Poule Chantecler (image: moulindespionniers.com)

En temps normal, mon sujet de prédilection tourne autour du monde végétal alimentaire et plus spécifiquement celui des fruits et légumes ancestraux du Québec. Je fais un petit détour en cette fin d’année pour porter votre regard du côté de la basse-cour.

En effet, il y a 10 ans, l’organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) exprimait déjà une urgence d’agir en soulignant qu’entre 2000 et 2007 « une race domestique d’animaux de ferme a disparu tous les mois ». Dans son rapport, le sous-directeur général de la FAO, Alexandre Müller, mentionnait:

 

Le temps presse pour un cinquième des races de bovins, caprins, porcins, équins et volailles du monde. D’autant que l’inventaire des races est incomplet dans de nombreuses parties du monde.

10 ans plus tard cette perte de diversité se poursuit.

De fait, le même organisme souligne en 2016 dans un deuxième Rapport sur l’État des ressources zoogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde que:

quelque 17 pour cent (soit 1 458) des races d’animaux d’élevage sont actuellement menacées d’extinction, tandis qu’on ignore tout simplement l’état de risque de nombreux autres (58 pour cent) à cause du manque de données sur la taille et la structure de leurs populations. Près de 100 races d’animaux de ferme ont disparu entre 2000 et 2014.

Cheval canadien (image: breedsavers.blogspot.com)

Mais, il est encore temps d’agir. Pour cela, il existe une fondation canadienne très peu connue au Québec appelée « Rare Breeds Canada » (site uniquement en anglais… pour le moment). Située au Manitoba, elle a pour mission de sensibiliser les canadiens à leur patrimoine agricole et, par le biais de l’éducation et du marketing de niche, de les impliquer dans la conservation des races de bétail et de volailles menacées. Pour cela, les responsables comptent:

  • Sauver et augmenter la population de ces races canadienne ayant une importance historique et qui risque de disparaître. 
  • Éduquer le public de l’importance de ce sauvetage et de la nécessité de les maintenir en tant que groupe génétique pour une utilisation future dans un monde en évolution rapide.
  • Stabiliser et augmenter le nombre de spécimens de manière à améliorer leur valeur commerciale.
  • Réintégrer des races n’existant plus au Canada.

En haut: Cheval suffolk punch. En bas (de gauche à droite): vache canadienne, oie pilgrim, chèvre angora, cochon Hampshire et poule speckled

Pour vous montrer la richesse de ce monde, j’ai cru pertinent vous montrer ci-dessus quelques magnifiques représentants. Évidemment, il en existe beaucoup d’autres mais ces quelques images font foi qu’une telle diversité s’avérerait une véritable perte pour toute l’humanité.

Poule Dominique (image: ubilio.com)

Saviez-vous que?:  
Outre la poule Chantecler, le cheval canadien et la vache canadienne, trois dignes représentants également menacés de notre patrimoine québécois, figure également la race unique de poule appelée anciennement « Dominique » et mieux connue aujourd’hui sous les noms anglais de « Dominicker ou Pilgrim Fowl ». Conçu à l’époque de la Nouvelle-France, ce poulet est considéré comme la plus ancienne race d’Amérique du Nord. Après la création de la race Plymouth Rock à partir de la génétique des « Dominiques » dans les années 1870, sa popularité déclina graduellement jusqu’en 1950. À partir des années 50, ils étaient devenus si rares qu’ils furent presque considérés comme disparus. Au pire de son histoire (dans les années 70), l’American Livestock Breeds Conservancy, un organisme américain de protection des animaux d’élevage en voie de disparition, l’a même classé au statut de «critique» avec moins de 500 oiseaux en Amérique du Nord. En raison d’un regain d’intérêt aux États-Unis, la race à fait un retour et elle est maintenant inscrite sur la liste  » à surveiller », indiquant un moindre risque d’extinction.