Le 28 août 2012, nous recevons un courriel de Pierre Hamel surnommé « le floricole« . Horticulteur et producteur passionné de plantes menacées ou vulnérables, il m’explique que le hasard d’une rencontre lui a permis de recevoir des semences de concombre de Maurice Arbour (1940-…) de Sainte-Marceline de Joliette, l’ayant lui-même eu de ses parents (Albert Arbour (1913-1998) et Alice Thouin (1916-2006), résidant à Sainte-Marceline-de-Kildare. Ces derniers achetaient chaque année des graines de cette variété vers la fin des années 1940 (1948 ou 1949 plus précisément) mais à partir de 1968, celles-ci disparurent des catalogues. Après quelques échanges de courriels avec Monsieur Hamel, nous recevons par la poste un paquet avec un message de sa main (voir photo ci-contre à droite).
Évidemment, notre curiosité nous amenèrent à en semer à l’été 2013 pour le scruter sous toutes ses coutures et de l’identifier avec l’aide de nos nombreux anciens catalogues de l’époque. Peut-être était-ce un cultivar rare, voire éteint? Qui sait! C’est toujours un « guest », vous savez.
Toutefois, en les semant, le taux de germination a été nul. Découragés, croyant avoir semé des graines non viables, nous avons jugé l’expérience ratée.
Mais, en fermant le jardin en octobre, qu’elle ne fût pas notre surprise d’apercevoir 3 concombres ayant poussé à travers les oignons égyptiens et suffisamment matures pour en préserver (voir photo à gauche). N’ayant pu en récolter suffisamment, nous en produiront une plus grande quantité en 2014 avec des images et des données plus précises.
Heureusement, Monsieur Hamel avait pris la peine d’inclure le numéro de téléphone du donateur pour le rejoindre; ce qui fût fait en janvier 2014.
Ainsi, ce dernier nous a expliqué que ses parents achetaient leurs semences via le Catalogue Eaton. Cela ne nous a pas surpris car plusieurs d’entre nous se souviendront que durant 130 ans (entre 1869 et 1999), on se procurait à peu près de tout par courrier par l’entremise de cette compagnie de commerce au détail canadienne. En 1930, elle détenait à elle seule, 60% du marché des grands magasins au détail. Uniquement les éditions printemps-été nous permettaient d’accéder à ces marchandises saisonnières (fleurs, légumes, fruits…). Aujourd’hui âgé de 73 ans, nous avons voulu tester sa mémoire en lui envoyant par la poste un imprimé des variétés de l’époque. Malheureusement, aucun résultat concluant.
Néanmoins, selon nos observations sommaires, nous pourrions diriger nos recherches vers des cultivars autrefois appelés « cornichon national », « cornichon indien de l’ouest », « forme hâtive » ou « verte courte ». Aux dires de Maurice Arbour, nous aurions affaires à un hybride. On vous reviendra là-dessus. Peu importe l’origine, il y a de fortes chances pour qu’il y ait eut une adaptation à son terroir zoné 4a et fixé car les caractéristiques se perpétuent années après années.
Par contre, selon les conseils de Monsieur Arbour (fils), nous vous transmettons, avec le plus de fidélité possible, la recette de sa culture; une tradition familiale qu’il perpétue depuis maintenant plus de 45 ans.
Premièrement, ce n’est pas une grimpante. Laissez-le donc courir par terre. Il peut aussi pousser sur des surface avec une faible inclinaison. Semez-le sur butte avec un peu de compost dès que le sol sera réchauffé. D’habitude, il opte pour un rang de 20 pieds de long et n’hésite pas à en planter de manière rapprochée (aux 3 pouces). Sinon, il fait aussi des semis intérieurs en mai qu’il replantera en juin. Pousse jusqu’à une hauteur de 6 pieds. Selon ses dires, il produit beaucoup mais nous n’avons pu vérifier cela. Concombre à marinade…. ce n’est pas un cornichon.
Pour sa part, il le consomme surtout frais, c’est-à-dire lorsqu’il mesure entre 2 pouces et demi et 6 pouces. Pour consommation immédiate, cueillez-le très jeune, c’est-à-dire lorsque la queue est encore très verte. Ça vous assurera une légume exempt de graines. N’ayant pu goûter ou apprécier cette variété à sa juste valeur, nous rajouterons des informations sur celle-ci au fur et à mesure de leur disponibilité.
Nous remerçions chaleureusement Messieurs Pierre Hamel et Maurice Arbour pour leur précieux support et leur patience. Les recherches sont souvent longues, fastidieuses. Le manque de temps nous fait reporter certaines décisions ou actions. C’est l’une des raisons qui expliquent qu’il y ait eu autant de temps entre le moment de mettre en ligne et votre envoi. Merci de votre confiance.
P.S. Au départ, Monsieur Hamel avait nommé sa trouvaille « le concombre à Maurice » mais, en l’honneur de ses parents Monsieur Arbour a conclu qu’il valait mieux, pour la postérité, leur accorder ce crédit; d’où le nom concombre Arbour.
Bonjour, Ce concombre pourrait-il être planté sur jardin de balcon si je lui laisse de la place à s’étaler, vous pensez?
Bonjour Madame Desharnais,
pour répondre à votre question: OUI.
Toutefois, assurez-vous assez d’espace et un bac suffisamment profond pour les racines (environ 40 cm de profondeur). Vous devrez alors l’arroser davantage car les contenants tendent à s’assécher plus rapidement puisque les contours sont aussi exposés aux rayons du soleil. Les concombres… ça boit. Arroser à la tombée du jour pour ne pas que vos plants soient brûlés car les gouttes agissent comme des loupes et brûlent les feuilles et la tige.
Bonne saison de jardinage!
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
Bonjour,
je trouve votre site et les conseils très intéressant, et je en vous remercie beaucoup. Cependant j’aurai aimé savoir si il est possible d’importer des graines et si oui ou puis-je me les procurer? j’habite en Belgique et je suis toujours à la recherche d’anciennes graines et en particulièrement de variétés inconnues par ici. Quand je lis vos conseils et astuces, cela me rappel nos anciens qui malheureusement on n’écoutait pas toujours mais qui avait souvent raison. Merci encore Jacques Moureaux
Bonjour Monsieur Moureaux,
Écrivez-nous à potagersdantan@hotmail.com
Nous aurions une proposition à vous faire.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
Bonjour Monsieur Michel
Le concombre arbour est-il résistant aux maladies? J’habite en zone 3 se cultive t-il en serre?
Merci
Bonjour Madame Lucille,
je cultive cette variété depuis presque 8 ans et, de mémoire, je ne déclare aucune maladie. Par habitude mais aussi suite à des commentaires d’anciens jardiniers, je laisse tremper les graines dans le lait 24 heures avant de faire les semis directs. Le lait à la propriété de chasser la production de champignons, ce dernier se déclarant lorsqu’il y a de l’acidité et de l’humidité.
Il faut dire aussi que je l’isole d’autres cultivars pour conserver les semences puisque je suis le seul, à offrir cette variété au Québec, avec modestie. Ou du moins, je ne l’ai jamais vu ailleurs. Je leur rend aussi la vie difficile en les laissant à eux-mêmes justement pour développer leurs défenses naturelles pour ne recueillir que les plus résistants. J’avoue que côté productivité, j’ai été déçu l’an dernier mais il y a eu tellement de pluie chez-nous que je ne peux conclure à une caractéristique acquise.
Toutefois, je n’ai jamais eu de commentaires de gens l’ayant cultivé en zone 3 ou en serre. Désolé!
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN