Ce printemps, par le biais d’une conférence donnée à l’église patrimoniale de l’Acadie, j’ai rencontré par hasard Luc Charron, auteur du livre « Acadiens Dionysiens… des destins croisés« . Descendant moi-même du premier acadien du nom de « Michel Richard (dit Sansoucy) » et venu s’installer à Port-Royal en 1654, de nombreuses familles ont dû s’exiler de leur terre d’accueil cent ans plus tard suite à la grande déportation.
Toutefois, ce ne sont pas uniquement les habitants qui se sont déplacés. Suivirent aussi avec eux, pour ceux qui ont pu en emporter, leurs semences, sources alimentaires précieuses pour leur subsistance. Partout où ils se rétablirent, comme par exemple dans la région de Saint-Denis-sur-Richelieu, ils amenèrent cet héritage agricole inestimable, adapté depuis près de 100 ans, contribuant ainsi à diversifier les variétés des « locaux » venus s’installer en Nouvelle-France. Pour faite suite à notre spécial acadien débuté en janvier 2019, voici pour les trois prochains articles, autant de merveilleux trésors oubliés.
LA FÈVE « JOSEPH DUGAS » (Phaseolus coccineus)
La légende nous ramène en 1755 à Grand-Pré, un peu avant la déportation. Surprise par la vitesse à laquelle elle aurait été évincé de chez-elle pendant qu’elle travaillait au potager, une dame aurait retrouvé ces semences dans ses poches une fois arrivée à sa destination finale à Major’s Point, dans la région de Clare. Nommé en l’honneur de « Joseph Dugas » (estimé 1690-1733), l’un des premiers colons acadiens, cette fève nous remémore cet héritage et cette tradition paysanne. On doit sa survie à Walter Comeau et Herbbie Dugas qui l’on ensuite remis à Gilberte Doelle de la ferme « Wild Rose » à Gilbert’s Cove en Nouvelle-Écosse pour poursuivre la relève.
Par ailleurs, les anciens potagers de style français étaient reconnus pour combiner à la fois les plantes comestibles et ornementales. Ce haricot d’Espagne occupait ces deux fonctions à merveille par des fleurs rouges attrayantes et des haricots polyvalents pouvant être à la fois cueillis jeunes, sa floraison quasi infinie et ses graines sèches pour la cuisson. Cultivez-le sur un treillis ou une clôture solides. Ces haricots d’Espagne tolèrent les sols plus froids et peuvent même être plantés beaucoup plus tôt que les autres haricots. Maturité de 70 jours. Disponible auprès de la semencière « Hope Seeds » (site en anglais seulement).
Merci infiniment pour cette information si précieuse. Je suis également descendante des premiers Acadiens de Port-Royal. Dans mon cas, il s’agit de Jean Bastarache dit Le Basque, arrivé à Port-Royal aux alentours de 1680 🙂
Le haricot d’Espagne et alors pourquoi cette nomination de fève. Je cultive ce haricot depuis 2004 ayant été au premier abord attirée par la beauté du plant avec ses fleurs rouges et abondantes sur un plant. Ensuite, j’ai recueilli les haricot pour ensuite en prélever les fèves dès que séchées et les resemer l’année suivante aussi en faire des cadeaux auprès de mon entourage. J’en vente la beauté, la facilité à cultiver. Je suis vraiment heureuse d’apprendre qu’elles proviennent d’une acadienne exilée à qui on a pas dérobé ses fèves et qui assura ainsi la longévité de son peuple en assurant la pitance et comme les acadiens, ce haricot a bien voyagé.