
Culture du melon de Montréal sous chassis
Encore une fois, nous faison une mise à jour de cette fantastique variété.
En effet, suite à la lecture de documents concernant sa ré-émergence vers 1996, nous avons tenu à rectifier certaines infos et spécifier encore davantage son historique. La partie en bleue, en bas du texte, a donc été mise à jour si vous voulez immédiatement y accéder.
Le melon de Montréal, connu aussi sous les noms de « Montreal market muskmelon », « melon muscade » et « Montreal nutmeg melon », a été cultivé d’aussi loin que 1684 par les Jésuites et ce, jusqu’aux alentours de 1950 par des fermes situées sur ce qu’on appelle aujourd’hui « Notre-Dame-de-Grâce ». Comme la souche originale se perd dans le temps, les écrits prétendent qu’à travers les siècles il y aurait eu croisement avec, entre autre, le melon « Cavaillon » et le « Giant Green nutmeg » des États-Unis.
Quoi qu’il en soit, le melon a été méticuleusement sélectionné à partir du milieu du 17e siècle avant d’être stabilisé en 1870 sous l’appellation « melon de Montréal« . Dans les années 1880, le grainetier américain Burpee écrivait dans son catalogue qu’il était l’un des plus gros vendeurs à travers la Nouvelle-Angleterre.
Parenthèse; Pourquoi l’autoroute Décarie porte t-elle ce nom? Ah! Ah! Vous ne vous êtes jamais posés la question? Simplement parce qu’à l’époque, les terres de la famille Décarie, un des plus gros producteurs du melon de Montréal, étaient situées sous cette autoroute. Aussi reconnu pour produire les plus gros il les exportaient dans les hôtels chics des États-Unis tels New York, Philadelphie, Boston et Chicago. Comme tout produit dispendieux, les prix allaient de paire. Par exemple, en 1906, un melon classé catégorie 1 valait entre 8$ et 10$ la douzaine. En 1907, le prix avait grimpé à 15$ la douzaine. Et en 1921, après la première guerre mondiale, ce montant avait explosé pouvant aller de 25$ à 35$ la douzaine. Ce n’est donc pas pour rien si de nombreuses sources font état qu’une seule tranche de ce melon valait 1$ à 1,50$ pièce; soit le prix d’un steak pour l’époque.
Pourquoi a t-il, disparu puisqu’il était si rentable?
En fait, les droits de production des semences appartenaient aux familles Décarie et Gorman, des noms de ceux qui avaient perfectionnées les souches originales. Lorsque celles-ci ont disparues, personnes n’a racheté ces droits ou pris la relève.
De plus, lorsque « l’agro-business » a fait sont entrée progressive, l’industrie a privilégié des variétés requérant moins de main-d’oeuvre, d’attention au champ et se transportant mieux. Bref, sans vouloir faire de jeux de mots, le melon de Montréal ne faisait plus le poids car sa culture était tout le contraire. Par exemple, il était tellement fragile qu’il existait des compagnies dédiées exclusivement au transport du melon de Montréal.
À partir de 1920, sa popularité décline et les fermes qui en faisait le commerce sont absorbées par l’urbanisation. Et à partir de 1954, plus aucune mention dans aucun catalogue de semences… plus rien. De nombreuses raisons sont évoquées pour expliquer le coup de grâce. La plus logique est la suivante: Il semblerait que le génome du melon de Montréal ne soit pas stable et qu’on soit obligé de sélectionner années après années les meilleurs spécimens répondant aux caractéristiques recherchées: large, à chair verte et à saveur musquée très aromatique. Avec la venue des hybrides, d’une demande des consommateurs pour des cultivars à maturité plus rapides, la souche originelle se serait perdue.
Monsieur Fred Aubin aurait été le dernier fermier (14 juillet 1929 – 9 juin 2003) à l’avoir cultivé.
En 1996, Mark Abley, journaliste à The Gazette retrouve un lot de semences nommé PI 273442 dans une banque de graines au North Central Regional Plant Introduction Station à Ames en Iowa.
Toutefois, la curatrice Kathy Reitsma ne peut confirmer si les graines proviennent bel et bien du melon de Montréal. Elle peut cependant affirmer qu’avant leur arrivée, elles ont bifurquées par la station de Geneva à New York où elles portaient le numéro 474 ainsi qu’une mention « Montréal »: W.H. Perron, une ancienne entreprise grainetière aujourd’hui connue sous le nom de Horticlub. Une note au dossier aurait également été ajouté indiquant:
L’authentique melon de Montréal (« Genuine Montreal Market ») n’est plus cultivé dans la région de Montréal; « Montreal » est plus petit, pas aussi épais (« not as thick »), ressemble davantage à un gros « Hackensack »…. le terme Hackensack » réfère à un type de melon distinct de melon de Montréal, NDLA.
Est-ce donc une variété créée par W.H. Perron? Y a t-il eu croisement en 1987 entre la station de New York et celle de l’Iowa lors d’une reculture? L’origine semble ainsi nébuleuse et plusieurs encore aujourd’hui doutent de l’authenticité du fruit.
Quoi qu’il en soit, Mark Abley remet, toujours en 1996, 200 graines au pépiniériste Ken Taylor de la ferme Pointe-de-l’Îe, dont il arrive à en faire germer une seule. À la lumière de ses observations, il y décèle plusieurs caractéristiques en lien avec le melon de Montréal notamment un gros melon de 25 livres de formes ovoïde avec 10 côtes bien définies, à la chair verte pâle et au goût épicé. Il pourra en récolter 200 autres semences et par la suite faire pousser des milliers de plants.
Pendant plusieurs année, il rafine ses procédés et parvient même à faire des sélections particulières. Si vous allez à sa pépinière, vous pourrez y retrouver une nouvelle variété créée par lui-même nommé le mini-Montréal dérivé des semences obtenues. Quel périple!
Aujourd’hui, ce melon est à protéger dans « l’arche vivante » par l’organisme Slow Food Québec.
Culture: Dans les régions à saison courte, faites des semis intérieurs 4 semaines avant la date de transplantation. Le plant demande de la chaleur (entre 25 et 30ºC) pour germer et un développement optimal. Un arrosage abondant doit suivre la transplantation. Pour de meilleurs résultats, cultivez en couche de 1 mètre de large muni d’un couvercle ajustable pour maintenir la chaleur. Attention aux racines fragiles. Maturité: De 70 à 90 jours.
Si vous souhaitez connaître comment il était cultivé à l’époque, lisez l’article du 30 septembre 2011 « Édouard Roy et le melon de Montréal.
11 kg pour un melon ?!!!!!!!!!!! C’est énorme. Il doit avoir la taille d’une pastèque.
Quelle est la couleur de la chair ? Sur goo*gle, j’ai vu des photos avec du melon de Montréal à chair verte et d’autre à la chair orange.
Effectivement, 11kg ça fait mal quand on se l’échappe sur le pied.
Pour répondre à ta question, la chair du melon de Montréal est verte. Un autre melon originaire du Québec, le melon Oka quant à lui possède une chair orangée. Il y a peut-être eu confusion. J’en profiterai pour parler de ce melon cette semaine. Tchao! et merci de ta visite.
mon grand-père le cultivait à Côtes des Neiges et le vendait au marché Bonsecours et aussi ds les restos!!! j’aimerais bien y gôuté !!!!!!!! on n’a plus de traces de son gôut et mon oncle qui a 87 ans l’a bien connu et dit que ça ressemblait au melon brodé et que c’était un délice!!!!!! Anne-Marie ******
Votre commentaire nous prouve encore une fois, l’importance de ce melon dans l’histoire du Québec.
Merci infiniment d’avoir pris quelques instants pour nous témoigner cette information.
Véronique Lemonde et Michel Richard
Bonjour!
Ma grand-mère est une Décarie dont le grand-père cultivait ces melons. J’aimerais aussi beaucoup y goûter! Où peut-on s’en procurer??
Anne-Marie, es-tu une Décarie aussi?? On est p-e petites cousines… 😛
Caroline,
Mon grand-père s’appelait Edouard Roy et mon oncle aussi***et maman Rita Roy
ils habitaient sur Côte des Neiges,
Caroline j’aimerais bien discuté avec toi,je suis entrain d’en faire pousser et moi
aussi,j’aimerais y goûté ,malheureusement le dernier de la famille mon oncle Edouard
n’est plus de ce monde***,j’ai acheté des graines au jardin botanique de Mtl,
donne moi de tes nouvelles Caroline
Anne-Marie
Petite note amusante,
Le garçon sur la photo est un des jeunes Aubins de la Côte St-Jacques, elle proviens des archives de Debra Aubin fille de Fred Aubin qui fut le dernier cultivateur du fameux melon.
Elle m’avait montré une photo d’un melon de cette ferme qui faisait 30lbs sur la balance de W.H. Perron !
Merci Michel pour tes recherches !
Bonjour Michel,
J’ai fais poussé mes graines de melon et je voudrais savoir des infos là-dessus,
j’ai plusieurs fleurs jaunes sur ce pied et pour que pousse un melon que dois je faire?
merci de m’envoyer un courriel pour l’explication,
Anne-Marie Passebon,
Bonjour Madame Passebon,
Si vous demeurez au Québec et que vous commencez à avoir des fleurs sur vos plants, vous risquez de ne pas atteindre le stade de maturation de vos fruits. En effet, le melon exige chaleur et eau pour se développer soit juillet et août qui sont les meilleurs mois de l’année. À l’époque, ils étaient semés au mois de mars sous des châssis doubles pour être capable d’être livrés à temps en vers la mi-août. Si vous souhaitez quand même tenter l’expérience, d’habitude, les insectes s’occupent de la pollinisation et vous n’avez rien à faire. Ceux-ci raffolent de leur nectar. Plusieurs plants sont, en temps normal, nécessaires car l’insecte ira butiner d’une fleur à l’autre pour assurer une belle biodiversité et ça empêche les déformations par manque de matériel génétique. Sinon, comme le plant possède à la fois des fleurs mâles et femmes, vous pourrez aussi tenter la pollinisation manuelle. Je vous cite un lien que vous pourrez consulter pour sa réalisation: http://www.agrobioperigord.fr/upload/biodiv/fiche-cucurbitacees.pdf
Après cela, reste à bien arroser, enlever les mauvaises herbes, surveiller les maladies ou insectes ravageurs et…attendre.
Je vous souhaite une très belle saison estivale et mes hommages à votre famille.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
Bonjour Anne-Marie, je ne réussis pas à vous répondre directement. Est-ce que tes plans de melon poussent bien? Crois-tu pouvoir y goûter d’ici l’automne?
Pour l’instant ,je n’ai que des fleurs et pas de melons,je suis à 60 kilomètres de La Rochelle et la pluie et le soleil sont au rv !!!
Je vous tiendrais au courant de ma plantation et j’espère pouvoir y goûter cette année,!!!!
J’ai semé des melons de MTL cette année encore et cette fois ça marche. J’ai une bonne douzaine de melons qui poussent en ce moment et ont entre 10 et 15 centimètres de diamètre. Mais je ne sais pas quand ils seront mûrs? Comment puis-je le savoir?
Jean Gervais
Sainte-Angèle-de-Monnoir
Bonjour Monsieur Gervais,
Pour savoir si votre melon sera prêt, vous devrez mettre vos sens à contribution:
La vue: votre melon changera sensiblement de couleur pour tendre vers le jaune.
Le toucher: en pressant dessus, il cédera un peu sous la pression du doigt.
L’odorat: il dégagera une odeur plus parfumé.
L’ouïe: en tapotant dessus, vous l’entendrez sonner un peu plus creux.
Le goût: quand vos quatre sens vous auront rassuré, bon appétit.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
Bonjour, je suis de Belgique et j’aimerais tenter la culture du melon de Montréal l’année prochaine. J’aimerais avoir le témoignage de personnes ayant déjà cultivé cette variété. Quel est le poids moyen des fruits que vous avez récolté ? Avez-vous déjà obtenu des fruits de la taille des melons qu’on voit sur la photo ancienne où l’enfant tente de soulever un fruit énorme ?
Je viens de lire cet article http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/120171/le-melon-de-montreal-ne-fait-plus-le-poids qui met en doute le fait que la variété actuellement cultivée sous le nom « melon de Montréal » soit effectivement la même variété que celle cultivée vers les années 1900. La taille et le poids des fruits actuels semblent très différents des melons d’antan.
Si vous avez des photos, je suis preneur.
Merci pour vos témoignages.
Nicolas
Bonjour,
Votre septissisme envers le melon de Montréal d’aujourd’hui et celui de l’époque est justifiée.
En effet, depuis sa redécouverte, personne n’a réussi à reproduire un melon aussi gros.
De même, la seule personne à savoir si le goût ressemblait réellement au vrai melon de Montréal, (Fred Aubin), et le dernier à en avoir cultivé avant sa disparition, est décédé en 2003. Voir notre article: https://potagersdantan.wordpress.com/2011/06/07/le-melon-aubin/
Néanmoins, il a pu sélectionner le melon pour développer sa propre souche et y retrouver le même goût avant sa mort. Nous sommes fiers d’avoir pu en obtenir des semences par un intermédiaire.
Cependant, ce melon est capricieux et on doit constamment le sélectionner, à chaque année, pour ne pas qu’il perde ses caractéristiques. Le génome est instable. Il exige beaucoup de soin, d’eau, est sensible à la maladie, bref, ce n’est pas une sinécure d’en prendre soin. On donne quand même les anciennes techniques de culture dans notre article suivant:
https://potagersdantan.wordpress.com/2011/09/30/edouard-roy-et-le-melon-de-montreal/
Finalement, si vous fouiller un peu sur notre site, nous avons plusieurs images de ce melon (anciennes et récentes)
Bien à vous!
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
Nous essayons de faire pousser plusieurs types de melons cet été, et notre plant de melon dit de Montréal pousse très bien (en Outaouais). Il est énorme (10 pieds de hauteur et un diamètre d’environ 8 pieds). Ce plant prend énormément d’espace. Ses nombreuses pousses vont dans toutes les directions. Il est en pleine santé, ses feuilles sont abondantes et sans maladies. Il y a en ce moment (2 août) 8 melons de différentes grosseurs qui poussent. Chacune des pousses allonge d’environ 4 po par jour. Nous avons bien hâte d’y goûter. Au début, l’extérieur du melon est de la même couleur qu’un melon miel, mais avec le temps, l’extérieur devient vert foncé. En lisant les critères plus haut, je me demande si je dois attendre que sa couleur extérieure (vert foncé) tende un peu plus vers le jaune pour le cueillir.
Bonjour Monsieur Lebel,
Pour récolter le melon de Montréal, attendez qu’il jaunisse.
Aussi, en le humant, vous constaterez, lorsqu’il sera prêt, qu’il dégagera une odeur musquée.
Ce sera le bon moment. N’attendez pas trop car il ne se conservera pas longtemps.
Bonne dégustation et merci d’avoir partagé votre expérience.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
Bonjour,
Je voudrais savoir si Monsieur Richard Lebel a eu des melons avec ses plants et si l’intérieur des melons étaient vert comme le vrai melon de Montréal. Serait-il possible de le contacter?
Merçi
André Talbot