Originaire de la cordillère des Andes, entre la Bolivie et le Pérou, la petite capucine (Tropaeolum minus), nasturtium en anglais, fût apportée en Europe aux alentours de 1580. Accolée par les gens des surnoms inexacts de « cresson d’Espagne » et « cresson des Indes » augurant de l’origine du pays par lequel la plante immigrante avait traversé, les Quechuas l’utilisait à la fois comme plante alimentaire et médicinale. Par exemple, Elisabeth Christina von Linné (1743-1782), botaniste et fille de Carl von Linné (1707-1778), père de notre système de classification moderne des plantes, découvrit qu’en mangeant les fleurs ou les feuilles, elle pouvait combattre le scorbut. Depuis, on lui a trouvé d’autres vertus notamment comme tonifiant du cuir chevelu, anti-irritant et antibactérien. Quant à elle, la grande capucine (tropoeolum majus) a été supposément introduite en Hollande en 1684 dans le jardin du comte de Beverning près de Leyde par l’empire colonial néerlandais où, par la suite, on la cultivera surtout dans les jardins de monastères.
D’ailleurs, elle tire son nom vulgaire de l’apparence de sa fleur en forme de « capuce », soit le nom du capuchon taillé en pointe porté par certains moines. Les histoires racontent qu’elle débute vraiment sa période de gloire à la cour du roi de France avec Louis XIV (1638-1715) où ce dernier l’offre en bouquets à Madame de Maintenon (1635-1719), sa fleur favorite. Mère de ses enfants non officieux et femme très pieuse, le roi attentionné savait qu’elles poussaient autour des églises et des jardins de curé; d’où l’attention.
De plus, la couleur de la fleur jouait un rôle important dans la symbolique sentimentale. Par exemple, le blanc se voit synonyme de pureté, le jaune la déclaration du premier amour, l’orange à une volonté de séduction et le rouge à l’amour ardent.
À l’époque, on l’a aussi comparé à l’ouvrière comme en témoigne cette petite histoire tirée de la Bibliographie Catholique, revue critique des ouvrages de religion, de philosophie, d’histoire, de littérature, d’éducation, etc . (1857, p.144)
Babet à bien des occupations diverses; il n’est pas impossible qu’elle ait oublié d’arroser sa plante, qu’elle néglige de la remplacer à temps par une nouvelle graine. Bah!, bah!, dit la capucine. Ne t’inquiète pas de moi chère enfant, si tu manques un ou deux matins à me donner de l’eau, je serai patiente comme tu es patiente, j’attendrai et tu ne me verras pas la mine moins joyeuse. Je travaillerais aussi fort comme tu travailles, jetant moi-même la graine en terre sans que tu y mettes la main. Que ferais-je de plus pour toi? Tu n’es pas seulement couturière Babet, tu es cuisinière aussi. Et bien! Cueilles mes boutons, prends mes graines, mets-moi en salade, baigne-moi dans le vinaigre, changes-moi en conserve; ce n’est pas assez d’orner ta fenêtre, de réjouir tes yeux, je veux encore donner du piquant à ton dîner.
De fait, tout ou presque de la plante se mange. Les feuilles dans la salade goûtent le cresson piquant, les fleurs le radis et les boutons floraux marinés remplacent les câpres. Ce n’est donc pas un hasard si nos anciens catalogues de semences canadiens d’avant 1910 l’incluaient dans la section des légumes. Vivace en terre d’origine, elle se cultive aisément comme annuelle en région nordique à partir de semis directs. Disponible dans de nombreux coloris, on retrouve des variétés retombantes pour les balconnières, naines pour vos platebandes ou rocailles et grimpantes pour les tonnelles, galeries, clôtures ou encore les treillis. Vous plantez la graine et c’est tout. Vous ai-je dis qu’elle éloignait aussi les pucerons de votre potager? Tout un spécimen. Plantez-la donc autour de votre potager. Une autre merveilleuse plante multi-usage pour la construction d’un aménagement d’un « ancien jardin » comme en témoigne la photo ci-contre.
Bonjour Michel,
Concernant les semences d’autrefois. Voici une entrevue diffusée sur SRC dont je vous transmet le lien ci-dessous.
»Patrice Fortier, gardien du patrimoine des semences québécoises »
PUBLIÉ LE SAMEDI 14 JUILLET 2018
Lien web audio : https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/et-si-on-se-faisait-du-bien/segments/entrevue/79576/patrice-fortier-semences-bas-saint-laurent-legumes-societe-plantes
Bonne découvertes et bon jardinage à tous.
Merci beaucoup Madame Tremblay.
J’écouterai ça dans mes vacances. Merci d’avoir partagé.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN