En 1879, Le Journal d’Agriculture Illustré (volume 2, numéro 4) faisait la mention suivante:
La plupart de nos cultivateurs ne labourent pas assez profondément. C’est à peine si la charrue s’enfonce à plus de quatre ou cinq pouces. On laboure, trop souvent, à large sillons, de là un labour plat fort peu recommandable.
Le texte fait état qu’une profondeur idéale varierait entre 6 et 7 pouces pour un développement optimal des racines. Qui plus est, l’angle recommandé d’une tranche pour attendre cet objectif devrait mesurer neuf pouces de largeur; dix pouces pour les sillons à 7 pouces de profondeur. Mais la question demeure. Que choisir pour les labours: cheval, bœuf ou vache? La réponse est parue dans la même revue en 1848 (volume 1 numéro 1).
En effet, un lecteur ayant fait de nombreuses expériences prétendait qu’avec des chevaux, l’opération lui coûtait 3 francs, les bœufs 4 francs et les vaches 2 francs 15 sous. Les vaches avaient l’avantage de produire presqu’autant de lait qu’à l’habitude si bien conduite et d’une bonne constitution. Il ajoute qu’une demie journée de travail diminuait leur productivité de lait d’un huitième. Il est important de mentionner qu’il existait des races plus sujette à cette tâche sinon, l’agriculteur devait en utiliser 4 au lieu de deux pour tirer. Cela lui demandait un surplus de travail et de dextérité mais lui exigeait d’acheter 4 animaux au lieu de 2; une dépense qu’il ne pouvait trop souvent se permettre car plus de bouches à nourrir.
Ce n’est donc pas un hasard si bon nombre de cultivateurs « moins fortunés » n’hésitaient pas utiliser cette bête en comparaison aux bœufs et aux chevaux.
petite question sûrement idiote.
Ce Journal d’Agriculture Illustré est canadien ou français ?
j’suis surpris par l’utilisation des pouces en France à la fin du 19ème. Mais comme vous parlez de francs plus loin.
Bonjour,
à notre avis, aucune question n’est idiote. Au contraire, elle est très pertinente.
À titre informatif, le Journal d’agriculture illustré a été un périodique mensuel publié par le Département de l’Agriculture de la Province de Québec et il a changé plusieurs fois de titre.
Par exemple, de sa fondation (février 1877) à mai 1879, il a porté le nom de « Journal d’agriculture ».
Ensuite, pendant 18 ans soit jusqu’au 15 octobre 1897, il s’est renommé « Le Journal d’agriculture illustré ».
Par la suite, et ce du 8 novembre 1897 à 1913, il s’est rebaptisé « Journal d’agriculture et d’horticulture ».
Puis, dès le 15 janvier 1914, on a rajouté illustré.
Finalement, Le 15 janvier 1918, il revient à son titre original jusqu’à sa fermeture en 1936.
Quelle boucle n’est-ce pas! Qui a dit que rien ne change, tout se transforme?
Vous pouvez en consulter toute une série gratuitement et ce, sur plusieurs années à l’adresse suivante.
Ils sont de très précieuses sources d’information sur l’histoire de l’agriculture au Québec.
Bien à vous!
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
merci beaucoup pour votre réponse. C’est passionnant !
du coup j’suis très étonné de voir que ça cause de franc.
le franc a été en vigueur au Québec ?
Bonjour,
vous êtes très perspicaces.
De fait, y a t-il déjà eu des « francs » au Québec?
Lorsqu’on remonte aussi loin que 1608, lorsque Samuel de Champlain fonde la première colonie, la monnaie d’échange se compose de peaux de castor, de blé et de peaux d’orignal.
Par contre, il fût difficile à un moment donné de poursuivre dans cette voie. C’est alors que les pièces de monnaies de France prirent leur essor car plus facile à échanger. Mais était-ce des francs?
Le premier « franc » est apparu en France le 5 décembre 1360. Mais il est davantage utilisé sous cette appellation (qui veut dire « libre ») sous les règnes de Henri III (1551-1589), Henri IV (1553-1610) et Louis XIII (1601-1643). Il se peut donc très bien qu’il y ait eu des « francs » au Québec pendant l’époque de la Nouvelle-France (1600-1770) bien que la Banque du Canada n’en fait aucunement mention dans un document lié à la monnaie de cette époque.
Toutefois, le lecteur cité dans l’exemple du Journal d’agriculture illustré de 1848 est-il européen ou québécois? Nul n’en fait mention. Rien ne dit non plus à quelle période cette citation est-elle tirée. Une semaine, 15, 50, 100 ans? Personne ne le saura probablement jamais. On ne peut que faire des spéculations.
Bien à vous et merci de nous lire!
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
le mélange pouce t franc ça fait tilt dans la tête d’un français, même s’il vit la tête en bas tout au sud de l’Amérique :).
merci pour les explications.
par ailleurs le blog est très intéressant. Pis le Québec me manque un peu j’dois dire ça fait 12 ans que je n’y ait pas traîné mes guêtres.
Bonjour, Avez-vous une idée de la source de votre photo de labour?
Merci de l’information!
Bonjour Madame Racicot,
désolé du temps de réponse.
La période des fêtes a été très active dans notre cas. On essaie donc de rattraper le courrier envoyé.
Concernant votre questionnement, nous n’avons malheureusement pas la source. Habituellement, nous l’inscrivons automatiquement mais dans ce cas précis, l’info nous était non disponible.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN