. Seul quelqu’un de très expérimenté peut parvenir à trouver le séchage adéquat. 2 fourneaux au bois ou à l’huile réchauffent les tuyaux à la base du séchoir qui va répandre une chaleur égale à travers les lattes. Lors des 4 à 5 jours de séchage, la température devra être surveillée jour et nuit. Une fois séchée, on étend le tabac. Les feuilles doivent être assez souples pour être entreposées.

Entrée du tabac au séchoir (1951)

Enfouissement des tiges de tabac (1951)

Par ailleurs, il est important de couper les tiges du tabac restées au champ pour les réintroduire dans le sol afin d’y retourner de la matière organique. Semer du seigle tout de suite après cette étape car il aura le temps de pousser jusqu’à l’automne et de se récolter en juillet de l’année suivante. On parcellait ainsi le terrains pour abriter des vents le tabac que le producteur revendait si le prix était bon. Mais la majorité préférait enfouir le seigle à la herse pour ajouter de la matière organique  donnant de la consistance aux terres légères. Cela produira des pousses vigoureuses qui protégera aussi le sol jusqu’au printemps prochain; l’important étant de ne pas laissez le sol dénudé. On y ajoutera 4 à 5 tonnes de fumier à l’argent.

Triage manuelle des feuilles de tabac (1951)

Les brises-vents naturels (épinettes ou pins) complète cet attirail pour aider les terres sablonneuses à reprendre du tonus. Sur la ferme, en octobre, on s’occupe de l’expédition. Les feuilles sont assouplies à là vapeurs. Elles sont triées à savoir, les feuilles trop sèches, brûlées, mortes et surtout celles de qualité. Cette étape se fait par le responsable selon la texture, l’élasticité et les nervures fines. Les balles de 50 à 60 livres chacune portent le sceau du producteur et le numéro de la cueillette.

Finalement, elles étaient envoyées à Joliette à la coopérative de tabac Laurentien pour être classé par des « classeuses ». Il est à noter qu’en 2012, la culture du tabac jaune cessa définitivement au Québec.

Traitement et classage des feuilles de tabac (1951)

Champs intercalés de tabac de seigle (1951)

Saviez-vous que? Le 4 juillet 1931, L’action populaire publiait une note intéressante. Le docteur Lionel Stevenson, auteur du bulletin fédéral « Parasites, animaux qui nuisent aux moutons dans l’est du Canada » suggérait aux éleveurs de leur faire manger du tabac. Dans le but de réduire les malaises intestinaux causés par ces bestioles, il proposait de mélanger une proportion de dix livres de sel pour une livre de feuilles de tabac broyées. En faisant sécher les feuilles de manière qu’elles puissent être broyées en petits morceaux, d’une grosseur comparable à celle du son de blé, la poudre mélangée au sel va former un genre de gâteau que les animaux pourront lécher. Évidemment, pour la première fois, habituer les animaux avec de plus petites quantités deux semaines au préalable. 

Champ de tabac, ferme d’Harmegnie, Chambord, Lac-Saint-Jean (Québec) vers 1906 (source: Musée McCord)

Secrets pour réussir ses plants de tomates

30 jeudi Avr 2015

Posted by Michel in Vieux trucs de jardinier

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Si vous plantez des tomates cette année, le meilleur moment pour effectuer vos semis intérieurs devrait être vers la fin mars ou début avril et ce, si vous compter les repiquer au jardin vers le 15 mai (zone 5). Mais encore là, ça dépend du nombre de jours de maturité de votre variété. Plus elle produira rapidement, plus tardifs seront les semis. Plantez-les donc le plus tard possible. Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est le réputé agronome Roger Doucet. En suivant le lien proposé, vous comprendrez pourquoi cet homme est si significatif.

Tomates Petit moineau

Tomates Petit moineau

En fait, nous aurions bien aimé parler directement avec le principal intéressé mais ce dernier n’accorde plus d’entrevue. Et nous respectons sa décision.

Toutefois, nous pouvons nous fier sur divers écrits (anciens et récents) pour nous guider et avons cru pertinent vous donner « LA » recette des experts, avec un peu de notre cru et de la sagesse de nos aïeux.

Premièrement, faites votre propre composé de terre à semis soit: une partie de compost (ex: crevette), une partie de mousse de tourbe et une partie de vermiculite. On tient cette recette de Monsieur Yves Gagnon des Jardins du Grand Portage lors d’une de ses conférences il y a 15 ans à Sorel. Bien humecter. N’utilisez en aucun cas les pastilles de tourbe compressées vendues en magasin. Pourquoi? Les petites racines ont trop de difficulté à traverser la couche de terre et ça nuit à leur croissance. La germination exigera deux choses: chaleur et humidité. Installez vos semis recouverts d’une pellicule plastique (ex: Saran wrap) ou d’un couvercle transparent au dessus d’une source de chaleur (ex: calorifère) pour créer un effet de serre. Une graine devrait germer habituellement entre 5 et 10 jours. Dès l’apparition des premiers germes, enlevez le plastique pour éviter le surplus d’humidité et l’apparition de maladies comme la fonte des semis.

Pour notre part, on les installe sous les fluorescents à large spectre qu’on retrouve chez presque tous les quincaillers (ex: Gro-lux) favorisant la croissance des plantes. Avec une minuterie programmable, vous n’aurez plus peur d’oublier d’allumer ou d’éteindre et vos plants se gorgeront des 14 heures d’ensoleillement nécessaires. Juste besoin d’arroser. Pour ceux ne pouvant se permettre un telle installation, les rebords de fenêtres les plus ensoleillés feront l’affaire. Nos arrières grands-parents se sont accommodés pendant des décennies de ce genre d’installation… Pourquoi pas nous?

Tomates Plourde

Tomates Plourde

Deuxièmement, faites votre second terreau de croissance selon la recette suivante: Deux partie de compost pour une partie de vermiculite et une partie de mousse de tourbe; une autre recette de Monsieur Gagnon. On garde nos classiques. Encore bien humecter. Transplanter vos jeunes plants ayant déjà 1 ou 2 vraies feuilles dans des pots individuels (entre 8 et 10 centimètres de côté). Il sera important d’enfouir la tige au moins à la moitié du plant.

En effet, la tomate à la particularité de développer des racines tout le long de sa tige si celle-ci est enterrée. Ça donne davantage de force au plant. Et par la suite, c’est là le réel secret: la température.

De fait, Monsieur Doucet suggère une température idéale de 15 degrés durant la journée et de 10 degrés la nuit. Il estime même qu’arrivé à une grosseur de la taille d’un crayon (entre 5 et 6 semaines après la levées des semis) et ce, pour renforcer encore davantage le plant de tomate on peut abaisser jusqu’à 2 degrés. BRRRR! Le résultat devrait engendrer un feuillage plus vert, des plants plus trapus et des feuilles plus grandes.

Troisièmement, la dernière semaine avant de repiquer en terre, on stoppe le chauffage et l’arrosage. Ça oblige la plante à développer encore davantage sa résistance. Pauvre elle! On s’acharne.

Tomate Quebec #13

Tomate Quebec #13

Par contre, si vous voyez votre plante dépérir, n’attendez pas et arrosez-là. Quand même, on est pas fou à ce point-là.

Quatrièmement, au moment de la transplantation au potager (par temps nuageux SVP), faite un bon trou. Mettez-y deux bonnes pelletées de raisins secs…. oup! Pardon!… de compost au fond de la fosse et arrosez jusqu’au moment ou l’eau ne s’absorbe plus. En sortant le plant du pot, enfouissez encore une fois la moitié de la tige dans la terre. Au pire, si elle est trop longue, couchez la tige. Ça stimulera encore davantage la formation de racines secondaires. Et plus de racines veut dire plus d’éléments nutritifs… Qui veut dire plus de résistance aux maladies… Qui veut dire de meilleurs fruits… Qui veut dire que c’est bon pour vous. Je crois que vous comprenez le principe. Après, stopper l’arrosage pendant 3 à 4 jours.

Plant de tomate Ledoux spécial

Plant de tomate Ledoux spécial

De notre côté, parce qu’on habite une région venteuse, on place sur le jeune plant un seau dans lequel on aura enlevé le fond. Nos « vieux » voisins quant à eux récupèrent des grosses boîtes de conserves l’hiver (ex: tomates broyées ou en morceaux) et leur enlèvent les deux extrémités et font la même chose. On installe deux piquets pour stabiliser le tout pour environs 3 semaines, soit le temps nécessaire pour que le plant s’enracine comme il faut.

Finalement, on enlève le seau, on garde un tuteur et paillons la base. La paille aura l’avantage de diminuer l’évaporation de l’eau, amoindrir l’impact de la pluie sur la terre lors de fortes pluies, freiner la mauvaise herbe et limiter le contact du fruit avec le sol s’il tombait; augmentant sa durée avant qu’il pourrisse.

Plantation de tomates au printemps (date et auteur inconnus)

Plantation autrefois de tomates au printemps (date et auteur inconnus)

Il est intéressant de noter que Monsieur Doucet observe qu’un plant devrait être exposé au plein soleil mais qu’une tomate, pour qu’elle soit plus goûteuse aurait avantage à pousser à l’ombre du feuillage. Cela aurait même l’effet de produire des semences ayant un taux de germination augmentée. Y’a pas à dire, c’est toute qu’une science la production de tomates. Vive l’expérience de nos ancêtres.

VOUS AVEZ VOUS AUSSI DES TRUCS DE GRAND-MÈRE SUR LA PLANTATION DES TOMATES, ON VOUS ENCOURAGE À LES ECRIRE DANS LA SECTION COMMENTAIRE DE CET ARTICLE. MERCI DE LES PARTAGER AVEC D’AUTRES PASSIONNÉS !

Vieux trucs de jardinier (1): Des carottes qui germent plus vite

03 vendredi Fév 2012

Posted by Michel in Vieux trucs de jardinier

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Levée de carottes (source:www.fairesonjardin.fr)

En scrutant d’anciens livres et en parlant avec des jardiniers séniors, il nous arrive de temps à autre de dénicher d’anciens conseils ou de recevoir des confidences sur toutes sortes de trucs pour accroître ses bons résultats au potager. L’expérience passée a tendance à se perdre et nous fait commettre les mêmes erreurs que nos ancêtres. C’est pourquoi, il nous est apparu important de remettre en lumière ces anciennes méthodes afin que ce savoir demeure vivant dans nos mémoires.

Dans les mois à venir, nous vous en citerons plusieurs glanés ça et là au fil des rencontres et des découvertes. Nous les incorporerons dans un nouvelle catégorie intitulée: Vieux trucs de jardinier. Profitez-en!

Pour débuter, nous avons  tiré du livre de 1885, Le verger, le potager et le parterre au Québec, une citation de son auteur l’Abbé L. Provancher sur la manière dont il donnait du pep à la germination de ses carottes.

En effet, à l’époque il estimait entre 20 et 25 jours le délai requis avant les premières pousses. Aujourd’hui, de nombreux anciens cultivars « plus récents » produisent plus rapidement mais la technique vaut encore la peine de s’y arrêter. Il faut dire aussi qu’à l’époque, il était courant de lancer les graines à la volée et qu’il était facile de perdre les pousses parmis les mauvaises herbes. Pour diminuer la période de germination, il suggère::

Pour hâter sa levée, on la (en parlant de la graine) fait tremper dans de l’eau tiède et on la roule ensuite dans du plâtre ou de la cendre; de cette manière elle pourra se monter avant que les mauvaises herbes prennent le dessus sur elle.

Cependant, l’histoire ne nous dit pas de combien de temps cette manière de faire accélère le processus de germination. Faites-le nous savoir.

Vous possédez, vous aussi d’anciens trucs et souhaitez les partagez, n’hésitez pas à nous les écrire via vos commentaires. Et merci d’avance aux noms des lecteurs. Bonne fin de semaine!

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