Le 19 août 2014, ma conjointe Véronique me fit une invitation bien particulière à l’heure du souper.
En effet, dans le cadre de son travail de journaliste, celle-ci visita lors de cette journée un couple septuagénaire fort chaleureux pour un sujet sans lien direct avec cet article. Pour préserver leur désir de confidentialité, leur nom de famille et leur localisation géographique ont été volontairement préservés. À la fin de leur entretien, le mari invite Véronique à lui montrer ses arbres dont il est très fier. Sans qu’il sache son intérêt personnel pour le sujet, elle se rend vite compte de la richesse et de la biodiversité spectaculaire présent sur ce terrain de ville, eux qui y résident depuis les années 1950. Aussitôt, elle leur demande si elle peut m’inviter à voir ce coin de paradis; ce qu’ils acceptèrent avec joie.
Je suis donc deux jours plus tard entouré de tulipier, érable drummondii, amélanchier, ginko biloba, cognacier, charme de Caroline, métaséquoia, maackia, robinier, katsura, hop tree, platane, bambou 3 couleurs, etc… Et ce, sans compter une série d’arbres fruitiers notamment, pour n’en citer que quelques-uns, sureaux, pommiers colonnaires, pruniers, cerisier de France et même un figuier dont j’ai pu goûter le fruit mûr à point… un pur délice. Sans compter le potager rempli de lanternes chinoises, framboisiers, asperges, betteraves et autres denrées s’intégrant à cet univers végétal.

Une feuille de maackia. Pas facile à ramasser à l’automne car elles tombent toutes en même temps et prennent beaucoup de place.
Au fil du temps, ils ont planté et expérimenté toutes une série de plantes et d’arbres peu connues des gens « ordinaires ». J’utilise cet adjectif car bien que je sois un amateur de fruits et légumes anciens, je me suis senti rapidement dépassé. On est loin de la haie de cèdre et même là, l’originalité à laissé sa place à une haie en palissade conçue avec un pommetier. Jules nous raconta que cette passion s’est transformée au point où il tente toutes sortes d’expériences de transplantation et de reproduction par semences depuis belle lurette. Durant notre conversation, j’apprends qu’il a même aidé le Ministère de l’agriculture du Québec dans les années 2000 dans la production de noyers noirs.

Pommetier produisant des pommettes miniatures établi comme haie. Celle-ci doit être taillée régulièrement car le style « palissade » fait en sorte qu’elle croît très vite.
En effet, propriétaire d’une terre à bois, il y planta, il y a 30 ans, près de 1000 individus. Après une série d’essais-erreurs, il pu apprendre la manière d’en reproduire à l’aide des graines. Une anecdote intéressante de Jules nous rappela qu’à l’époque de la 2e guerre mondiale, le noyer noir a été coupé de manière abusive pour produire les crosses des fusils des soldats. Cela fit en sorte que l’espèce a pratiquement disparu au Québec. Pour le réintroduire sur ses terres, il fit un détour dans les forêts américaines dans les années 1980, aux limites de la frontière des États-Unis pour rapporter une énorme cargaison de noix. Le fruit comestible s’avère riche en protéine et mériterait à coup sûr une attention de notre part pour ceux et celles désireux joindre l’utile à l’agréable soit planter un arbre d’ombre et produire des aliments.

Même s’il grandi dans les zones tempérées, Jules est parvenu a cultiver un métaséquoia, dernière espèce de l’ère du Pilocène… Ça veut dire que c’est très vieux.
Quoi qu’il en soit, soyez assurés que les écureuils aussi se feront une joie de vous en départir. Jules nous montra justement le trou laissé par l’animal dans un fruit aussi dure qu’une roche. Il se remémora aussi les efforts gâchés par ces petites bêtes lorsqu’ils déterrèrent la majorité de ses noix plantés en forêt. Pour l’extirper la semences, notre homme s’est confectionné lui-même un outil permettant une extraction plus facile car, selon ses dires, le marteau s’avère inefficace et on risque de se blesser.
Après 2 heures et demi de conversation, le couple nous invite à prendre un rafraîchissement. Jules nous montre une de ses récentes réalisations: un camion de style antique confectionné avec toutes les essences de bois cultivé. Sa création lui aura demandé 10 ans. Y’a pas à dire… y’en a qui sont patients. Si vous agrandissez la photo, vous remarquerez qu’il a intégré dans la boîte du camion une grande variété de noix et graines des arbres qu’il affectionne.
Merci à vous deux pour cette leçon d’inspiration. Le plant de ginko biloba offert en cadeau trouvera une place de choix dans notre jardin qui, je l’espère saura se rapprocher de l’esprit qui a animé ses donateurs et inspirer nos lecteurs à créer eux aussi leur coin de paradis.
Une belle histoire de véritables passionnés! Merci à vous deux et à ce couple pour le partage. Avez-vous les noms des pommiers colonnaires, je suis vraiment intéressée à savoir! Finalement, j’acquiesce à l’effet que décortiquer une noix de noyer noir avec un marteau, c’est dangereux e destructeur!
Bonjour Jasmine,
Malheureusement, Jules ne se souvient pas du nom du pommier colonnaire.
Il dit que ca fait trop longtemps.
Désolé du temps de réponse. Je devais attendre la réponse.
Toujours content de te lire.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
Bonjour Michel! Ah, merci de vous êtes donné le trouble de leur demander le petit nom des pommier, c’est ben gentil. Au plaisir!
A reblogué ceci sur Incroyables Comestibles Salaberry-de-Valleyfieldet a ajouté:
Un grain de passion beaucoup de patience et une forêt de diversité naîtra. Lisez l’histoire extraordinaire de ce couple d’amants des arbres.