Reportons-nous en France en 1857. Un nouveau journal d’horticulture, L’horticulteur praticien vient d’être publié. H. Galeotti, son directeur, dénonce déjà le peu de cas que certaines entreprises de graines avaient de:
dissimuler ou d’estropier d’une manière quelconque les véritables noms de nos plantes légumières.
Comme exemple, il cite la laitue en vogue, la Parisienne. Il met au défi les lecteurs de retrouver la description de cette variété dans l’une des meilleures sources crédibles de l’époque « les plantes potagères de Vilmorin » de 1853.
En fait, c’était un piège puisque c’était :
… un nom inventé pour les besoins d’une localité ou plutôt d’un établissement particulier qui se garde bien de nous apprendre que la laitue parisienne n’est autre que la palatine ou jeune verie.
Cette forme de « fausse représentation » n’avait d’autres buts que de mousser les ventes de cultivars moins populaires auprès d’une clientèle peu mobile.
Si Galeotti s’en préoccupait déjà en 1857, que croyez-vous qu’il s’est passé entre cette année et aujourd’hui? Pour des gens qui, comme nous s’intéressent à l’historique des semences, c’est un véritable fouillis de noms et de synonymies pratiquement, sinon impossible à remonter. Pensez-vous qu’il n’y a qu’en France où ce manège s’est produit. Que non! Au Québec également.
Par exemple, une personne cultive une tomate pendant de nombreuses années, disons 20 ans. Elle en oublie le nom d’origine mais souhaite la perpétuer pour d’autres amateurs. À qui va t-elle remettre ses semences? Elle pense à un producteur. Pas de problèmes, on va lui donner le nom de celui qui la cultivait.
Malheureusement, c’est l’un de nos plus fréquents constats depuis 7 ans. On tombe sur un fruit ou un légume qu’on croit ancien et originaire du Québec et paf! Désillusions!
Après des recherches souvent exhaustives, on s’aperçoit qu’en fait, c’est une variété connue, facile à trouver un peu partout.
En bout de ligne, il y aura encore une autre appellation de plus pour un cultivar qui en possède probablement déjà plusieurs. C’est à devenir maboule. Et avec le temps, ça s’empile et cela depuis presque des siècles. Pour certains ça ressemble à de la généalogie. Pour d’autres, comme nous, on a l’impression de faire des enquêtes. On trouve parfois des détails croustillants.
Par ailleurs, vous croyez réellement qu’un ou plusieurs de vos fruits et/ou légumes sont anciens mais vous n’êtes pas certains? Vous souhaitez les léguer pour les générations à venir? Vous avez à coeur qu’on en prendra soin et qu’elles seront traitées avec respect? Avant de donner un nouveau nom, adressez-vous à des organismes qui sauront vous guider pour vérifier si oui, elles sont bel et bien d’anciennes variétés et vous référer à des autorités compétences pour le prouver et les conserver dans des installations appropriées.
La généalogie du nom de semences. Quel sujet passionnant!
Étant collectionneuse de tomates historiques et anciennes ainsi que de pois de senteurs historiques, je suis très concernée par la généalogie des semences et leur nom. Trop de variétés ou cultivars ont été renommés en hommage à la personne qui les détenaient, sans compter la francisation ou l’anglicisation des noms. On s’y perd!
Je fais beaucoup de recherches sur les variétés de tomates et il n’est pas rare qu’une seule ait plus de 6 noms, voire plus, en synonymes.
Un de mes buts est justement de sensibiliser les jardiniers collectionneurs sur l’importance d’utiliser le nom d’origine complet.
Je viens de découvrir votre blog et il comporte plusieurs sujets très intéressants. Les articles sont bien rédigés et bien documentés. Bravo!
Merci de vos bons commentaires et toute contribution à la rédaction de nos articles est le bienvenue que ce soit par vos commentaires ou l’ajout de documentation.
À bientôt!