Oignon Catawissa (image: http://www.garys-genealogy.com/id85.htm)

Suite à de nouvelles lectures d’anciens livres, nous croyons important ajouter de nombreuses précisions à notre article paru le 19 janvier 2011.

En effet, selon l’ouvrage de 1885, Potager d’un curieux, Histoire, culture et usages de 100 plantes comestibles peu connues ou inconnues, les auteurs, Pailleux et Bois décrivent cet oignon dont l’historique est basé sur les écrits du docteur E. Bretschneider; ayant lui-même publié un volume intitulé: early european researches into the flora of China.

De fait, Bretschneider relate qu’un français, Louis Le Compte, s’étant joint aux jésuites missionnaires de Chine en 1687 édita en 1696 plusieurs mémoires dont le Nouveaux mémoires sur l’état de la Chine, dans lesquels il mentionne un oignon en particulier.

J’y ai vue une espèce d’oignon qui ne vient point de graines comme ceux d’Europe, mais, à la fin de la saison, on voit sortir de petits filaments sur la pointe ou sur la tige des feuilles, au milieu desquelles se forme un oignon semblable à celui qui germe dans la terre.

Pour ceux qui connaissent déjà l’oignon égyptien, cette description pourrait fort bien y ressembler car c’est un proche parent.

Par contre, Bretschneider ajoute:

Cet oignon paraît être celui qui avait été décrit sous le nom de Lou tz’tsung (oignon poussant en étages) dans le Kiu huang pen ts’ao publié à la fin du quatorzième siècle. … Au sommet des feuilles poussent quatre à cinq petits oignons, et que sur ceux-ci d’autres oignons se produisent encore, formant ainsi de trois à quatre étages.

L’ouvrage d’Hervieux-Morin de 1885 se serait donc trompé en estimant ce légume originaire de la région de Catawissa, ville de la Pennsylvanie aux États-Unis. Cette mégarde pourrait provenir du fait qu’il est cité dans la revue horticole de 1875 (p.57) que l’oignon catawissa a été importé d’Amérique par M.A de Lentilhac aîné et aussitôt proposé aux étals par M. Gagnaire aîné, horticulteur à Bergerac.

D’ailleurs, une souche de l’oignon catawissa aurait été développé en 1850 par F. F. Merceron, justement de Catawissa en Pennsylvanie. Est-ce le même? Reste à savoir de quelle manière cet oignon s’est retrouvé en Amérique du Nord. D’anciens écrits font mention qu’il aurait été introduit aux États-Unis par le Canada en 1820. Il serait vraisemblablement arrivé avec les premiers colons français en Nouvelle-France comme oignon égyptien.

Ainsi, ce légume vivace se retrouverait aujourd’hui, semble-il, jusqu’en Alaska (zone 0a). Plus vigoureux que son cousin, l’oignon égyptien, on peut en planter en toute sécurité dans notre potager et le laissez-là tout l’hiver sans craindre le gel puisqu’il est rustique jusqu’à -30 degrés sous zéro. Il peut mesurer au-delà de 2 pieds et demi, soit l’équivalent de plus de 76 centimètres. C’est le plus grand de sa famille.  Cela en fait un légume au pied massif pour ainsi supporter tout ce poids. C’est pourquoi on le surnomme souvent « perennial tree onion » en anglais ou « arbre-oignon vivace » (traduction libre).

De plus, il ne produit pas une mais deux séries de petits bulbes à l’extrémité de sa tige; la deuxième poussant par-dessus la première, contrairement à l’oignon égyptien qui lui en a qu’une seule.  Il arrive même, à l’occasion, qu’une troisième série pousse sur la deuxième.

Et, comme son cousin, il se replantera de lui-même, un peu plus loin, d’où l’appellation typique anglaise « walking onion » (oignon qui marche). Si vous laissez quelques divisions ou bulbes au potager chaque année, espacés d’environ 6 pouces, ils se reproduiront allègrement et vous en aurez à vie. Pas de maladies, ni d’insectes connus.

Anecdote: Pour les planter, lancez les bulbilles dans les airs et laissez-les là où ils sont tombés. Il s’enracineront rapidement d’eux-mêmes. On ne s’en occupera plus par la suite jusqu’à la récolte, sauf pour désherbage biensûr. Pour ceux qui trouvent le jardinage compliqué, offrez-leur ce légume car il est très prolifique et hyper facile à entretenir.

En voie d’extinction