Depuis 2018, Thibault Renouf, co-fondateur du réseau « Arrivage« , une initiative qui « développe des réseaux de proximité et des outils simples pour permettre aux agriculteurs et artisans de se mettre en relation avec des acheteurs professionnels sans intermédiaires« , a créé l’opération « Gardiens de semences« . L’objectif étant de proposer à des chefs restaurateurs, épiciers et transformateurs, des semences oubliées.
Au départ, l’idée a germé (je sais… le jeu de mots se veut plutôt banal) sur un coup de tête. Avec de nombreux amis agriculteurs, semenciers et chefs cuisiniers, ces derniers ont reçu le défi de cuisiner des aliments hors de leurs zones de confort. Laissant aller leur créativité, il n’en fallait pas plus pour faire le lien et, par la même occasion, remettre en valeur toutes ces plantes ancestrales. De 17 jumelages en 2018, ce sont maintenant, en 2019, plus de 50 producteurs et chefs qui se rassemblent autour de ce projet. Voulant contrer une disparition de 75% de notre biodiversité alimentaire depuis 100 ans, la première étape a consisté à demander à 9 semenciers québécois de suggérer un catalogue de semences moins « connues » qui a été ensuite envoyé à des chefs, épiciers et transformateurs intéressés. Chacun en a choisi une seule selon leur préférence. La sélection faite, le « réseau arrivage » a procédé à un jumelage avec un maraîcher partenaire qui a semé sur mesure pour le nouvel ambassadeur la quantité souhaitée. Cette approche permet à l’agriculteur de s’assurer de vendre son produit mais aussi aux receveurs d’obtenir la quantité souhaitée. Pas de pertes et un circuit de distribution le plus court possible.
Par ailleurs, en recevant leur commande, ces nouveaux ambassadeurs ont été invité à raconter l’histoire de leur semence aux clients. Parmi les anecdotes concernant l’expérience de l’an passé, citons qu’on a pu s’apercevoir qu’il était difficile de reproduire une semence paysanne. Chaque plante possède son propre mode de culture unique; souvent peu compatible avec l’agriculture moderne. Par exemple, les oiseaux ont dévoré toute la récolte de « pois St-Hubert » d’un des maraîchers la veille de la récolte. Ou encore, la conservation du cerfeuil tubéreux s’est avérée plus difficile que prévu notamment à cause des territoires et régions moins adaptées. Il y aura des ajustements de chaque côté.
Quoi qu’il en soit, il semblerait que la conscientisation de la population aux richesses oubliés de notre terroir fait graduellement son chemin. La preuve, l’édition « été 2019, vol.161 » de la revue « Continuité » dresse un dossier spécial sur le patrimoine semencier, un legs à cultiver. On y fait justement mention de ma contribution mais surtout de celles de semenciers, organismes et gens ayant à cœur la préservation de cet héritage. Un belle lecture estivale!
super belle initiative. Merci pour vos articles.