Léonidas Ouimet et son fils Georges récoltant de l’avoine vers 1942 à la côte à Ouimet à Laval (image: Serge Gravel)

En ce temps de commémoration du débarquement de Normandie, une grande partie d’entre nous ne s’en rappelle plus mais les agriculteurs possédaient un « certain » avantage comparativement aux citadins.

En effet, dû aux mesures de conscription prises par le gouvernement fédéral en 1941, les fils d’agriculteurs pouvaient quant à eux évoquer l’exclusion pour contribuer au plan alimentaire à l’effort de guerre. Par manque de main-d’œuvre, le gouvernement a même réduit à 14 ans l’âge requis pour l’obtention d’un permis de conduire, pour que des enfants puissent conduire légalement des camions de ferme et d’autres véhicules. Je me souviens d’une des rares anectodes de mon père sur cette période, alors qu’il avait 9 ans au déclenchement du conflit; un souvenir peu réjouissant.

De fait, pour fuir cette guerre interminable et éviter une mort probable, il fût envoyé par mes grands-parents sur une ferme à Durham-Sud en 1943 pour accompagner son frère aîné. Obligé de cacher leur véritable identité avec l’aide de la famille sur place, ils travaillaient aux champs le jour et se couchaient dans la grange le soir venu. Et, pour s’assurer que l’un d’entre eux ne se sauve pas durant la nuit, ils attachaient un de leur pied à l’autre. Pour les rares fois où il a évoqué cette période, j’en ressentais toujours un profond sentiment marqué de peur, mêlé de malaise et de culpabilité. Effectivement, toute la société valorisait la fierté de servir son pays et parfois, de jeunes enfants de 13 ans à l’apparence mature réussissait à s’enrôler. Par ce sentiment très fort, il n’était donc pas rare que les fils d’agriculteurs s’enrôlent eux aussi pour combattre l’envahisseur ou gagner plus d’argent dans les usines de fabrication; laissant beaucoup de travail aux plus âgés. Fichue époque! J’espère qu’elle ne reviendra jamais.