Saint-Fiacre, patron des jardiniers (Image: http://www.famillechretienne.fr)

Vents violents, lames d’un tracteur à gazon, roches projetées par la souffleuse ou la déneigeuse, écorce grugée par les rongeurs, froid extrême, maladresse; voilà tous des imprévus risquant d’abîmer nos arbres et nos arbustes. Le principe inculqué aujourd’hui par les pros en arboriculture consiste à faire une coupe préventive et laisser le cal cicatriciel faire son œuvre.

En effet, l’idée consiste à  laisser l’arbre guérir de lui-même en l’aidant par une coupe franche au niveau du tronc ou de nettoyer la plaie afin de la laisser à l’air libre pour limiter les dégâts. Évidemment, je simplifie.

Toutefois, cette manière de faire n’a pas toujours prédominé dans les mentalités. Une ancienne technique d’engluement appelée « l’onguent de Saint-Fiacre » augmentait la cicatrisation et pouvait même sauver votre arbre s’il était  vraiment abîmé (voir exemple ici-bas où l’écorce fût pas mal grugé par un animal en hiver). Si vous souhaitez un jour l’utiliser, assurez-vous de nettoyer la blessure en éliminant toute partie morte, insectes ou corps étrangers, voire refaites une coupe franche si une branche est trop cassée. Voici la recette ultra simple: bouse de vache et terre argile en partie égale. Beurk, diront plusieurs… de la merde de vache. N’oublions pas qu’on remonte plusieurs siècles en arrière. Et oui, ça peut pas être plus bio. Une fois les deux portions bien mélangées, assurez-vous d’une mixture collante. Ajouter un peu d’eau au besoin. Appliquer sur la blessure avec des gants. On parle quand même de bouse de vache…. dégueulasse si ça se glisse sous les ongles. Le surplus s’en ira au compost.

Toutefois, le composé a l’inconvénient de se gercer et de fendre en se desséchant ou il se délaye par l’action de l’eau de pluie. Pour cette raison, protéger à l’aide d’un vieux linge ou avec de la paille et attacher le tout avec une ficelle. Le but de cet exercice étant d’empêcher (1) l’extravasion de la sève, (2) le dessèchement du bois et (3) la pénétration de l’eau dans les blessures pour empêcher la pourriture. Ici-bas, une description en image de cette procédure. L’image 7 étant le résultat après 2 jours si vous n’avez pas protégé votre travail.

Étapes de réalisation de l’onguent de Saint-Fiacre.

À travers le temps, une foule d’autres recettes naturelles ayant le même objectif ont été créés avec l’ingéniosité de nos ancêtres et ce qu’ils avaient sous la main. Parmi celles-ci, 1/3 de partie d’huile, 1/3 de partie de cire jaune, 1/6 de partie de suif ou de graisse et 1/6 de partie goudron.

William Forsyth (image: Wikipedia)

Par exemple, le jardinier du roi d’Angleterre, William Forsyth (1737-1804), gagna une récompense de 76 000 francs (je n’ai pu trouver l’équivalent en dollars canadiens d’aujourd’hui) pour un onguent conçu à cet effet utilisant 1/2 partie de bouse de vache, 1/4 de partie de plâtre, 1/8 de partie de cendre de bois et 1/8 de partie de sable fin; recette à laquelle il ajoutait de l’eau de savon ou de l’urine pour éloigner les insectes attirés par la sève des plaies mal engluées.

Enfin, j’évite les autres utilisations de l’onguent de Saint-Fiacre autrefois pratiquée car le cœur risque de vous lever. Ce sera pour une autre fois. Pour les intéressés-ées à connaître l’histoire de Saint-Fiacre, je vous invite à consulter deux de mes anciens articles: Saint-Fiacre, patron des jardiniers et ma carte postale de mai 2018.