• À propos…
  • Pour commander (arrêt définitif des activités)

Potagers d'antan

~ – Découvrez les fruits et légumes rares du Québec –

Potagers d'antan

Archives de catégorie : Céréales du patrimoine:

Carte postale de septembre 2020

14 lundi Sep 2020

Posted by Michel in Carte postale du mois, Céréales du patrimoine:

≈ Laisser un commentaire

Récolte du blé sur la ferme de monsieur Jos. Trépanier à Nédélec, comté de Témiscamingue en 1953 (photo: Omer Beaudoin)

Malgré le grand fouillis sur mon bureau, j’estime posséder une certaine habileté à établir des liens avec ce qui m’entoure, ce que je lis, ce que j’entends, ce que j’observe et me souviens. Et paf! Ça se met en place; souvent tout seul. Par exemple, cette famille récoltant leur champ de blé m’a aussitôt fait penser à un petit papier griffonné depuis des années quelque part reclus dans une pile oubliée sur lequel j’avais inscris « engrain », l’ancêtre du blé.

Aussi surnommée »petit épeautre », ce fût la première céréale domestiquée par l’homme au Proche-Orient vers 8 000 av. J-C. Parmi les plantes ayant contribué à l’avancement de l’humanité, elle se classe probablement dans mon palmarès des tops 10. Il est important de souligner que l’engrain n’est pas une variété mais bien une espère. Son adaptation a permis la création d’une foule de variétés de blés tendres et durs. En se faisant domestiquer et se transportant avec les échanges dans diverses régions du globe, la plante primitive, avec le croisement d’autres espèces, a permis aux populations de se sédentariser et de croître. Mais, ce qu’on oublie trop souvent, c’est qu’en adaptant ces variétés, ces dernière nous ont demandé de nous adapter à elles.

Par conséquent, on a facilité leur transformation mais aussi leur récolte. Aujourd’hui, nous devons parler davantage de variétés paysannes et non de variétés anciennes car, à cause de leur adaptation aux climats, on ne pourrait probablement plus prendre une semence viable d’il y a 1000 ans et la replanter sans risque qu’elle survive. C’est pourquoi il est tellement important de les resemer pour qu’elles puissent continuer à s’adapter aux changements climatiques.

L’histoire du chanvre (partie 3)

10 vendredi Mai 2019

Posted by Michel in Céréales du patrimoine:

≈ 2 commentaires

Dans la partie 2, je vous laissais avec la trahison de Napoléon Bonaparte par le tsar Alexandre 1er; ce dernier laissant passer le chanvre en contrebande aux profits de son ennemi. Pour envahir la Russie, Bonaparte devait avoir une réelle crotte sur le cœur face à cette plante car, lors de sa campagne d’Égypte le 1er juillet 1798, il évita un attentat perpétré par un musulman intoxiqué au haschisch. Selon le site d’histoire de la fondation Napoléon, lorsque Bonaparte fit l’association et compris les effets psychotropes dévastateurs de la substance, il en interdit l’usage par le premier texte de loi au monde contre une plante mentionnant ouvertement ses risques potentiels. Sous l’injonction de Bonaparte, le 9 octobre 1800, cette ordonnance entendait mettre un terme à la consommation de haschisch et de graines de chanvre par les soldats du corps expéditionnaire. Ceux enfreignant cette ordre, se voyaient passible d’une peine de prison de 3 mois. Et, on connaît la suite… c’est tout le contraire qui arriva.

En effet, dans l’Europe du 19e siècle, la mode vibrera au cannabis. L’orient et ses mystères provoqueront les passions; notamment le fumage du haschisch selon la méthode de la pipe à eau. Même la reine Victoria deviendra une adepte de la confiture de haschisch pour calmer ses menstruations douloureuses, comme bon nombre de femmes de l’époque.

Américains fumant la pipe à eau dans un bazar turc (image: Historical register of the centennal exposition, 1876)

Corrido de la Cucaracha en 1915 par Antonio Venegas image: wikimedia.org)

À la fin du 19e siècle, les immigrants indiens introduisirent le cannabis au Mexique où il prendra le nom de « marijuana » et deviendra le symbole de la révolution « Pancho Villa » avec la chanson « la cucaracha« , un cafard ne pouvant plus avancer faute de cannabis à fumer. Les mexicains reprennent la manière d’apprêter le chanvre indien pour y fabriquer toutes sortes de produits (chapeaux, sacs, tapis…).

Du Mexique, la marijuana voyagera jusqu’au sud des États-Unis. Les noirs des plantations de coton la consommèrent pour apaiser leurs conditions rendus encore plus difficile par la crise économique. Puis, ce sera au tour des villes comme Dixiland et Louiseville de découvrir la fièvre de la marijuana, connue sous le nom de « FEVER ». En quelques années, les chansons sur l’herbe feront fureur et les clubs de musique fleurissent partout où la communauté noire s’est établie. Cette fièvre, associée à un nouvel industrie du chanvre, combiné aussi aux dangers de la consommation d’alcool commence à faire parler d’elle dans les coulisses du pouvoir américains. L’étau se resserre.

En effet, en 1911, la Nouvelle-Orléans, puis la Louisiane, le Mississippi et autres états le long du fleuve Mississippi prohibèrent la consommation de mari. L’alcool commence aussi a être reconnue comme un danger par la société. Les femmes font pression pour interdire la vente d’alcool; qui redeviendra de nouveau légal en 1933.

Noirs coupant du chanvre au Kentucky dans les années 1930 (image: bittersoutherner.com)

De même, considéré comme démoralisant pour les soldats français, le haschisch est interdit au beau milieu de la première Grande Guerre, un an après l’absinthe, par la « loi sur les substances vénéneuses » du 12 juillet 1916 au même titre que la morphine ou la la cocaïne. Aux États-Unis, à cette époque, Harry J. Anslinger, personnage politique influent, s’est dit: « interdisons le chanvre ». W. Randolph Hearst, magnat de la presse écrite, l’a suivi ainsi que la compagnie  Dupont, une entreprise de produits chimiques. Les trois groupes formèrent un lobby rejoint par l’industrie du coton pour interdire le chanvre. La raison derrière ce front commun résidait dans le ré-intérêt économique relatif au chanvre. Par exemple, avant les années 1930, il fallait 300 heures pour planter, ramasser et extraire la fibre d’un acre de chanvre. Par la suite, ce temps de 300 heures pour un homme tomba à 1 heure par homme avec l’utilisation des nouvelles machines.

Qui plus est, la fibre atteignit une qualité exceptionnelle. Ça aurait été le début de la fin pour les autres fibres naturelles et synthétiques comme le nylon; n’étant plus compétitive face au chanvre, la fibre étant moins coûteuse, plus solide et plus douce par surcroît. Par ces arrières jeux de pouvoir, le gouvernement américain interdira une fibre et obligea le monde entier à faire de même. C’est peut-être une raison qui explique pourquoi il n’y a jamais mention de cette plante dans aucun des anciens catalogues de semences québécois ou canadiens. Comme si elle n’avait jamais existé.

Pourtant, dans le Journal des campagnes du 21 août 1884, M. Paul de Caze dresse une liste de plantes recueillies, en fleur, durant sa promenade qu’il vient de faire dans le golfe Saint-Laurent, avec indication des lieux et les dates auxquelles ces plantes ont été cueillies. Cette photographie ci-dessous de 1938 montre également un toit d’un bâtiment agricole de la région de Yamachiche conçu avec du chanvre.

Toit de chanvre à Yamachiche, comté de Maskinongé en 1938 (image: Marc Leclerc)

Quoi qu’il en soit, l’invasion par le Japon  de la Chine et des Philippines, gros producteurs de chanvre, provoque un rationnement. De son côté, comme de nombreux grands chefs militaires avant lui, Hitler prend conscience de son importance car il entre dans la fabrication de nombreux équipements de guerre. Lorsque les troupes allemandes envahissent la Russie, en 1941, elle coupe voie au chanvre russe. L’Allemagne continue de produire cette fibre mais prive l’Angleterre de cette matière primordiale à l’effort de guerre.

Le chanvre pour la victoire 1943 (image: hashmuseum.com)

En 1942, les troupes allemandes atteignent le cœur de la Russie Leur pays continue néanmoins à produire encore du chanvre. Il permet à Hitler de préparer ses prochains projets militaires. Pour protéger son approvisionnement, l’Angleterre demande à l’Inde d’accroître sa production. Pendant ce temps, la guerre gagne du terrain au Japon. Lorsque les japonais bombardent Pearl Harbor, ils obligent les américains à entrer en guerre. Ceux-ci s’aperçoivent qu’ils n’ont plus accès à leurs sources d’approvisionnement en chanvre. Car, malgré tout, les États-Unis dépendent entièrement du chanvre pour les cordages. les fils et ficelles pour les chaussures ainsi que des équipements divers. Ils décidèrent de démarrer une industrie de guerre pour le chanvre. Ils légalisèrent à nouveau la marijuana et distribuèrent des graines à ses fermiers. Ils adoptèrent même un chant « du chanvre pour la victoire » pour encourager cet effort de guerre.

Les forces aériennes des alliés dépendaient complètement du chanvre. Les sangles des sacs à dos et les parachutes étaient confectionnés de chanvre. La guerre enclenche une véritable recherche dans ce secteur pour trouver toutes sortes de débouchés utiles à cette plante. Par exemple, en 1941, Henry Ford inventa la « hemp car » ou la « voiture de chanvre », une carrosserie composée à partir de fibres de cellulose de paille de blé, de chanvre et de soya ainsi qu’un liant à base de résine. Plus résistante que l’acier, un coup de massue n’arrivait pas à l’endommager.

Henry Ford (à droite de la photographie) et sa voiture de 1941 construite avec, entre autre, du chanvre (image: truththeory.com)

Néanmoins, une fois les japonais chassés des Philippines en 1944, les niveaux de production de chanvre d’avant-guerre reviennent à la normale. Après les années de guerre, un nouveau monde apparaît. L’Inde obtient son indépendance grâce à la mécanisation; le pays double sa production et peut développer ses exportations vers les États-Unis et le reste du monde. Comme par hasard, les américains interdisent de nouveau la culture du chanvre sur leur territoire mais en important des milliers de tonnes pour approvisionner l’industrie lors du boom économique.

La France quant à elle, malgré la prohibition des États-Unis, continue à produire du chanvre jusque dans les années 1950. Mais le développement des fibres synthétiques  un peu partout dans le monde a drastiquement fait baisser cette production jusqu’à ce que l’industrie textile du chanvre meurt de sa belle mort à la fin des années 1960. Durant ces années, les groupes rock (ex: les Rolling Stones) et les hippies encouragent la consommation de cannabis. En 1970, les Rastas en Jamaïque consomment le cannabis pour communiquer avec leur Dieu; qu’ils considèrent comme la nourriture spirituelle. Toujours dans les mêmes années, le cannabis est légalisé à Amsterdam. « Ben Dronckers » devient le premier producteur de marijuana au monde millionnaire avec son entreprise Sensi seeds.

Ben Dronkers dans les années 1970 (image: thedevilsharvestseeds.com)

Bon, après 2 mois j’arrête cette incursion dans l’histoire fantastique du cannabis. J’aurai sûrement pu écrire un livre tellement son passé recèle d’anecdotes. Peut-être qu’un jour, j’écrirai une partie 4, plus spécifique à notre Québec comme complément d’information. En attendant, sur une note plus moderne, je vous suggère de lire « La petite histoire du Jean-Guy« , ou « Qui choisit les noms des variétés de cannabis« .

L’histoire du chanvre (partie 2)

18 jeudi Avr 2019

Posted by Michel in Céréales du patrimoine:

≈ 2 commentaires

Ouf! Après trois semaines de recherche, je reviens avec un autre petit bout. J’ai sous-estimé l’énergie pour creuser le sujet. Je vous encourage, si ce n’est déjà fait, à relire la partie numéro un pour une lecture plus fluide. J’y abordais l’historique du chanvre avant qu’il n’arrive définitivement en Amérique du Nord et plus spécifiquement au Canada.

En effet, vers la fin de la première partie, Jacques Cartier offrit dès son arrivée des cadeaux aux autochtones sous forme de graines et de vêtements conçus en tissus de chanvre. Louis Hébert, premier apothicaire et agriculteur du nouveau monde en plantera en 1606 à Port-Royal, berceau de l’Acadie, avant d’en amener avec lui lors de son déménagement à Québec en 1617. Bien qu’on amenâmes par bateaux des bœufs, des ânes et plus tard des chevaux pour le défrichage des terres pour aider les premiers colons de la Nouvelle-France, l’autosuffisance ne fût réalisée que dans les années 1640. Et quand bien même, la commercialisation des produits agricoles restera toujours difficile sous le régime français.

Louis Hébert (image: l’abbé A.C. Hébert, Montréal 1918. Archives nationales du Canada)

Jean Talon (image: patrimoine-culturel.gouv.qc.ca)

Ailleurs, la popularité grandissante du cannabis-textile s’étendait un peu partout dans le monde avec la poussée de la colonisation. Au milieu des années 1600, l’Espagne le cultivait au Chili, la Grande-Bretagne en Nouvelle-Angleterre et les entrepôts royaux français promettaient quant à eux d’acheter tout le cannabis produit par les agriculteurs canadiens. L’intendant Jean Talon (1626-1694) réservera des lots pour des expériences et des démonstrations agricoles en introduisant des cultures telles que le houblon et le chanvre. Certaines taxes pourront même être payées avec des tiges de chanvre et les agriculteurs récalcitrants à sa culture se voyaient passibles d’une sentence. On ne riait pas. Plusieurs noms de villes et régions du Québec ont même été baptisé de noms liés à cette importante culture d’autrefois comme Hampshires, Hempsteads et Hamptons.

Toutefois, la difficulté à l’époque ne consistait pas à cultiver du cannabis en soit mais à préparer les fibres pour leur utilisation courante. Les longues fibres externes de la tige devaient être séparées des fibres pulpeuses internes. Ce processus, appelé «rouissage», prenait énormément de main-d’oeuvre et de temps. À cause de ça, la plupart des colons préféraient les cultures vivrières. Et, même si les gouvernements, tant français qu’anglais, ont tout fait pour inciter les agriculteurs canadiens à planter davantage de cannabis pour la fabrication de textiles, les colons préféraient, de loin, cultiver de quoi manger plutôt qu’engraisser une culture marchande. Qui pourraient les en blâmer. Premier exemple.

Rouissage du chanvre (image: Marzolino, journal universel Paris, 1860)

En 1668, Jean Talon, premier intendant, confisqua tout les fils des magasins de toute la colonie en déclarant qu’il ne le vendrait qu’en échange de chanvre de cannabis. Sans aucun fil, les colons ne pouvaient donc plus réparer, ni fabriquer leurs vêtements. Ils ont donc été, en contre-partie, dans l’obligation de faire pousser plus de fibres de cannabis. Deuxième exemple.

En 1790, le gouvernement de l’Angleterre enverra gratuitement 2 000 boisseaux (environ 50 tonnes métriques) de graines de cannabis russes à tous les agriculteurs du Québec. Parmi tous, seulement quinze l’acceptèrent. Le reste des graines pourrirent. Na! Na! Na! Dix ans plus tard, le Parlement britannique envoya deux spécialistes du cannabis en leur promettant richesses et terres gratuites s’ils parvenaient à convaincre les colons de cultiver davantage de cannabis mais aussi à les former correctement à sa culture. Mauvais temps, inondations du printemps et mauvaises semences rendirent l’expérience un désastre. Mais pourquoi la France et la Grande-Bretagne souhaitaient-elles tant produire du cannabis dans leur nouvelle colonie? La réponse se trouve de l’autre côté de l’océan Atlantique.

USS Constitution en 1803 (image: wikipedia)

En effet, juste après la conquête du Canada par les anglais, la course au chanvre nous ramène dans les vieux pays soit à la campagne d’Égypte (1798-1801) où les troupes françaises tentaient de bloquer la Grande-Bretagne d’accéder à la route de l’Inde en prenant possession de l’Orient. Pendant des décennies le chanvre demeurera une matière stratégique. Il composera la majeure partie des cordages et des voiles de navires. À elle seule, la frégate américaine USS Constitution exigeait plus de 60 tonnes de chanvre juste pour ses cordages et voiles. Importé à 90% d’Italie et de Russie, la conquête napoléonienne amena le roi Georges III à développer ses propres cultures et manufactures. De retour chez-nous, la Grande-Bretagne persistera encore dans cette idée en faveur des textiles de cannabis et, en 1802, le gouvernement canadien nommera plusieurs agriculteurs importants au sein d’une nouvelle commission pour l’encouragement à la culture du chanvre. Le 22 février 1806, on assistera à la création de la « Upper Canada Agricultural and Commercial Society« . Mais il faudra attendre encore au moins deux décennies avant que l’industrie du cannabis ne décolle enfin chez-nous. En réaction à toutes ces tractations, Napoléon signera un accord le 07 juillet 1807 avec le tsar Alexandre 1er. Le traité de Tilsit interdira l’expédition de chanvre en Angleterre et aux États-Unis. Mais Alexandre 1er laissera quand même passer le chanvre en contrebande en destination de l’Angleterre. Petit coquin! C’est l’un des éléments qui poussera Napoléon à envahir la Russie. Mais ce dernier devra battre en retraite à cause de l’hiver précoce de 1812.

Champ récolté de chanvre. Année inconnue (image iastate.edu)

Y’a pas à dire, alimentaire, utilitaire, euphorisant, cette plante exerça toute une influence entre le 17e et le 19e siècle. Dans la partie 3, elle continuera à faire couler beaucoup d’encre dans les siècles suivant.

L’histoire du chanvre (partie 1)

23 samedi Mar 2019

Posted by Michel in Céréales du patrimoine:

≈ 1 commentaire

Chanvre, dessin botanique

Selon moi, le chanvre fait partie du top 10 des plantes ayant influencé, voire changé le cours de l’histoire de l’humanité. Adoré pour ses propriétés médicinales, nutritif, vénéré pour ses attributs euphorisantes, utilisé pour le commerce, l’industrie et la guerre, il a été autant détesté par les politiciens, l’église, certains grands dirigeants d’entreprises et les gens de bonne mœurs. Comme vous le lirez, ses multiples usages lui procure une versatilité surprenante. Et, malgré tout ce qu’on dira, il fait partie de notre patrimoine agricole. Et même ici au Québec, bien que les gouvernements et la répression policière ont tenté de l’éradiquer depuis des décennies, il nous côtoie depuis le début de la colonie. Petit récapitulatif en plusieurs parties chronologiques d’une destinée hors de l’ordinaire.

ABC ÉTYMOLOGIQUE

Au départ, première nuance importante! Que ce soit chanvre (« hemp en anglais »), marijuana ou cannabis, c’est la même plante. Le terme chanvre « fil et filasse » dérive du vieux français « chenvre », « plante-textile ». Quant à « marijuana » issu de l’espagnol mexicain, il se relie à la drogue. Le mot « cannabis » quant à lui sert à l’identifier par son nom botanique « cannabis sativa » ou « cannabis india » (dans les vieux ouvrages). Saviez-vous que le terme latin cannabis réfère à l’expression « tige (cann) à (a) deux sexes (bis) »? La plante possède effectivement la particularité d’avoir à la fois le sexe mâle et femelle. Le haschisch désigne la résine produite par la plante qu’on transformera pour la fabrication de divers produits (huile, tablettes compressées, vaporisateurs, pilules…). Il reste finalement tout l’arsenal d’expressions communes du genre « pot » « mari« , « herbe« , « weed« , « joint » et j’en oublie sûrement, se rapportant aux « pétards roulés » qu’on fume sous forme de tabac séché ou coupé. Ouf! J’espère ne rien oublier.

UNE TRÈS, TRÈS, TRÈS ANCIENNE PLANTE

ShenNung (image: antiquecannabisbook.com

Il apparaît très difficile d’identifier son lieu d’origine exacte. Certains évoquent l’Himalaya, d’autres la Mésopotamie mais bon nombre des sources s’entendent pour situer le sud-est de la Russie où on l’utilisait, entre autre, pour la fabrication d’arcs, d’armes de guerre, de farine et pour les filets de pêche. Les chinois quant à eux confectionnaient une fibre par broyage de la tige pour créer des tissus quatre fois plus résistant que le coton et cela, 4500 ans av. J-C. Son utilisation en Chine remonterait même jusqu’au 28e siècle av. J-C où l’empereur Shen Nung (2838-2698 av. J-C) l’incorpore dans sa pratique lors des fondations de la médecine chinoise traditionnelle. Car, petit bémol non négligeable, le plant contient du delta-9-tétrahydrocannabinol, communément appelé THC.

De fait, on retrouve la mention des effets de cette molécule active d’aussi loin que dans les écrits grecques. Depuis des milliers d’années, les médecins de tout acabit la prescrivent sous forme d’huile, de graines ou en tabac comme antidouleur, pour soulager les maux des malades allant de la dépression jusqu’au cancer et j’en passe.

D’autre part, il est intéressant de noter qu’on s’en servait également pour la fabrication de papier. Inventé par les chinois, son secret fût conservé jusqu’au 5e siècle ap. J-C pour se perpétuer au Japon, au Moyen-Orient et enfin apparaître au 13e siècle en Europe. Les moines copiste travaillaient sur du papier de chanvre à la lumière d’une lampe à l’huile de chanvre. Moult textes mentionnent qu’apparemment le premier livre imprimé au monde, la bible (1456), éditée par Johannes Gutenberg (1400-1468), l’aurait été sur du papier de chanvre. Ailleurs en Inde, on l’offrait en offrande à la déesse KALI ou on le fumait lors d’événements religieux comme les baptêmes et les mariages. Pendant le déclin de l’empire romain, le chanvre est devenu le véritable nerf de la guerre. Administré par le « procureur du chanvre », l’une des positions les plus importante de la hiérarchie, deux réserves ont été créées des deux côtés des Alpes; Ravenne et Vienne. Le chanvre ne leur servait pas juste pour la guerre mais à toutes sortes d’utilités tels la fabrication de vêtements, d’abris, de nourriture, de défense, d’attaque et de médecine. En fait, il se retrouve à tellement d’endroits, tant d’époques et côtoie autant d’empires qu’il devient ridicule de tous les mentionner. Sans doute pour sa facilité de culture. D’une taille pouvant aller jusqu’à 4 mètres, cette annuelle à croissance rapide atteint sa pleine maturité en 4 mois (entre mai et septembre). Elle n’a ni besoin d’herbicide car sa densification et sa hauteur épuise toutes les autres mauvaises herbes. Aucun insecticide n’est non plus requis car elle possède sa propre réserve de répulsif naturelle. Trop facile!

Chinois fumant le cannabis (année et auteur inconnu)

Néanmoins, le début de l’amour-haine paraît survenir durant l’avènement du christianisme où la consommation du cannabis et de ses effets dopant sur les gens le reliera aux rituels sataniques. En 1484, le pape Innocent VIII (1432-1492) déclarera sacrilège son utilisation et seul les gens, habituellement des femmes, ayant une très bonne connaissance en herboristerie continueront de transmettre ce savoir en déclin. Inutile de vous rappeler qu’on les accusait de sorcellerie pour ainsi détenir ces connaissances hors de l’entendement. Curieux de constater qu’il sera offert par Christophe Colomb parmi les cadeaux remis aux autochtones sous forme de graines et de vêtements en chanvre lorsqu’il découvrira l’Amérique en 1492. Dans notre seconde partie, vous découvrez un autre chapitre rempli de rebondissements lorsqu’il s’intégrera par la bande dans nos mœurs nord-américaines.

Curiosités au potager: Le blé bleu Utrecht

06 jeudi Déc 2012

Posted by Michel in Céréales du patrimoine:, Curiosités au potager

≈ 2 commentaires

Blé bleu Utrecht (photo: Gisèle d'Avignon)

Blé bleu Utrecht (photo: Gisèle d’Avignon)

Utilisée comme plante ornementale ou pour la confection de farine, vous ne manquerez pas d’être séduit par la beauté de sa couleur bleutée. Originaire d’Utrecht en Hollande et créé au début du 20e siècle, si vous êtes tentés de produire vous même votre farine, sachez qu’elle est très coriace à battre à la main.

Toutefois, d’une hauteur de 145 centimètres, elle peut facilement être séchée pour la confection d’arrangements floraux.

Jim Ternier, ancien président du Semencier du patrimoine en cultive justement depuis de nombreuses années avec toutes sortes d’autres cultivars anciens à l’abbaye de St.Peter en Saskatchewan. Vous pouvez justement consulter une bibliothèque d’images sur leur site Internet. Cet édifice est le plus ancien monastère bénédictin au Canada. Bien que l’emplacement Saint-Pierre de Münster remonte à 1903, la communauté a quant à elle été fondé par Oswald Moosmueller 10 ans plus tôt à l’abbaye de Saint-Vincent à Latrobe en Pennsylvanie (États-Unis).

Il est à noter qu’à chaque troisième dimanche d’août, Jim Ternier invite le public à visiter ses champs de blés anciens. Les gens sont également les bienvenus à tout moment mais il suggère de le contacter au préalable. N’hésitez pas à lui parler en français car il parle très bien cette langue.

Vous pouvez commander cette variété à Prairie Garden Seeds.

Le « Heritage Wheat project »

04 mercredi Avr 2012

Posted by Michel in Céréales du patrimoine:

≈ Laisser un commentaire

Sharon Rempel (source: http://www.bakersjournal.com)

Pouvant être traduit librement comme le « Projet blé du patrimoine », cette initiative orchestrée par Sharon Rempel, agronome et « activiste céréalière », a débuté  en 1998 avec l’aide du  Garden Institute of British Columbia, un organisme à but non lucratif situé à Victoria en Colombie Britanique. L’un des mandats de ce programme consiste à trouver du financement pour aider les banques de semences locales, régionales et internationales. Depuis ses débuts, il a permis une série d’initiatives telles:

  1. Une étude préliminaire sur l’absorption par les semences de nutriments ajoutés dans le sol via des mélanges de bactéries et de champignons présents dans le thé de compost.
  2. La mise sur pied en Alberta d’un champs de quarantaine pour l’essai d’anciennes variétés de blé originaires des États-Unis.
  3. Le lancement du « Maritimes Heritage Wheat Project « . Ce programme a pu identifier un cultivar de blé cultivé depuis 1940 du nom d’Acadia. Cette variété  a comme principal mérite de s’adapter aux conditions agricoles et climatiques maritimes de l’est du Canada mais aussi d’être mieux digéré par ceux ayant des intolérances aux blés présents dans les pains industriels.
  4. Des champs d’essai (variétés modernes versus anciennes) afin d’en observer le comportement en tenant compte de nos techniques de culture biologiques contemporaires.
  5. La construction d’une base de données servant à jumeler les caractéristiques des anciens cultivars les plus susceptibles de répondre de manière positive aux changements climatiques mondiaux.

De plus, le site de Sharon Rempel, recense 34 anciennes variétés de blés canadiens créées entre 1885 et 1976 mais aussi de la documentation gratuite. Nous vous suggérons son oeuvre « Heritage Gardens….Inspirations from our Past« , dans laquelle vous pourrez consulter une section sur l’histoire de l’agriculture au Canada et plus spécifiquement sur les plantes (fruits, céréales, fleurs et légumes) cultivés entre 1600 et 1900.

Image symbolisant les mains responsables de l'approvisionnement alimentaire (photo: Terry Chapelas)

Le blé Marquis

03 mardi Avr 2012

Posted by Michel in Céréales du patrimoine:, Personnages liés à l'agriculture au Québec

≈ 2 commentaires

Seriez-vous surpris d’apprendre qu’avec la création du blé « Marquis« , un croisement entre le blé « Red Fife »(voir article du 02 avril 2012) et le « Hard Red Calcutta » de l’Inde, naissait du même coup la biotechnologie au Canada?

En effet, il fût sélectionné en 1892 par Sir Charles Edouard Saunders (1867-1937) à la Ferme expérimentale centrale d’Ottawa et testé à la Ferme expérimentale d’Indian Head en Saskatchewan pour la première fois en 1907. Cette découverte fît exploser la productivité de cette céréale au pays et fît du même coup une différence cruciale durant la première guerre mondiale. Décrit à l’époque comme:

…un des plus grands exploits du monde dans l’amélioration génétique des cultures sur le plan économique.

… sa culture dépassa les 200 millions de boisseaux en 1911, une première historique au Canada.

Charles Saunders (source: www4.agr.gc.ca)

Avant cette prodigieuse percée, les agriculteurs canadiens ne pouvaient cultiver  suffisamment de blé pour nourrir la population nationale parce qu’ils ne parvenaient pas à maturité suffisamment tôt avant l’hiver. L’exportation à l’étranger s’avérait hors de question.

Son arrivée transforma donc le Canada en l’un des plus grands producteurs de blé au monde. La hausse de cette production coïncida comme une véritable bénédiction pour nos alliés français en 1915 puisque les sources d’approvisionnements en blé en provenance d’Australie et d’Argentine étaient stoppées par les sous-marins allemands. L’exportation de 90% du blé envoyé en France par le Canada s’avérait du « Marquis », un cultivar de printemps, à maturité précoce, possédantt une haute valeur boulangère et meunière.

Timbre-poste blé Marquis en 1909 (source: Société canadienne des postes)

En 1928, 90% de toutes les surfaces cultivables dans les Prairies canadiennes (20 millions d’acres) avaient été remplacées par cette variété. C’est dire l’énorme potentiel qu’il possédait durant cette période. Ce n’est pas pour rien s’il domina le monde pendant les décennies suivantes.

Toutefois, bien qu’il y ait encore des spécimens disponibles pour les chercheurs à des fins d’études, le blé Marquis a été remplacé par des variétés encore plus précoces et résistantes aux souches plus récentes de la rouille. Encore aujourd’hui et ce, depuis les 100 dernières années, il est très rare de ne pas retrouver une variété de blé ayant des croisements génétiques avec le « Marquis »; une souche exceptionnelle.

Pour en savoir plus, consultez, la découverte du blé Marquis.

Le blé Red Fife

02 lundi Avr 2012

Posted by Michel in Céréales du patrimoine:

≈ 3 commentaires

Blé Red Fife (source: http://elmhirst.ca)

« Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ».

Ça vous dit quelque chose? Ce fût le moment de l’institution de l’Eucharistie par Jésus Christ lors de son dernier repas avec ses disciples avant sa crucifixion. En raison du congé Pascal et de sa symbolique liée au pain, nous avons songé  écrire une thématique de 4 jours consécutives concernant les céréales et plus spécifiquement celles du patrimoine canadien.

En effet, elles ont joué un rôle primordial dans notre histoire nationale. Nous commençons donc par le blé « Scotch Fife » plus souvent reconnu sous l’appellation « Red fife », soit l’ancêtre de tous les blés du Canada. Comme son nom l’indique le mot « RED » fait référence à la couleur rouge du grain et « FIFE » à David Fife et sa famille ayant débuté sa culture en 1842 sur leur ferme de Peterborough en Ontario.

Selon l’encyclopédie canadienne, l’histoire de cette variété voudrait:

qu’un chargement de blé cultivé en Ukraine se trouvait sur un bateau dans le port de Glasgow. Un ami du fermier Fife échappa son chapeau dans le blé rouge, collectant ainsi quelques graines dans la bande du chapeau, qu’il envoya ensuite à Fife. Le blé poussa et la vache de la famille mangea tous les épis à part un qui fut rescapé par Mme Fife. C’est ainsi que débuta la culture du blé Red Fife au Canada.

David Fife (1805–1877)

En fait, les grains seraient plus spécifiquement originaires de la Galicie en Ukraine et leurs particularités résident dans la variabilité génétique qui leur permettent de s’adapter à des conditions de plantation variées. Le grain peut devenir dur ou mou, blanc ou rouge, se planter en hiver ou au printemps, etc. Il se caractérise aussi par un goût de noisette et une saveur robuste exceptionnelle. Ce cultivar revient à la mode après avoir atteint des sommets entre 1882 et 1909 où il déclassa l’ensemble des autres blés semés à travers le Canada.

Le blé Red Fife est d’ailleurs considéré comme la première variété de blé à protéger dans l’arche du goût de l’organisme Slow food Canada.

Pour en savoir plus sur l’histoire de cette variété, consultez les origines du blé Red Fife.

Catégories

  • Agrotourisme patrimonial
  • Avis de recherche
  • Événements et perfectionnement
  • Biodiversité
  • Carte postale du mois
  • Céréales du patrimoine:
  • Curiosités au potager
  • Fleurs alimentaires ancestrales
  • Fleurs d'antan
  • Fruits du Québec
  • Fruits et légumes du Canada
  • Légumes du Québec
  • Les herbes nuisibles ancestrales
  • Outils de références
  • Personnages liés à l'agriculture au Québec
  • Plantes comestibles indigènes au Québec
  • Production de vos semences
  • Saveurs d'autrefois
  • Types de jardins-potagers
  • Vieux trucs de jardinier
  • Visites de potager

Balados jardinage du Québec

  • Radio légumes et cie

Blogue jardinage

  • http://jardinsdarlington.ca/fr/blogue-du-fermier/
  • Je suis au jardin
  • L'année du jardinier
  • Le jardinier maraîcher
  • Le potager urbain
  • Les Jardins d'Arlington

Liens

  • Jardinage Québec

Organismes de promotion de la culture potagère

  • Action Communiterre
  • Centre d'initiative en agriculture de la région de Coaticook

Organismes de sauvegarde du patrimoine agricole

  • Rare breeds Canada
  • Salt Spring Sanctuary Society
  • Seeds savers
  • Semences-Partage
  • Semencier du patrimoine

Production arboricole au Canada

  • Apple Luscious
  • Silver Creek Nursery

Production arboricole au Québec

  • Pépinière ancestrale
  • Pépinière Casse-noisette
  • Pépinière fruitière rustique & ancestrale
  • Pépinière Green barn nursery

Production de plantes indigènes du Québec

  • Horticulture Indigo
  • Pépinière rustique

Production de semences ancestrales au Canada

  • Annapolis Seeds
  • Casey's heirloom tomatoes
  • Eagle Creek Seed Potatoes
  • Eagleridge seeds
  • Eternal seed
  • Full circle seeds
  • Greta's Organic Gardens
  • Hawthorn Farm Organic Seeds
  • Heritage Harvest Seed
  • Heritage Seed and Produce
  • Hope Seeds
  • Norton Natural, native & perennial vegetables
  • Prairie Garden Seeds
  • Terra Edibles
  • Urban Harvest
  • Yuko open pollinated seed

Production de semences ancestrales au Québec

  • Ferme cooprative Tourne-sol
  • Jardins de l'Écoumène
  • Jardins de la gaillarde
  • Jardins du Grand-Portage
  • Jardins la brouette
  • Jardins Laurentiens
  • Jardins Missisquoi
  • Le Jardin de Julie
  • Le jardin des vie-la-joie
  • Le noyau
  • Le potager ornemental de Catherine
  • Les jardins Boréals
  • Les jardins féconds de Kélanie
  • Les semences du batteux
  • Les semences nourricières
  • Micro serre rustique
  • Nouveau paysan
  • Semences Solana
  • Société des plantes
  • Terre promise

Production de semences exotiques au Québec

  • Rarexoticseeds

Production maraîchère de légumes anciens au Québec

  • L'Orée des bois
  • La croisée des cultures
  • La Grelinette
  • Les jardins d'Ambroisie
  • Les jardins de la terre
  • Pépinière Jean Gagné

Web télé

  • Le jour de la terre
  • Secrets de jardinage
  • Vos agriculteurs

Saisissez votre adresse e-mail pour vous abonner à ce blog et recevoir une notification de chaque nouvel article par e-mail.

Créez un site Web ou un blogue gratuit sur WordPress.com.

  • Suivre Abonné
    • Potagers d'antan
    • Joignez-vous à 550 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • Potagers d'antan
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné
    • S’inscrire
    • Ouvrir une session
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…