Il arrive que l’appellation d’un fruit ou d’un légume du nom d’un individu en particulier est attribuable au fait qu’il en soit le créateur. Lorsque j’ai eu vent de cette tomate il y a plusieurs années, je me suis demandé si c’était encore possible de parler à ce Oscar Gonthier. Lorsqu’une telle pensée nous traverse l’esprit, il ne faut surtout pas trop avoir d’attente car la dite personne peut être décédée. Après maintes démarches, j’ai pu obtenir des coordonnées téléphoniques en espérant qu’il y soit encore. Je prends mon courage à deux mains et appelle. EURÉKA c’est lui!
Âgé de 82 ans (en 2010), Monsieur Gonthier est encore très alerte et, bien que son terrain le restreigne, il cultive encore son potager. Après quelques formules de politesse, il nous explique, qu’il a inventé sa fameuse tomate pour le plaisir de retrouver à la fois le goût d’une tomate de type cerise (la ROSS) qu’il qualifiait de véritable bonbon à une grosse tomate (inconnue au nom) cultivée dans la municipalité de Pintendre. C’est tellement facile de créer des sortes de tomates affirme t-il.
Après 12 ans à planter ces deux variété dans le même trou , il obtient ce qu’il cherche. Il stabilise sa création pendant 3 ans consécutifs et voilà! 2 tomates pour une livre avec très peu de graines à l’intérieur du fruit. Ça prend de bons tuteurs pour tout tenir. Pour un plant d’environ 28 à 30 pouces de hauteur, ce dernier produira une bonne quantité de fruits.
En terminant la conversation, il nous raconte que dès les années 70, il parcourait le Québec en s’arrêtant dans tous les villages où il pouvait trouver un potager. Il questionnait les propriétaires et a amassé une foule de documentation.
Avoir su qu’un jour, un gars comme toi aurait été intéressé par tout ça, je les aurait gardé dit-il.
J’étais vraiment content de parler de vive voix à un individu associé à une tomate du patrimoine du Québec. Je crois que je vais convaincre ma conjointe de faire un petit voyage dans son coin de la province l’été prochain, à son invitation, pour voir son fameux potager. Il renchérit:
Moi quand je plante des patates, j’ai jamais de doryphores (bibite à paptates).
En me disant ça, il fait allusion qu’en parcourant le Québec, il a pu trouvé de multiples variiétés de légumes résistants. Quel chance! Aujourd’hui, il ne cultive plus SA tomate. C’est dommage car elle est considérée en voie d’extinction.
En me relisant, je me suis alors demandé si, parmi tous mes sachets de semences, je ne l’aurait pas commandée un jour. EURÉKA de nouveau! Je trouve une vieille enveloppe sur laquelle est inscrit à la main la fameuse tomate. Commandée en 2005 chez un collectionneur, Garrett H. Pittenger de l’Ontario, celui-ci l’avait eu en 1999 de vous savez qui….. Oscar Gonthier lui-même… YOUPPI!. Pour un collectionneur, conservez toujours l’historique de la provenance de vos semences, c’est primordial. Il va y avoir de la grosse tomate l’an prochain au jardin.
Cette histoire est émouvante…
Ce sont toutes ces informations et ces histoires personnelles autour de ces tomates et légumes de notre patrimoine qu’il faut perpétuer…
J’ai acheté de ces graines, ce printemps. Je les ferai pousser et tenterai de perpétuer cette variété.
Je sais que vous ne pensez pas à un livre maintenant. Toutefois, si l’idée vous prenait un jour, j’aurais de l’énergie à mettre dessus, pour récolter ces informations auprès des gens qui ont connus les inventeurs ou auprès des inventeurs eux-mêmes. Peut-être aurions-nous du support?
À mon sens, il s’agit de culture autant que les oeuvres peintes, écrites et cinématographiques du Québec.
C’est vraiment tentant et nous conservons votre offre précieusement. Merci de nous faire confiance en voulant vous associer à cette belle initiative. Dès que nous aurons surmonté les aléas de la vie de nouveaux parents (du 2e) et que nous aurons plus d’énergie pour ce projet, nous penserons à vous. Et vous avez tout à fait raison, toutes ces histoires sont de véritables oeuvres d’art vivantes qu’il est important de préserver dans les mémoires. Bravo pour votre intervention!
Bonjour Michel. J’ai commencé un jardin cette année et je l’ai fait sur le devant de la maison. Comme de raison, cela amène une foule de gens qui s’arrêtent pour s’entretenir de mon potager. De ceux là une dame m’a parlé de M. Gonthier et m’a même prêté le livre qu’il a écrit « Un potager… pas comme les autres ». À ma grande surprise, ce monsieur fait un potager en carré de cèdre comme le mien et sur le devant de sa maison aussi je crois. Je me propose d’aller le rencontrer moi aussi, car il habite à Drummondville tout comme moi.
J’aime beaucoup votre site et je vais y revenir souvent pour la préparation de l’année prochaine. Si vous voulez, vous pouvez venir voir le mien de potager, car je me suis fait un blog/site pour en parler. http://www.lepotagerurbain.com/
À bientôt
Michel Beauchamp
Bonjour Michel,
Félicitations pour cette oeuvre. Ça doit sûrement en inspirer plus d’un.
Pour la peine, nous avons cru pertinent inscrire votre blogue dans la liste de nos liens à partager.
Nous retournerons le revoir c’est sûr.
Poursuivez cette belle aventure car vous avez fait le plus difficile… le construire.
Ne reste qu’à l’entretenir et les autres viendront.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
Salut Michel,
j’aime bien votre finale « les autres viendront ». J’imagine que vous faites référence au film Jusqu’au bout du rêve avec kevin Costner. 😉
J’ai rencontré M. Gonthier ce jeudi dernier. C’est un homme charmant. Il est plein d’énergie (pour son âge… on s’entend) et cultive encore son jardin. Toutefois, ce dernier (le jardin) n’a plus autant d’attention et de soin qu’on imagine qu’un M. Gonthier aurait pu lui donné il y a quelques années.
Il se souvient très bien de vous et m’a relaté le fait que vous désiriez vous procurer sa tomate (il ne la cultive plus effectivement). J’en ai profité pour lui parler de votre travail admirable à travers votre blog. Toutefois, M. Gonthier semble avoir en aversion toute nouvelle technologie et a manifesté un vif désir à occuper son temps dorénavant qu’à cultiver son petit jardin… c’est le bonheur d’ailleurs nous disait Candide.
Je lui ai promis de ne rien publier sur mon blog (j’ai pris quelques photos), car, comme il dit, il n’est plus intéressé à quelconque publicité (exposition, mise en valeur, etc.) car, considère-t-il, il a assez donné et apprécie la tranquillité. Toutefois, il a dit aimer discuter avec les gens et toujours ouvert à faire visiter son potager.
Bonjour Michel,
vous avez été chanceux de le rencontrer car nous avons tenté à deux reprises de le voir mais nos disponibilités ne concordaient pas.
Comme nous demeurons loin de Drummondville, il est plus difficile de jumeler nos obligations personnelles et professionnelles avec des moments où nous pourrions rencontrer d’autres passionnés de cette région.
Par ailleurs, ayant rencontré de nombreuses personnées âgées ayant eu de grands potagers, il arrive un moment où ils souhaitent passer è autres choses ou diminuent leur espace de jardin pour des raisons de santé. C’est là que des gens comme vous prennent la relève. Il est important de respecter la volonté des gens de ne pas vouloir de publicité. Par exemple, nous avons rencontré de nombreux spécialistes souffrant d’alzheimer ou d’autres problèmes de santé et c’est diffile pour eux d’être confrontés à cette réalité. Ils veulent que les gens se souviennent d’eux dans les bons moments de leur vie.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
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