Je peux me vanter de posséder encore la première version du livre de Yves Gagnon intitulé « Introduction au jardinage écologique ». Éditée en 1984, on est loin des belles publications modernes avec images et pages glacées mais outre l’aspect visuel, le contenu intéresse davantage.
En effet, déjà il exposait ses observations et expérimentations vécues depuis son adolescence au sujet de la santé du sol et des plantes, la planification du potager, la pratique du jardinage et finalement la conservation des aliments. Il y allait même de commentaires incisifs destinés au monde de l’agroalimentaires et de leurs conséquences sur notre santé et l’environnement. Avant d’écrire sur une personne significative dans le monde de l’horticulture ou de l’agriculture, je m’intéresse au déclic ayant produit l’étincelle qui allait la propulser vers son chemin de vie, sa vocation. La prise de conscience de Yves Gagnon ressemble tellement à celle qu’on vit collectivement aujourd’hui; un visionnaire pour l’époque. Je vous écris un passage de cet éveil tiré de l’ouvrage. L’histoire remonte aux années 1950 après qu’il ait travaillé (des semences à la récolte) dans une ferme de fruits et légumes en Colombie-Britannique pendant 5 saisons. Il fût ainsi un témoin privilégié des changements à venir. Il décrit:
… à cette époque, les producteurs n’avaient pas beaucoup de problèmes avec les insectes, l’équilibre écologique était intact et dès que se manifestait une épidémie d’insectes, la plupart du temps, des prédateurs apparaissaient comme par magie,l’enrayant rapidement. Tous les étés, se tissaient des cocons de chenilles dans les branches de certains arbres. La situation n’était jamais dramatique mais le cultivateur devait couper ces branches et les brûler.
Un jour, un agent vendeur de produits chimiques vint voir les cultivateurs et leur proposa de sauver du temps en vaporisant un insecticidedans les arbres pour tuer les chenilles. Comme les cultivateurs devaient passer quatre à cinq jours par été dans les vergers à couper les branches infestées, la proposition de l’agent leur sourit; ils achetèrent le produit suggéré et le vaporisèrent dans leurs vergers. Comme par magie, les chenilles moururent…. ainsi que d’autres insectes … et des oiseaux.
Quelques années passèrent et le scénario se répéta jusqu’à ce qu’une variété d’insectes commence à se développer très rapidement; ces insectes faisaient beaucoup de tort aux nouvelles pousses. Notre agent de produits chimiques revint avec un autre produit qui enraya immédiatement le problème. Le temps passa… et un papillon devint très résistant à ce nouvel insecticide;il abimait les pommes. On dut augmenter les doses de poison et accentuer les fréquences de vaporisation. À cette époque, on commençait déjà à utiliser les engrais chimiques afin d’augmenter la production. Avec les années, comme le sol s’appauvrissait, les arbres s’affaiblirent et devinrent malades.
On introduisit alors les fongicides, puis les herbicides, d’autres insecticides et puis finalement des hormones de tous genres. Aujourd’hui, certains vaporisent leurs vergers plus de 30 fois avec au moins 10 produits différents. Mais les arbres s’en portent-ils mieux? La réponse bien sûr est négative! Les arbres sont tous malades; leurs feuilles sont jaunâtres en plein été; les pommes sont fragiles et les insectes de plus en plus nombreux et résistants. Où cela nous mènera-t-il?
37 ans plus tard… Où cela nous a-t-il mené? Ça ne vous rappelle pas l’histoire récente de l’agronome lanceur d’alertes Louis Robert? Ce qui me renverse dans cette publication consiste aux thèmes qui font encore davantage de sens aujourd’hui tels l’agriculture intensive sur petites surfaces, les amendements, le séchage naturel, la culture biologique, etc. Y’a pas à dire, beaucoup de réponses à nos problèmes agricoles actuels peuvent encore s’inspirer des anciens écrits.
Exemples du contenu du livre de Yves Gagnon « Introduction au jardinage écologique ».
Vous aimeriez connaître un peu mieux l’homme? Voici ici-bas un reportage du 28 novembre 2020 d’environ 10 minutes à l’émission « La semaine verte ». Vous entendrez les propos de l’un des semenciers québécois précurseur de la sauvegarde du patrimoine génétique et de la culture biodiversifiée au Québec. C’est à lui qu’on doit notamment le sauvetage de la tomate Savignac.
Pour des versions plus récentes de ses oeuvres, consultez son site Internet. Sachez que je n’ai reçu aucun montant d’argent ni faveur pour cette suggestion.
Cloches et paillassons, Bobigny (France) date inconnue
L’automne sonne à nos portes et ça m’amène à vous entretenir d’une technique ancestrale pour allonger la saison de culture. Encore utilisées de nos jours par les jardiniers amateurs, surtout européens, il n’y a malheureusement aucun historique concernant les cloches de jardin en agriculture au Québec ou pas que je connaisse. Laissez-moi vos commentaires si je me trompe.
Inventées en France depuis le début du 17e siècle grâce à l’apparition des premières usines de verre, elles ont influencé nos fameuses couches chaudes, tièdes et froides dans notre belle province. Fabriquées par milliers, leurs principaux inconvénients consistaient à l’espace de stockage exigé, la manipulation importante, leur lourdeur, fragilité et évidemment le coût. Anciennement, le verre coûtait très cher à importer. Seuls les artisans arrivaient à reproduire ces formes élégantes et la production à la chaîne n’a jamais fonctionné faute de réels processus de fabrication fiables. Le transport des vitres se faisait par bateaux à l’intérieur de tonneaux remplis de mélasse; celle-ci faisant office de matière anti-choc et anti-grafignure. Une fois arrivées à bon port, on nettoyait les vitres et on récupérerait la mélasse. On faisait ainsi d’une pierre deux coups. Ingénieux! Ce processus n’était pas possible pour ces jolis objets à moins d’un emballage adéquat. Cela en faisait donc des objets de luxe pour nos ancêtres.
Cloche de verre pour melon du 19e siècle (image: proantic.com)
De notre côté de l’Atlantique, la couche chaude avec châssis doubles a eu préséance car plus économique. Le verre plat, comparé aux cloches courbes en verre épais coûtaient bien moins cher à importer et il s’incorporait aux châssis en bois (comme on le voit ici-bas). Dans nos contrées québécoises où les températures hivernales et printanières froides n’avaient quasi aucune commune mesure comparée à celles de nos cousins français, les ballots de foin très épais ceinturaient ces fenêtres versus les paillassons de brindilles utilisées par les européens. Ces paillassons pouvant aussi se dérouler et s’installer par dessus les cloches par temps très ensoleillé pour éviter les plants de cuire. Cette technique de couche chaude pour démarrer les semis plus tôt fût celle qu’on adopta ici jusqu’à leur électrification dans les années 1940.
Source: agro-conseil-carnavalet.euSource et date inconnues
Cette méthode de culture sous cloche sert donc à protéger les plants contre les intempéries et les ravageurs. Leur format curvé permet une pénétration maximale des rayons du soleil. Cela agit comme des mini-serres et favorise un développement accéléré des jeunes plants. Leur utilisation en début de printemps ou à la fin de l’automne est idéal pour protéger les semis ou étire la saison de culture de plusieurs semaines.
Pour un look historique dans nos potagers modernes.
Au printemps, si l’envie vous titille d’en installer quelques-unes dans votre potager, faites une marque au sol avec votre cloche. Planter votre jeune plant au centre. Déposer des cales par terre sous la cloche pour laisser l’air passer. Un manque de circulation d’air pourrait amener l’apparition de champignons et différents pathogènes pour les plantes. Par temps très ensoleillé, retirer les cloches pour ne pas brûler vos plants. Lorsque le temps se réchauffe à la fin du printemps, retirez-les définitivement. Les semis seront alors suffisamment vigoureux pour se développer de manière saine.
Source: agro-conseil-carnavalet.eu
À l’inverse, à l’automne, placer les cloches sur les cultures tardives. Cela prolongera la durée de production de plusieurs semaines. Laver les cloches à l’eau savonneuse à chaque changement de saison pour éviter la propagation de maladies d’une culture à l’autre.
Si vous en cherchez et je ici m’adresse aux gens du Québec, visitez les magasins (en kiosque ou en virtuel) qui vendent des produits de cuisine ou de décoration. Curieusement, elles se sont recyclées en « cloches à fromage » ou « cloches à pâtisseries ».
Source: potagers.forumactif.com
Saviez-vous qu’il existait une version intérieure de la cloche de jardin? Inventée en Grande-Bretagne par Nathaniel Bagshaw Ward (1791-1868), elle se distingue par son appellation « cage de verre » et d’une ouverture sur le dessus laissant circuler l’air. Ce médecin et collectionneur anglais a accidentellement découvert que les plantes, en particulier les fougères, poussaient et s’épanouissaient avec vigueur dans des boîtes en verre presque hermétiques (ou, comme il les appelait, « étroitement vitrées »). Jusque-là, ses fougères avaient résisté à la culture à l’intérieur, surtout à cause l’air vicié de Londres. En 1833, un ami de Ward emporta plusieurs « boîtes en verre » de Ward en Australie lors d’une expédition de collecte de plantes. Il découvrit que 95 % de ses spécimens avaient survécu au voyage de retour; là où leur taux de survie avoisinait 5 % jadis. Ward écrit plusieurs articles sur sa découverte, puis en 1842, il rédigea un petit livre intitulé : On the Growth of Plants in Closely Glazed Cases. Cette découverte lança la culture sous verre pour la riche bourgeoisie.
À gauche: Portrait de Nathaniel Ward par Richard James Lane, lithographie, 1859 (source: National Portrait Gallery, Londres). À droite: Trois exemples de cloches intérieures illustrés par J. R. Mollison, The New Practical Window Gardener, 1877 (source: Linda Hall Library).
Saule pleureur près du grand bassin du parc Westmount (image: Conrad Poirier, 1940)
Je possède un immense terrain. Lorsque j’y plante quelque chose (ex: un rosier ), il a l’air tout nu à cause de l’entendu des lieux. Ça me prend de grosses structures ou des massifs pour attirer l’œil. Vous comprendrez qu’il m’en coûterait une fortune pour acheter des dizaines de plants à la pépinière. Habituellement, j’achète des semences et les démarre à l’intérieur. Mais, pour les tiges plus difficiles à bouturer (ex: un bleuetier), j’utilise la technique ancienne de l’eau de saule pour m’assurer d’un bon enracinement. Voici quelques recettes naturelles utilisées par les anciens pépiniéristes avant l’apparition des hormones d’enracinement.
De fait, le saule possède la particularité de contenir deux éléments importants: l’auxine et la salycine. Le premier, un ingrédient anti-inflammatoire à l’origine de l’aspirine et le deuxième, essentiel à la croissance des plantes.
PREMIÈRE RECETTE: Écraser avec un marteau quelques rameaux de saule frais coupés (peu importe l’espèce) et laisser-les macérer dans un seau rempli d’eau (entre 1 et 3 jours). Comme guide, utiliser 2 tasses de morceaux de tiges de la grosseur d’un crayon dans 2 litres d’eau. Ce trempage libérera les hormones d’enracinement. Placez ensuite vos boutures dans cette eau jusqu’à voir un début de racines. Semez dans un terreau léger.
DEUXIÈME RECETTE (pour usage à plus long terme): Faites macérer vos morceaux de jeunes branches de saule attendries au marteau dans une eau bouillie. Transvaser dans un contenant hermétique en verre. Fermer et mettre au froid. L’eau se conservera 2 mois. Utilisez-la pour arroser vos jeunes plants afin de stimuler leur enracinement. Deux applications s’avèrent suffisants.
TROISIÈME RECETTE: Immerger 50 à 100 jeunes tiges (15 cm de longueur) dans une bassine avec 4 litres d’eau pendant 4 à 5 semaines. Vous pourrez alors: (1) replanter vos tiges pour obtenir d’autres saules, (2) tremper vos boutures quelques minutes dans l’eau restante (un genre de gel glissant) avant de les transplanter, (3) faciliter le marcottage de n’importe quelle plante ou (4) renforcer des arbres affaiblis (ex: par un rempotage).
Par ailleurs, l’eau de saule se veut à son meilleur sur les végétaux qualifiés de « moyennement difficiles à bouturer » tels les boutures semi-ligneuses. Pour les arbres (fruitiers, à noix, feuillus, etc.) et les lilas, mieux vaut recourir aux hormones d’enracinement commerciales conçues pour eux.
Poireau sous la neige en début d’hiver (image: blog.cobrahead.com)
Et voilà! Le printemps reprend ses droits. La soleil plus chaud fait fondre la neige et déjà les poireaux matures pointent leurs grosses tiges vertes. Oui, oui, oui… les poireaux…. en avril. Voici une ancienne technique de jardinage de nos aïeux qu’on gagnerait à imiter sous notre climat froid. À l’époque, on laissait toujours des touffes de poireaux matures en terre se multiplier pour en déguster au printemps. Et qui plus est, ça éliminait le stockage à l’intérieur. Alors, cette année, faites l’expérience. C’est hyper simple. Ça prend juste de la patience car estimer 3 ans pour une première grosse récolte. Voici les étapes:
Au printemps, après le risque de gel au sol passé, semer à la volée.
Recouvrir ensuite d’un centimètre de terreau.
Garder le sol humide. La levée peut prendre jusqu’à 15 jours et la maturité entre 120 et 150 jours.
Laisser en terre à l’automne. Les tiges resteront debout tout l’hiver.
On peut aider nos plants en les entourant d’un paillis de feuilles mortes pour les protéger. Dégagez-les ensuite au printemps pour laisser la place aux nouvelles pousses.
Au printemps, les plants fleuriront. Couper les tiges florales; elles se mangent.
Après la floraison, la tige-mère dépérira et se divisera au pied pour former une touffe drue.
Au deuxième automne, récolter une ou deux tiges pour laisser la chance aux générations futures de se régénérer.
À la 3e année, faire une récolte printanière dès la fonte des neiges.
Laisser les plus jeunes tiges en terre et consommer les plus grosses.
TADAM! Votre plantation durable de poireaux est terminée. Dégustez!
Penser à fertiliser à chaque année avec du bon compost.
Évidemment, insectes, maladies, fléaux météorologiques peuvent survenir mais, comme la nature, adaptez-vous. Il existe une foule de conseils sur le net pour traiter de manière biologique.
IMPORTANT: Ne pas confondre cette technique de culture avec la variété appelée poireau perpétuel.
Vents violents, lames d’un tracteur à gazon, roches projetées par la souffleuse ou la déneigeuse, écorce grugée par les rongeurs, froid extrême, maladresse; voilà tous des imprévus risquant d’abîmer nos arbres et nos arbustes. Le principe inculqué aujourd’hui par les pros en arboriculture consiste à faire une coupe préventive et laisser le cal cicatriciel faire son œuvre.
En effet, l’idée consiste à laisser l’arbre guérir de lui-même en l’aidant par une coupe franche au niveau du tronc ou de nettoyer la plaie afin de la laisser à l’air libre pour limiter les dégâts. Évidemment, je simplifie.
Toutefois, cette manière de faire n’a pas toujours prédominé dans les mentalités. Une ancienne technique d’engluement appelée « l’onguent de Saint-Fiacre » augmentait la cicatrisation et pouvait même sauver votre arbre s’il était vraiment abîmé (voir exemple ici-bas où l’écorce fût pas mal grugé par un animal en hiver). Si vous souhaitez un jour l’utiliser, assurez-vous de nettoyer la blessure en éliminant toute partie morte, insectes ou corps étrangers, voire refaites une coupe franche si une branche est trop cassée. Voici la recette ultra simple: bouse de vache et terre argile en partie égale. Beurk, diront plusieurs… de la merde de vache. N’oublions pas qu’on remonte plusieurs siècles en arrière. Et oui, ça peut pas être plus bio. Une fois les deux portions bien mélangées, assurez-vous d’une mixture collante. Ajouter un peu d’eau au besoin. Appliquer sur la blessure avec des gants. On parle quand même de bouse de vache…. dégueulasse si ça se glisse sous les ongles. Le surplus s’en ira au compost.
Toutefois, le composé a l’inconvénient de se gercer et de fendre en se desséchant ou il se délaye par l’action de l’eau de pluie. Pour cette raison, protéger à l’aide d’un vieux linge ou avec de la paille et attacher le tout avec une ficelle. Le but de cet exercice étant d’empêcher (1) l’extravasion de la sève, (2) le dessèchement du bois et (3) la pénétration de l’eau dans les blessures pour empêcher la pourriture. Ici-bas, une description en image de cette procédure. L’image 7 étant le résultat après 2 jours si vous n’avez pas protégé votre travail.
Étapes de réalisation de l’onguent de Saint-Fiacre.
À travers le temps, une foule d’autres recettes naturelles ayant le même objectif ont été créés avec l’ingéniosité de nos ancêtres et ce qu’ils avaient sous la main. Parmi celles-ci, 1/3 de partie d’huile, 1/3 de partie de cire jaune, 1/6 de partie de suif ou de graisse et 1/6 de partie goudron.
William Forsyth (image: Wikipedia)
Par exemple, le jardinier du roi d’Angleterre, William Forsyth (1737-1804), gagna une récompense de 76 000 francs (je n’ai pu trouver l’équivalent en dollars canadiens d’aujourd’hui) pour un onguent conçu à cet effet utilisant 1/2 partie de bouse de vache, 1/4 de partie de plâtre, 1/8 de partie de cendre de bois et 1/8 de partie de sable fin; recette à laquelle il ajoutait de l’eau de savon ou de l’urine pour éloigner les insectes attirés par la sève des plaies mal engluées.
Enfin, j’évite les autres utilisations de l’onguent de Saint-Fiacre autrefois pratiquée car le cœur risque de vous lever. Ce sera pour une autre fois. Pour les intéressés-ées à connaître l’histoire de Saint-Fiacre, je vous invite à consulter deux de mes anciens articles: Saint-Fiacre, patron des jardiniers et ma carte postale de mai 2018.
Jeanne Cartier dans sa cuisine, Saint-Antoine-sur-Richelieu (photo: Don de la famille Louis-Joseph Cartier au Musée McCord, 1903)
Événement gratuit (en rouge) à la fin de cet article.
À mon humble avis, le poste budgétaire alimentaire est l’un des plus mal administré (restaurant, épicerie, dépanneur, take-out, etc.) et je m’inclus là-dedans. Comment se fait-il qu’en bout de ligne, malgré son coût pourtant énorme, on gaspille autant de nourriture? Selon un récent rapport (en anglais seulement) des Nations-Unis publié le 4 mars 2021 :
Uniquement au Canada, les ménages jettent chaque année près de trois millions de tonnes de nourriture, soit l’équivalent de 79 kg (175 lbs) par personne.
Cela équivaut à environ 2000$/an. Les ménages sont responsables à 61% de ce gaspillage. C’est moi, c’est nous. Selon ce même rapport, on ne compte même pas les 30 % de toute la production alimentaire perdue avant même d’être consommée. Catastrophique, ne trouvez-vous pas? Une meilleure gestion permettrait une diminution des gaz à effet de serre, freinerait la perte d’habitats naturels des animaux sauvages, réduirait la faim dans le monde ou du moins, rendrait sa distribution plus équitable, etc.
Indifférence, mauvaise éducation, ignorance alimentaire, trop occupé, facilité, peu importe les raisons, les statistiques parlent. Pourquoi ne pas contrer cette tendance à notre profit. Voici l’un de mes objectifs personnels cette année. Évidemment, avant d’arriver dans notre potager, les restes devraient, avant tout, servir à leur utilité première soit nourrir les gens et non la poubelle à compost. Nos anciens ou plutôt nos « anciennes » parvenaient à merveille à trouver d’autres usages aux restants de table. Que ce soit par des bouillons, desserts, ragoûts, le repas du matin ou du midi se retrouvait très souvent dans le plat recomposé du soir. Et, si des résidus parvenaient à se faufiler, des recettes pratiques apprises de mère en fille clôturaient ce cercle vertueux du quasi zéro déchet alimentaire; une tendance revenue à la mode. Malheureusement, pour plusieurs d’entre nous, nos mères ont probablement oublié cet art culinaire emporté par les développements technologiques, l’ouverture sur le monde et par un nouveau mode de vie dit « moderne ».
De toute façon, qui veut encore récupérer la graisse de lard pour tartiner ses rôties le matin ou les retailles de pâtes à tartes pour confectionner des « pets de sœurs » dans le sirop d’érable. Mon point de vue étant qu’il y a un monde entre notre régime alimentaire actuel lié à notre sédentarité et celui de nos ancêtres très actifs mais à l’espérance de vie moindre. Pour nous aider, plusieurs livres récents réinventent le genre avec nos produits courants. On peut évidemment consulter de vieux ouvrages comme les premières parutions de la cuisine raisonnée pour nous inspirer mais de jeunes autrices et auteurs nous proposent à la fois l’objectif zéro reste et zéro déchet. Vous pourrez concevoir vinaigrettes, coulis, desserts, infusions, bouillons maison, tartes, galettes et j’en passe. Pour l’utiliser à la maison, la suggestion ici-contre se veut très personnelle et je vous encourage à ajouter vos autres propositions dans les commentaires au profit des lectrices et lecteurs. Si l’adhésion à cette tendance ne vous rejoint pas (désintérêt pour la cuisine, trop pressé, régime alimentaire particulier…) et vous produisez quand même des déchets de table de type végétal, je vous propose les alternatives suivantes pour votre potager.
Le compostage de surface ou en tranchée: Je vous fais une confidence; le compostage traditionnel, je trouve ça long, fastidieux et ça prend de l’espace. Et dites-vous, j’en ai essayé des techniques (en tas, en compartiments, avec des composteurs mécaniques, etc.). Constamment, j’oubliais un élément important ou quelque chose clochait (trop de matières vertes ou pas assez de matières brunes, manque d’eau, trop ensoleillé, chauffe pas assez, je brassais mal…). J’en suis devenu anxieux jusqu’à la découverte du compostage de surface ou en tranchée il y a quelques années. TELLEMENT SIMPLE ET PLUS RAPIDE… EURÊKA! Larry Hodgson, notre jardinier paresseux, vous en dresse les principaux avantages et surtout son application facile. Pour le compostage de surface, j’utilise quand même un léger paillis végétal sur le dessus (ex: feuilles mortes) pour un coup d’œil plus joli. Le vivant de la terre travaille pour nous et cela, beaucoup plus vite qu’un tas de compos.
En haut, compostage de surface (image: gerbeaud.com). En bas, compostage en tranchée (image: monjardinmamaison.maison-travaux.fr)
Détour côté basse-cour. J’avoue, peu de gens autour de moi possèdent des animaux pour la consommation humaine (poulets, cochons, cailles, canards, lapins…) chez-eux. À mon grand étonnement, la tendance semble les convertir davantage comme animaux de compagnie (cochon vietnamien, lapin miniature, etc.). Anciennement, il n’était pas rare qu’une partie des restes de table s’en aille aux animaux. Et, par la suite, on les mangeait. Un vraie économie circulaire. Pas de gaspillage. Je dois préciser qu’il y a un mythe véhiculé selon lequel on donnait n’importe quoi à manger aux cochons. ERREUR! Peut-être nos aïeux on utilisé de telles manières de faire mais les vieux documents indiquent que fourrage, céréales en bonnes proportions faisaient parties des us et coutumes. Personne ne voulait rendre les animaux malades; questions de survie. Comme avec nos chats et nos chiens, l’idée n’est pas de leur donner n’importe quels restes de table. Pour cette raison, je vous suggère de cliquer sur les liens précédents pour obtenir les aliments les plus adaptés selon chaque race pour éviter des maladies et problèmes de santé. Autrement, vous verrez la rapidité avec laquelle ils dévorent vos feuillages, épluchures et parties moins belles de vos fruits et légumes.
Porc sur l’île d’Orléans (Photo: Herménégilde Lavoie, 1942)
Le vermicompostage. J’en vois déjà exprimer leur dégoût. Et, je comprends l’hésitation. Pourtant, le fumier de ver de terre se veut le nec plus ultra en matière nutritive pour les plantes. Facile à faire, rapide, écologique, silencieux, ça prend juste un tout petit peu de temps. Dispendieux en sac, pourquoi ne pas faire travailler gratuitement des centaines de vers de terre spécialisés pour vous moyennant vos restants. Il y a toutes sortes de méthodes pour y arriver. Ici-bas, une vidéo d’environ 2 minutes avec l’agronome Lili Michaud pour vous montrer à quoi s’en tenir. Si vous souhaiter aller plus loin, il existe de nombreuses ressources sur Internet pour vous en apprendre davantage. Vous pouvez même fabriquer votre propre lombricomposteur avec toutes sortes de matériaux. Contrairement au plastique, j’ai un faible pour le bois car il respire. Il existe aussi une multitude de vidéos sur le web pour vous montrer. Simplement taper les mots-clés « lombricomposteur » et « fabrication ».
Le compostage alternatif. Bon! Je fais une entorse à mes valeurs liées au fait de suggérer des solutions très abordables pour jardiner. Sachez une chose. Je n’ai reçu aucun montant d’argent ou dédommagement quelconque pour cette suggestion. Je n’ai pas non plus testé ce produit. Donc, pub gratuite. Je ne dis pas non à un essai si l’entreprise me le proposait. Il m’apparaissait pertinent d’ajouter ce futur appareil domestique conçu au Québec par deux jeunes entrepreneures suite à l’engouement de leur sociofinancement où elles ont récolté en 2019 la somme de 1 750 000$ en seulement un mois. Ça en dit long sur le désir des gens d’encourager la réalisation de moyens concrets et accessibles pour composter le plus simplement possible et ce, selon le style de vie d’aujourd’hui. Depuis, elles ont mis leurs efforts à la fabrication à grande échelle et à la commercialisation de leur nouveau produit. Selon le site Internet de TERO, nom de leur concept:
La technologie de l’appareil Tero transforme facilement et rapidement vos déchets de table en un fertilisant naturel prêt pour nos plantes et notre jardin.
(Photo: teroproducts.com)
Principal « hic »… le prix. À plus de 500$ l’unité, presque 600$ sans les taxes, c’est dispendieux pour du compost. On s’en va vers une clientèle aisée. Mais, le luxe a la cote. Et, loin d’être chauvin, je crois qu’il est important de recourir à toutes sortes de moyens pour intégrer tout le monde dans la lutte aux changements climatiques. On fait chacun sa part tant qu’il ne se retrouve pas au site d’enfouissement. En prévente, la livraison se fera à partir de l’automne 2021. Je vous laisse le soin de faire votre propre idée en visitant leur site web.
Vous connaissez d’autres utilisations possibles à vos restes de table végétal, faites part de vos suggestions dans les commentaires. Merci!
Deux femmes font à manger (Photo: Conrad Poirier, 1942)
Vous voulez commencez à mieux gérer votre garde-manger mais ne savez comment vous y prendre? Je vous recommande « À vos frigos », une initiative des « jours de la terre ». Vous pourrez vous inscrire à un atelier virtuel gratuit d’une heure destiné au grand public (maximum 100 places) le 22 mars entre 12:00 et 13:00. J’ai obtenu la permission de l’hôte organisateur « Intégration Compétences », un organisme sans but lucratif d’aide en employabilité, de vous inviter. Moi, je serai du nombre des présents cette journée. Vous y apprendrez plein de trucs et astuces pour réduire vos déchets au quotidien. Si vous manquez votre coup, d’autres dates dans leur calendrier s’offrent à vous. Le changement, ça commence par soi.
Achat d’un bas nylon (photo: Conrad Poirier, 1948)
Lors d’un appel à tous pour récupérer de vieux bas nylon dans mon entourage, la question la plus fréquente fût: « qu’est-ce que tu veux faire avec ça ? ». Ma famille, mes amis, mes voisins et mes collègues de travail de longue date ne me posent plus la question car ils savent qu’il y a un lien avec le jardinage. Malgré cela, il leur arrive de demander à quels objectifs leurs « détritus » vont me servir. Question légitime car on pourrait penser à mal.
En effet, durant l’hiver avec la pesanteur de la neige mouillée sur les branches ou lors de grands vents d’été, il arrive qu’elles cassent. Si elles tiennent encore à l’arbre grâce à l’écorce, il est possible de refermer la blessure en l’attachant de manière solide avec un matériau non irritant comme par exemple un morceau de tissu recyclé ou, justement, de vieux bas nylon. L’écorce intacte permettra à la sève de continuer à circuler et la branche se ressoudera tranquillement; un peu comme lorsqu’on pratique une greffe sur un arbre fruitier. Bon, ça semble facile écrit de cette façon mais tout dépendant de la grosseur de la branche et de l’endroit de la blessure, vous devrez peut-être aider votre attache en installant un support, une attelle, voire la couper si trop endommagée. Plus facile à effectuer sur vos petits arbres ou arbustes.
Bas de nylon comme attaches à un tuteur
Toutefois, ma plus grande préoccupation concerne les mulots, lièvres et tout animal à l’affût d’une belle base de tronc d’arbre à grignoter. Après avoir testé différents produits vendus sur le marché, mon meilleur rapport qualité-prix-protection revient au bon vieux bas de nylon récupéré.
De fait, les matériaux inertes étouffent le tronc après un certain temps lorsqu’on les oublient. Les spirales en plastique, peu dispendieuses, vont casser et les rongeurs parviennent quand même à passer au travers. Les tubes (ex: pour l’irrigation) fabriqués soi-même sont trop larges. Pire, ils fournissent souvent un abri aux rongeurs ou aux fourmis qui y font leur nid. Alors, soit l’arbre se fait bouffer l’écorce par les souriceaux ou les fourmis, avec leurs tunnels, assèchent les racines. Dans tous les cas, l’arbre meurt. J’en ai perdu beaucoup par ignorance.
Donc, perte de temps, d’argent, d’énergie et d’intérêt. Le bas de nylon… wow! Il laisse passer l’air, reste flexible, rapide d’installation, protège contre le fil du coupe-bordure et il résiste aux intempéries. Il se peut que vous deviez en utiliser plusieurs tout dépendant de la grosseur de vos arbres. Évidemment, l’élasticité va en diminuant avec le temps. Mais, tant qu’à jeter à cause des déchirures ou des trous, autant les réutiliser à bon escient. En passant, parfait également pour vos plants de tomate ou vos autres plantes nécessitant d’être attachés.
Outre pour ces trois premières utilités, mon passé de semencier m’a aussi amené à les réhabiliter comme outil de conservation pour mes bulbes séchés notamment les oignons. La vidéo ici-bas se veut la meilleure manière d’illustrer mes propos. Malheureusement, je n’ai pu trouver qu’une version anglaise mais les images parlent d’elles-mêmes. Si vous les entreposez dans un lieu froid et à l’abri de la lumière, cette stratégie permettra d’allonger leur période de conservation de plusieurs mois; juste à temps pour la replantation au printemps. Il est important de préciser qu’avant de les déposer dans leur bas nylon, le séchage des tubercules doit être optimum sinon vous la moisissure et la pourriture vous guettent. Consulter ma section « production de vos semences » pour plus d’infos sur la manière de produire et conserver vos semences d’oignon.
De même, plusieurs des semences de mes précieuses anciennes variétés se devaient d’être protégées des animaux et des insectes notamment pour assurer une croissance saine ou simplement pour empêcher qu’elles soient mangées. Encore une fois, l’utilisation de bas nylon m’assurait une protection quasi optimale. Bien qu’inesthétique, « ça fait la job » comme on dit chez-nous.
Finalement, en faisant quelques recherches, j’ai trouvé cette astuce, c’est-à-dire des sacs de trempage pour du thé de compost. J’avoue, je ne l’ai pas encore testé; peut-être cet été. J’y reviendrai. Remplissez une jambe avec du compost. Attachez l’extrémité ouverte et laissez reposer dans 5 gallons (11 litres) d’eau pendant une journée. Lorsque prêt, appliquer le thé de compost riche en nutriments sur vos plantes en soulevant le nylon et verser le thé dans un arrosoir. Réutiliser plusieurs fois la même section de votre bas nylon, en vidant le compost usagé et en le remplissant à nouveau entre les trempages.
Vous avez d’autres applications aux bas de nylon pour le jardinage, laissez vos trucs de grands-mères dans la section commentaires. Merci!
Épouvantail à corneilles pour un champ de fraises à la municipalité de Sainte-Famille à l’Île d’Orléans (photo: Omer Beaudoin, 1951)
Je fréquente les friperies locales. Ça vous surprend? Premièrement pour encourager des entreprises d’économie sociale et communautaires. Dans ma région, plusieurs redistribuent leurs bénéfices en services auprès des plus démunis. En plus, elles procurent des emplois à des gens en réinsertion professionnelle, officialisent les heures de travaux communautaires obligatoires, brisent l’isolement de personnes seules ou valorisent notre sentiment de se sentir encore utile dans la vie. Deuxièmement, pour remettre en circulation des vêtements qui, autrement, se seraient retrouvés au dépotoir. Je trouve malheureux salir, déchirer, transpirer dans du linge neuf en sachant qu’il servira pour des tâches super salissantes. Quatrièmement, pour le prix. Mon épouvantail se contente d’une chemise laide à 2$ et il ne s’est jamais plaint.
Avant la venue des friperies, nos grands-mères et arrières grands-mères parvenaient à confectionner toutes sortes d’objets utiles avec des vieilles retailles. Que ce soit courtepointes, tapis crochetés ou catalognes, la récupération créative devenait mère des besoins. Si l’envie vous vient de redécouvrir ces arts anciens, inscrivez-vous à un atelier (lorsque cette foutue COVID-19 sera passée) à l’École des métiers et traditions. Mais trêve de détours pour vous expliquer qu’au bout du rouleau, vos vieux gaminets peuvent servir encore un dernier tour en passant par le jardin avant d’aboutir chez un recycleur textile.
Madame Lévis Laflamme à son métier à tisser. Sainte-Henédine, comté de Dorchester (image: Omer Beaudoin, 1952)
Attaches pour vos plantes. Déchiré en lanières, un tee-shirt pourra vous fournir une quarantaine d’attaches. Qu’elles soient pour vos tomates, arbustes, grimpantes, grandes fleurs (ex: tournesols), le coton flexible et souple s’adaptera à l’expansion des tiges au cours de l’été. Pas assez long? J’en attache deux ensemble. Un truc de moins à acheter en jardinerie. Ici-bas les étapes proposées.
Tee-shirt foutu, très usé, rempli de trous. Je fais la honte de ma fille auprès de ses amies tellement je ressemble à un jardinier-guenillou.
Inciser avec un ciseau et déchirer à la main le long des coutures.
Pans du vêtement sans couture. Les coutures serviront aussi d’attaches. On ne perd rien.
Couper quelques centimètres chaque début de déchirures. Ça permet de les faire égaux ou presque et plus facile pour déchirer.
Le vêtement affaibli par les lavages récurrents rendent la tâche super facile. Allez y dans le sens de la fibre sinon, vous déchirerez n’importe comment.
Au final une trentaine d’attaches et au moins 4 guenilles. Si vous ne faites pas de guenilles, vous ferez 40 attaches de différentes grosseurs.
IMPORTANT 1: Lorsque installerez vos attaches, croisez-les (voir image) entre le tuteur pour empêcher celles-ci de scier la tige bougeant au rythme du vent. Sur la photo, mon doigt représente la tige de la plante.
IMPORTANT 2: À cause du soleil et des conditions climatiques, ces attaches ne dureront qu’un an. Privilégier les plantes annuelles ou un « attendant » pour les arbres ou arbustes, le temps de les retirer à l’automne et les remplacer par quelque chose de plus durable. Recyclez ensuite.
Harold Jewel tente, à l’aide d’un mouchoir, d’enlever une poussière de l’oeil de Rita Bode (Photo: Conrad Poirier, 1944)
Guenilles pour les dégâts. J’ai toujours une ou deux guenilles dans mes poches pour essuyer quelque chose, surtout mes mains ou mon front l’été. Sinon, me moucher. Avant l’invention du mouchoir jetable, les us et coutumes voulaient qu’on se serve d’un pan de tissu lavable. Vous en souvenez-vous?
Dessus pour vos bocaux en verre. Par exemple, j’ai concocté en 2020 un vin de griottes dans des bocaux en verre; assez costaud côté pourcentage d’alcool mais un succès général auprès de celles et ceux l’ayant goûté. Je déchire donc mes tee-shirts comme je le ferai pour mes guenilles, soit assez grande pour cacher les rebords des bocaux constamment recouvert de poussière après un certain temps. Utilisez-les aussi pour des pots remplies de semences annuelles (ex: haricots), marinades, gelées, confitures, bref… tout ce qui se conservent. Attacher avec ce que vous avez sous la main (corde, élastique, autre retaille de vêtement…) et écrivez l’année sur le dessus avec un crayon indélébile pour vous retrouver. Quand c’est caché, ça fait plus beau et rustique. Si c’est pour un cadeau, ayez la présence d’esprit de prendre vos plus belles parties et de laver votre vieux linge avant de les déchirer. Des ronds de sueurs et une petites odeurs de fumier laissera vos interlocuteurs se poser des questions sur votre jugement.
Une religieuse des Filles de la Sagesse dépose des bocaux de médicaments sur une étagère à l’hôpital Sainte-Justine à Montréal (Photo: Conrad Poirier, 1944)
Vous n’avez aucun vieux tee-shirts ou pas assez pour votre projet. Pas de problèmes, les friperies vous accommoderont en vous en vendant à un prix dérisoire, si elles ne vous les donnent carrément pas, un gros sac de poubelle rempli de tee-shirts qu’elles considèrent impossibles à vendre. Vous leur rendrez un service en les débarrassant. Si le prix vous paraît injustifié, négociez! Et, en passant… pas de taxes.
PS. N’oubliez pas de consulter notre section commentaires car certains ont d’autres idées pour recycler vos vieux tee-shirts au potager. Merci à nos précieuses jardinières-lectrices et précieux jardiniers-lecteurs.
Ma famille consomme vraiment beaucoup d’œufs. Pratique, nutritif, simple. Hop! Mes jeunes enfants se préparent une omelette, un œuf tourné, des crêpes, un œuf cuit dur. Au moins, tant qu’il y aura des œufs, ils ne mourront pas de faim si je ne suis pas là. Avant d’emménager dans ma maison, je fulminais en appartement de voir les coquilles se diriger à la poubelle faute de service municipal de compostage ou de composteur domestique. Maintenant, toute la marmaille les recueillent précieusement dans un contenant en plastique qu’on ressort au moment voulu. Personne ne sait qu’il existe un plat rempli de coquilles vides tellement le plat se confond dans notre cuisine. Cela devient juste une question d’habitude. En séchant, il n’y a aucune odeur. Du moment qu’il y en a trop, un coup de cuillère pour les écraser de manière grossière et on en rajoute un étage.
Par ailleurs, saviez-vous qu’enfouir vos coquilles d’œufs simplement écrasées exigera peut-être des centaines d’année avant de se décomposer? Le mythe selon lequel les coquilles d’œufs procurent du calcium à la terre me paraît un peu surestimé…. s’il ne s’accompagne pas de la mouture. Si vous souhaitez vraiment amener un peu de calcium à votre terre, vous devrez les réduire en poudre pour qu’elles s’assimilent mieux par les plantes. Utiliser pour cela un moulin à café. C’est peut-être à cette étape qu’arrive une légère odeur passagère. Un peu comme lorsque le dentiste vous fraise la dent lors d’un plombage. Mais, ça passe vite.
Non écrasées, utilisez-les comme barrière protectrice autour de vos plantes extérieures attaquées par les limaces. En s’y frottant, elles se couperont le ventre et mourront. Ça vous en prendra quand même beaucoup. Sinon, si vous avez des poules, elles raffoleront des coquilles écrasées. Comme elles ont des besoin élevés en calcium pour la production de leurs propres œufs, elles ne s’en lassent jamais. Nos anciennes familles fermières l’avaient compris. Encore une fois, l’entreposage d’œufs broyés ne dégage aucune odeur. J’attends que mon bol soit plein avant de m’en départir dans un coin propice du jardin. Un beau résidu vert pour chez-vous.
Pour en savoir davantage sur l’utilisation de vos œufs au jardin.
Poulailler de l’orphelinat Nazareth des Sœurs de la Charité de Québec en 1914 (source: Fonds des Sœurs de la charité de Québec / Bibliothèque et Archives Nationales du Québec)
Semis dans des œufs (image: pinterest)
Saviez-vous que? À la fin du 19e siècle, de nombreuses lectrices de journaux expliquaient débuter leurs semis dans toutes sortes de pots, y compris à l’intérieur de coquilles d’œufs. Par exemple, dans La Gazette de Joliette du vendredi 16 mai 1890, on expliquait que, laissés sur les rebords des fenêtres les plus exposées au soleil (entre mars et avril), on parvenait à devancer une récolte de plusieurs semaines. Là où certaines commençaient seulement à planter leurs premières semences en terre, elles avaient déjà réussi à récolter certains légumes. De même, les coquilles n’occasionnaient aucune pollution lorsqu’elles étaient cassées lors du repiquage au jardin. Peut-être qu’avant, les maigres moyens obligeaient les familles à utiliser tout ce qu’ils avaient sous la main mais aujourd’hui, j’avoue qu’il existe des manières beaucoup moins fastidieuses de faire des semis. J’attire également votre attention à l’effet que cette pratique ne s’adapte pas à toutes les cultures (ex: les légumes racines). Mais, si l’idée vous tente….ça peut devenir une activité ludique intéressante avec vos très jeunes ou petits-enfants.
Cour typique québécoise des années 1950 incluant la « bécosse » au fond. Famille Belisle au 2026 de la rue Saint-Alexandre à Ville Jacques-Cartier en 1954 (image: monde.ccdmd.qc.ca)
Avez-vous déjà lu ou entendu l’histoire du papier de toilette? Toute une question hein! Pour les curieuses et curieux du passé, ça vaut la peine de cliquer sur le lien précédent pour visionner la capsule vidéo.
En effet, nos facilités modernes nous font oublier qu’avant les années 1960, l’hygiène intime se faisait encore plus plusieurs québécois de manière plutôt rudimentaire. Les trous dans les anciens catalogues W.H. PERRON et SEARS nous rappellent que les pages ne s’utilisaient pas seulement pour les commandes postales. On accrochait les catalogues à un clou dans la bécosse et on déchirait ce qu’on avait besoin. Comme une grande majorité des trouvailles, l’adhésion du papier hygiénique à grande échelle a amené son lot de pollution. Coupe d’arbres par milliers, utilisation de produits chimiques pour le blanchiment, pétrole pour le transport des marchandises, emballages plastiques et j’en passe. Et au final, nous reste le rouleau. C’est bien peu, s’il retourne à la terre.
Semis en godets de rouleaux en papier de toilette (image: monjardinenpermaculture.fr)
Habituellement, il se retrouvait à la récupération. Maintenant, tout au long de l’année, je les ramasse et les utilise comme pots à semis pour le repiquage dans mon jardin-potager une fois le gel au sol passé. Mon très grand terrain me permet d’en utiliser beaucoup. Suivez les étapes ici-dessous pour les confectionner avec un fond assez solide pour contenir la terre.
Étapes pour créer un godets pour semis (image: astucesenligne.fr)
Par contre, comme pour toutes choses, il y a des plus et des moins pour ce genre de création.
LES PLUS:
Allonge votre saison de culture. Vous pouvez démarrer vos semis à l’intérieur avant de les repiquer en pleine terre au moment voulu.
Accélère la rotation au potager. Vous pouvez débuter vos semis afin de remplacer vos plants arrivés rapidement à maturité. Par exemple, les épinards montent en graines lorsqu’arrive la chaleur. Remplacez-les par une autre culture (ex: fleurs comestibles). Vous augmenterez votre production tout en habitant l’espace; diminuant du même coup la chance de voir s’établir de mauvaises herbes.
Contrôle les conditions de germination et de croissance. J’ai souvent de vieilles graines et j’en sème plusieurs dans un même godet. J’arrive ainsi à mieux répartir les semis dans chacun pour ensuite les redistribuer de manière égale au moment du repiquage. Je garde juste les plus beaux spécimens. Je ne perds rien car je fais des cadeaux à mes proches et amis.
Protège contre les indésirables et les possibles erreurs. Qu’ils soient félins 🐈⬛ ou ravageurs 🐛, ça limite beaucoup les dégâts. Mes amis aussi peuvent voir où mettre les pieds sans piétiner par erreur mes protégés ou simplement moi-même éviter d’arracher mes petits semis en croyant être une mauvaise herbe.
Pousse au travers le paillage. Par expérience, je laisse rarement mon sol à nu pour éviter la levée des mauvaises herbes. Des années d’arrachage inutile m’ont obligées à revoir la gestion de mon temps. Aussi, la plantation des godets au travers du paillis laisse une plus grande marge de manœuvre aux petites pousses pour se développer sans enlever la couverture naturelle anti-indésirables.
Devance les mauvaises herbes. Justement, en début de saison, vous prendrez un bon mois d’avance et vous éviterez la compétition. Attendez au moins que chaque plantule ait développé 4 vraies feuilles avant de repiquer.
LES MOINS:
Ne permet pas de tout cultiver. Éviter d’utiliser cette technique pour les légumes-racines (carotte, radis, rutabaga, navet, panais, etc) car elle ne permet pas un développement optimal des racines, au contraire.
Exige davantage de temps en comparaison aux semis directs. De repiquer vous exige un acte supplémentaire. Pour les petites surfaces, peu chronophage, mais pour de grandes superficies, ayoye!. C’est pourquoi, je l’emploi davantage pour l’établissement de mes nouvelles fleurs vivaces poussées à partir de semences.
Avant-après repiquage au jardin (image: astucesenligne.fr)
IMPORTANT: Au moment du repiquage, avec l’aide de la pointe d’un couteau pointu, faites des trous autour du godet. Cela laissera de la place aux racines pour se faufiler. Le godet de carton se compostera durant l’année.
Rouleaux en attente pour leur dernier séjour comme pots de semis… création de mes enfants.