Récolte du blé sur la ferme de monsieur Jos. Trépanier à Nédélec, comté de Témiscamingue en 1953 (photo: Omer Beaudoin)

Malgré le grand fouillis sur mon bureau, j’estime posséder une certaine habileté à établir des liens avec ce qui m’entoure, ce que je lis, ce que j’entends, ce que j’observe et me souviens. Et paf! Ça se met en place; souvent tout seul. Par exemple, cette famille récoltant leur champ de blé m’a aussitôt fait penser à un petit papier griffonné depuis des années quelque part reclus dans une pile oubliée sur lequel j’avais inscris « engrain », l’ancêtre du blé.

Aussi surnommée »petit épeautre », ce fût la première céréale domestiquée par l’homme au Proche-Orient vers 8 000 av. J-C. Parmi les plantes ayant contribué à l’avancement de l’humanité, elle se classe probablement dans mon palmarès des tops 10. Il est important de souligner que l’engrain n’est pas une variété mais bien une espère. Son adaptation a permis la création d’une foule de variétés de blés tendres et durs. En se faisant domestiquer et se transportant avec les échanges dans diverses régions du globe, la plante primitive, avec le croisement d’autres espèces, a permis aux populations de se sédentariser et de croître. Mais, ce qu’on oublie trop souvent, c’est qu’en adaptant ces variétés, ces dernière nous ont demandé de nous adapter à elles.

Par conséquent, on a facilité leur transformation mais aussi leur récolte. Aujourd’hui, nous devons parler davantage de variétés paysannes et non de variétés anciennes car, à cause de leur adaptation aux climats, on ne pourrait probablement plus prendre une semence viable d’il y a 1000 ans et la replanter sans risque qu’elle survive. C’est pourquoi il est tellement important de les resemer pour qu’elles puissent continuer à s’adapter aux changements climatiques.