
Épouvantail à corneilles pour un champ de fraises à la municipalité de Sainte-Famille à l’Île d’Orléans (photo: Omer Beaudoin, 1951)
Je fréquente les friperies locales. Ça vous surprend? Premièrement pour encourager des entreprises d’économie sociale et communautaires. Dans ma région, plusieurs redistribuent leurs bénéfices en services auprès des plus démunis. En plus, elles procurent des emplois à des gens en réinsertion professionnelle, officialisent les heures de travaux communautaires obligatoires, brisent l’isolement de personnes seules ou valorisent notre sentiment de se sentir encore utile dans la vie. Deuxièmement, pour remettre en circulation des vêtements qui, autrement, se seraient retrouvés au dépotoir. Je trouve malheureux salir, déchirer, transpirer dans du linge neuf en sachant qu’il servira pour des tâches super salissantes. Quatrièmement, pour le prix. Mon épouvantail se contente d’une chemise laide à 2$ et il ne s’est jamais plaint.
Avant la venue des friperies, nos grands-mères et arrières grands-mères parvenaient à confectionner toutes sortes d’objets utiles avec des vieilles retailles. Que ce soit courtepointes, tapis crochetés ou catalognes, la récupération créative devenait mère des besoins. Si l’envie vous vient de redécouvrir ces arts anciens, inscrivez-vous à un atelier (lorsque cette foutue COVID-19 sera passée) à l’École des métiers et traditions. Mais trêve de détours pour vous expliquer qu’au bout du rouleau, vos vieux gaminets peuvent servir encore un dernier tour en passant par le jardin avant d’aboutir chez un recycleur textile.

Madame Lévis Laflamme à son métier à tisser. Sainte-Henédine, comté de Dorchester (image: Omer Beaudoin, 1952)
Attaches pour vos plantes. Déchiré en lanières, un tee-shirt pourra vous fournir une quarantaine d’attaches. Qu’elles soient pour vos tomates, arbustes, grimpantes, grandes fleurs (ex: tournesols), le coton flexible et souple s’adaptera à l’expansion des tiges au cours de l’été. Pas assez long? J’en attache deux ensemble. Un truc de moins à acheter en jardinerie. Ici-bas les étapes proposées.
Tee-shirt foutu, très usé, rempli de trous. Je fais la honte de ma fille auprès de ses amies tellement je ressemble à un jardinier-guenillou.
- Inciser avec un ciseau et déchirer à la main le long des coutures.
- Pans du vêtement sans couture. Les coutures serviront aussi d’attaches. On ne perd rien.
- Couper quelques centimètres chaque début de déchirures. Ça permet de les faire égaux ou presque et plus facile pour déchirer.
- Le vêtement affaibli par les lavages récurrents rendent la tâche super facile. Allez y dans le sens de la fibre sinon, vous déchirerez n’importe comment.
- Au final une trentaine d’attaches et au moins 4 guenilles. Si vous ne faites pas de guenilles, vous ferez 40 attaches de différentes grosseurs.
IMPORTANT 1: Lorsque installerez vos attaches, croisez-les (voir image) entre le tuteur pour empêcher celles-ci de scier la tige bougeant au rythme du vent. Sur la photo, mon doigt représente la tige de la plante.
IMPORTANT 2: À cause du soleil et des conditions climatiques, ces attaches ne dureront qu’un an. Privilégier les plantes annuelles ou un « attendant » pour les arbres ou arbustes, le temps de les retirer à l’automne et les remplacer par quelque chose de plus durable. Recyclez ensuite.
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Harold Jewel tente, à l’aide d’un mouchoir, d’enlever une poussière de l’oeil de Rita Bode (Photo: Conrad Poirier, 1944)
Guenilles pour les dégâts. J’ai toujours une ou deux guenilles dans mes poches pour essuyer quelque chose, surtout mes mains ou mon front l’été. Sinon, me moucher. Avant l’invention du mouchoir jetable, les us et coutumes voulaient qu’on se serve d’un pan de tissu lavable. Vous en souvenez-vous?
- Dessus pour vos bocaux en verre. Par exemple, j’ai concocté en 2020 un vin de griottes dans des bocaux en verre; assez costaud côté pourcentage d’alcool mais un succès général auprès de celles et ceux l’ayant goûté. Je déchire donc mes tee-shirts comme je le ferai pour mes guenilles, soit assez grande pour cacher les rebords des bocaux constamment recouvert de poussière après un certain temps. Utilisez-les aussi pour des pots remplies de semences annuelles (ex: haricots), marinades, gelées, confitures, bref… tout ce qui se conservent. Attacher avec ce que vous avez sous la main (corde, élastique, autre retaille de vêtement…) et écrivez l’année sur le dessus avec un crayon indélébile pour vous retrouver. Quand c’est caché, ça fait plus beau et rustique. Si c’est pour un cadeau, ayez la présence d’esprit de prendre vos plus belles parties et de laver votre vieux linge avant de les déchirer. Des ronds de sueurs et une petites odeurs de fumier laissera vos interlocuteurs se poser des questions sur votre jugement.

Une religieuse des Filles de la Sagesse dépose des bocaux de médicaments sur une étagère à l’hôpital Sainte-Justine à Montréal (Photo: Conrad Poirier, 1944)
Vous n’avez aucun vieux tee-shirts ou pas assez pour votre projet. Pas de problèmes, les friperies vous accommoderont en vous en vendant à un prix dérisoire, si elles ne vous les donnent carrément pas, un gros sac de poubelle rempli de tee-shirts qu’elles considèrent impossibles à vendre. Vous leur rendrez un service en les débarrassant. Si le prix vous paraît injustifié, négociez! Et, en passant… pas de taxes.
PS. N’oubliez pas de consulter notre section commentaires car certains ont d’autres idées pour recycler vos vieux tee-shirts au potager. Merci à nos précieuses jardinières-lectrices et précieux jardiniers-lecteurs.
Bonjour Michel. J’espère que ça va bien chez vous. Est-ce que le printemps commence à te démanger les doigts ? C’est tôt mais c’est peut être nos gènes de marmotte qui se révèlent… ou se réveillent. Après tout, la marmotte n’a pas vue son ombre, du moins au Québec.
Bravo pour répandre la bonne nouvelle des vieux t-shirts. Pour ma part, je les découpe au complet au ciseau (c’est plus long) mais en spirale large de 3/4-1 po (ça évite les &$!&*+?$/ »* cassures pendant l’attache des tomates). Ça me permet d’avoir une bande d’une vingtaine de pieds de long sectionnable à la longueur de mes besoins (surtout pour les tomates indéterminées). Je récupère les cols et les « tours de taille », plus solides, pour les usages horticoles de force. Les manches entières en gardant les coutures font des guenilles de maison relativement esthétiques et très résistantes. Je garde le haut arrière du dos (presque transparent mais qui ne laisse pas de charpie) pour le nettoyage vélo.
Le t-shirt, un plus pour la civilisation ! Bien des bonjours à toute la famille.
Robert
Bonjour Robert,
Après un mois sans jardinage, ça me démange déjà.
Alors, j’écris sur le sujet et ça me fait patienter.
En passant, super ton truc sur les attaches.
Je rajoute un petit mot en bas de mon article pour que d’autres puissent aller consulter ton commentaire.
C’est sûr que j’essai.
Merci pour le partage!
Michel Richard
POTAGER D’ANTAN