Le début de l’année rime souvent avec l’achat des semences; qu’elles soient par catalogues, lors des fêtes des semences, en magasin ou via des échanges dans des clubs horticoles. Pour ma part, les deux premières options fournissent un choix bien supérieur. Pour les articles à venir, je vais profiter de cette période pour vous sensibiliser à quelques spécimens souvent peu connus de notre beau terroir québécois qui mériterait votre protection. Par exemple, il y a de nombreuses semaines, j’avais retiré la tomate « Adelin Morin » de mon blogue pour une mise à jour en fonction de nouvelles infos reçues. Je remercie Lyne Bellemare de l’entreprise de semences « Terre promise » pour ces précisions.
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En mars 2008, François Lebel, alors directeur bénévole (section Québec) de Semences du Patrimoine, reçoit une lettre de Madame Gabrielle Trahan de Rawdon. Celle-ci lui envoie des semences de tomate obtenues d’Hector Morin de Chertsey. Ce dernier les a reçues de son père, Adelin Morin, ayant vécu, lui aussi, dans la même municipalité mais les ayant cultivées plus précisément dans le secteur Marie-Reine des cœurs. Il est important de souligner que de nombreuses familles Morin habitent Chertsey depuis la fin du 19ème siècle. Les premières habitations furent érigées vers 1820 avant d’être officiellement reconnue pour être une terre de colonisation agricole en 1856.
De plus, pour faire du pouce sur Adelin Morin, le 3 janvier 2015, Jacques Carl Morin, alors secrétaire de l’Association des Morin d’Amérique, nous a gentiment envoyé une preuve généalogique prouvant l’existence d’Adelin Morin en nous faisant parvenir son ascendant depuis 1694 (voir description ici-bas). Nous vous l’inscrivons tel qu’il nous l’a fait parvenir.
I | Pierre Morin-Marsolais | Beauport, Montmorency22 Février 1694 | Madeleine Lespinay-Bardet, Jean & Catherine Granger |
II | Noël Morin | St-Sulpice, L’Assomption25 Janvier 1734 | Madeleine Perrault, Pierre & Marie Champoux |
III | Benoît Maurin | St-Sulpice, L’Assomption26 Septembre 1774 | Madeleine Collin, Pierre & Françoise Thivierge |
IV | Jean-Baptiste Morin | L’Assomption10 Août 1824 | M-Esther-Anastasie Vaillant, Louis-Moïse & M-Angélique Piché |
V | André Morin | St-Charles-Borromée, Joliette30 Octobre 1848 | Éléonore Beaudry, Pierre & Marguerite Boisvert |
V | Gilbert Morin | St-Théodore, Chertsey, Montcalm15 Juillet 1878 | Césarine-Exérine Beaudry, Louis & Odile Venne |
VI | Adelin Morin | St-Théodore, Chertsey, Montcalm10 Janvier 1923 | Célina-Exérine Desrochers, Emery & Elizabeth Brooks |
Quasi centenaire, on a affaire à une tomate rose aplatie. Elle se distingue par sa grosseur impressionnante (de 200 à 1000 grammes — entre 1 et 3 livres selon certains—) et sa laideur. Cela veut simplement dire en langage commun qu’on ne la retrouvera pas en épicerie. Un vrai fruit moche comme vous pouvez le constater sur les photographies. Pour faire dans la technique, elle possède une dépression profonde à l’attache pédonculaire. Chair ferme mais juteuse, n’attendez pas trop avant de la manger car elle se conserve moins d’une semaine, parfois moins, avant de commencer à « dépérir ». Limitez aussi vos manipulations. La peau mince fend lorsque mûre. Selon les commentaires recueillis, il y aurait un bel équilibre entre le côté sucré et l’acidité du fruit. Prévoyez une récolte entre 80 à 85 jours suite à sa plantation. Pas mal pour ce gros calibre en région froide. Croissance indéterminée (entre 1.20 et 2 mètres). Munissez-vous d’un bon gros tuteur pour la supporter. Cette tomate de collection, très, très, très rare se commande aux Jardins de l’écoumène.
Pour terminer, j’en profites pour vous montrer quelques photographies reçues de Monsieur Lebel dans lesquelles, il nous démontre les différences entre cette variété et celle de la tomate Mémé de Beauce; deux plantes qu’on a tendance confondre.
Vous serez sûrement heureux d’apprendre que Monsieur Lebel s’est assuré de la pérennité de cette variété en achetant, au nom de la famille Morin, le plein montant de son maintien par l’intermédiaire d’un programme d’adoption de la bibliothèque de semences de Semences du Patrimoine Canada. Cette initiative permettant de sauvegarder un matériel génétique vivant à perpétuité dans des conditions de conservation optimales.
REPRODUCTION DES PHOTOS INTERDITES SANS LE CONSENTEMENT DE FRANÇOIS LEBEL.
La meilleure que j’ai mangé. Cultivé dans un sol avec une bonne teneur en argile, le goût y est bien prenoncé. Très productif et s’adapte bien au climat frais.