Il fût un temps au Québec où on célébrait la fête de la grosse gerbe. Pour quelle raison l’appellait-on ainsi?
Et bien lors de la récolte des céréales en automne, tout le monde participait à cette tâche très physique et exigeante qui prenait entre 4 et 6 semaines. Il fallait couper à la faux, engerber, laisser sécher, ramasser, vanner et entreposer le grain à l’abri.
À la fin, comme le montre l’illustration ci-haute, la dernière gerbe regroupait plusieurs plus petites pour symboliser la puissance résultant de l’union. Sa rentrée à la « batterie* » sera le signe de la fin des récoltes et le début des réjouissances. Elle pouvait être décorée, escortée par un cortège de moissonneurs, offerte à l’église, tressée et exposée dans les maisons pour porter chance… ça dépendait. Venue de France par nos ancêtres, cette ancienne coutume aussi connue sous le nom de « fête des moissons« , culminait par un repas communautaire faste en reconnaissance de l’abondance de la nourriture.
Selon le réseau de diffusion des archives du Québec :
Aucune manifestation de la fête des moissons n’a été retracée aux XVIIe et XVIIIe siècles en Nouvelle-France mais on trouve quelques mentions au XIXe siècle où elle est encore observée, notamment dans l’ouvrage de Pamphile Lemay, publié en 1898 et intitulé Fêtes et corvées.
De plus, en 1947, le journal l’Action catholique souligne qu’elle fût célébrée à maintes reprises entre 1883 jusqu’au milieu du 20e siècle par l’École supérieure d’Agriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Elle sera aussi recensée par le curé Eustache Santerre de Saint-Arsène de Rivière-du-Loup de 1923 à 1942. De nos jours, les épluchettes de blé d’inde ont remplacé cette vieille tradition et vous pourrez la vivre en maints endroits au Québec lors de festivités agrotouristiques.
* Le terme « batterie » fait référence, selon nos lectures, à une chaudière pour faire cuire les aliments à gros bouillons.
Bonjour Michel,
Le terme « batterie » revient au moins deux fois (que j’ai retrouvé de mémoire) dans le plus qu’excellent et très recommandé livre « Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent » de Jean Provencher…(on dirait bien que j’ai aimé sa récente lecture hein?)
En page 439: (…) » Avec le froid qui pince, il faudrait bien faire une petite « battée » aujourd’hui. (…) Après le repas, les hommes partent pour la grange. (…) Sur place, on balaie d’abord le plancher de la « batterie », là où se fera le battage. On le recouvre d’une toile pour éviter que le grain ne tombe dans les entre-deux. Et on descends les gerbes de la tasserie pour les étendre les unes à côté des autres, de manière que seule la tête des plants puissent être battue. » (…)
En page 442 en parlant de l' »égreneuse »: (…) » À l’intérieur de la grange, la machine est juchée sur des « perchauds », jetés sur les sablières à une dizaine de pieds au dessus de la « batterie ». »(…)
Et en page 229, il nous raconte la moisson et le fête de la grosse gerbe.
À tous les amoureux des potagers d’antan et de la vie de nos ancêtres, ce livre est une mine d’informations exceptionnelles et vraiment raconté comme une chronique, un journal de la vie quotidienne de notre peuple saisons après saisons. Rien à voir avec certains livres d’histoires « gazant ». Que du plaisir! Tout y est… en tout cas, s’il manque quelque chose… Un vrai conteur ce M. Provencher.
Sur ce, merci encore pour ce bel article et joyeux Congé Pascal à tous!
Nous sommes peut-être un peu en retard mais pour ajouter à ton commentaire, nous avons songé inclure la photographie du livre citée dans ton propos. Comme il y a beaucoup de gens visuels, ça pourra les inspirer.

Merci Katy pour tes recherches.