Dernier texte de notre spécial acadien… pour le moment.
En effet, comme au Québec, il existe une foule de ces plantes alimentaires adaptées à l’Acadie et apportées par les premiers colons et les autochtones. Il y en a d’autres que je présenterais éventuellement dans les mois à venir. En attendant, la particularité de celle présentée ici-bas, comme vous le constaterez, consiste au fait qu’on plante deux variétés ensemble; l’un bénéficiant à l’autre dans un échange symbiotique.
Je remercie encore une fois Monsieur Norbert Robichaud pour sa précieuse collaboration et sa gentillesse d’avoir partagé ses recherches et expérimentations.


— texte Norbert Robichaud —-

Le haricot « St-Pons »

semences de haricot St-Pons (photo: Norbert Robichaud)

Le haricot « St-Pons » est une variété de haricot d’Espagne que j’ai reçue de Marie-Thérèse Robichaud et qui sont dans sa famille depuis la fin moitié du dix-neuvième siècle. « St-Pons » fait référence à son lieu d’origine, la collectivité de Saint-Pons dans la péninsule acadienne au Nouveau-Brunswick. Comme presque tous les haricots d’Espagne, c’est un haricot grimpant. Il atteint une hauteur de 120 à 150 cm. Il est précoce et n’a aucun mal à amener ses semences à maturité sous notre climat, autre signe de son adaptation à notre région. Il existe en rouge et en blanc qui sont cultivés côte-à-côte comme une seule variété. La variété rouge produit des fleurs rouges et d’énormes grains noirs et violets; la variété blanche, des fleurs blanches et des grains entièrement blancs et légèrement plus petits. Ce haricot a fait l’objet d’une adoption dans le cadre du Programme semencier du Canada.

Plants de haricots St-Pons (photo: Norbert Robichaud, 2018)

Marie-Thérèse m’a raconté comment elle et sa mère étaient allées voir la grand-mère de Marie-Thérèse, Bibianne Brideau (née Basque) et elles lui avaient demandé si elle n’avait pas « des vrais fayots d’empremier ». La grand-mère, qui ne faisait plus de jardin depuis plusieurs années, avait répondu qu’il lui en restait quelque part dans le haut la maison, mais qu’elle n’était pas sûr si les semences étaient encore viables. Thérèse et sa mère ont pris les semences, les ont plantées et les semences ont toutes germées. Ceci se passait dans les années 1978-1979 et Marie-Thérèse les cultive depuis ce temps-là.

Bibianne Brideau est née vers 1895 et confirmait qu’ils avaient toujours cultivé cette variété. Elle les avait reçus de sa mère, Victorine, qui les cultivaient avant la naissance de Bibianne, mais on ignore depuis quelle année exactement.

La mère de Marie-Thérèse connaissait très bien cette variété depuis qu’elle était toute petite. Elle racontait que ses parents en semaient de grandes quantités. Ils récoltaient les gousses à l’automne et les mettaient à sécher au grenier. Elle se souvenait qu’ils en épluchaient tout l’automne jusqu’à ce qu’ils aient rempli un sac de 100 livres. C’était la quantité dont ils avaient besoin pour passer l’hiver. Ils les utilisaient pour leur consommation personnelle, ils s’en servaient pour faire du troc avec les voisins et comme monnaie d’échange au magasin général. Un beau témoignage de l’importance des haricots dans l’économie domestique de l’époque.

Plants de haricots St-Pons (photo: Norbert Robichaud, 2018)


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