Tomate Canada Victor

Que de neige aujourd’hui… C’est très bon pour les plantes extérieures car le couvert va les protéger contre le gel. On a souvent tendance à l’oublier.

En attendant le retour du beau temps, je poursuis aujourd’hui avec un autre fruit rare: la tomate Canada Victor. Le catalogue illustré de « William Evans » et le « Canadian Agricultural Warehouse, Illustrated descriptive catalogue of choice farm, garden & flower seeds » de 1878 semblent être les premiers à mentionner ce fruit pour la première fois au Québec. Il est décrit comme:

Nouvelle espèce hâtive, de première qualité et très productive.

Toutefois, cette tomate est encore plus âgée.

En effet, un article paru dans le James J. H. Gregory’s seed circular and retail catalogue en janvier 1873 mentionnait qu’en 1872, le propriétaire de la compagnie située à Marblehead au Massachusset avait reçu des graines d’un « gentleman » canadien moussant les qualités extraordinaires de cette tomate.

Quelque peu sceptique, ce dernier avait demandé des échantillons et les avait semées avec 25 autres variétés de tomates qu’il cultivait pour tester, elles aussi, leur potentiel. Parti en Europe, le contremaître de ce dernier attira son attention lors de son retour sur la précocité à laquelle les fruits avaient muri. Comparativement aux autres plants, ceux-ci avait atteint leur pleine maturité plusieurs jours avant les autres spécimens étudiés.

En fait, les fruits n’étaient pas seulement plus précoces mais également plus imposants et sans aucune trace de « vert » à la base du pédoncule; ce qu’il observait souvent parmi les autres cultivars de tomate. Charnus, entre ronds et ovals, ils étaient bien distribués sur le plant.  Les échanges que ce producteur avait entretenu avec le « gentlemen » en question lui a permis d’apprendre que celui-ci l’avait testé depuis les trois dernières années (1869) en les comparant à ses autres tomates. Il avait pu se rendre compte que le plant arrivait à maturité entre 6 et 10 jours plus tôt; une caractéristique acquise probablement par sa localisation plus nordique.

Coïncidence ou pas, lors de la même année, un producteur maraîcher avait voyagé plus de 65 Km (40 miles) avec comme objectif premier d’observer les plants semés par l’entreprises. De manière spontanée, sans rien connaître de l’historique de cette nouvelle tomate, il l’a choisi pour la cultiver sur ses terres.

Aussitôt, l’entreprise acheta les droits sur cette tomate et l’appela « Canada Victor tomato » (Victor du Canada) du prénom de ce « gentlemen » canadien.

C’est donc dire que cette tomate n’est pas américaine mais bien canadienne. L’histoire ne nous dit pas où habitait ce « gentlemen » canadien. Québécois? Ontarien? Des provinces maritimes? En tous cas, Marblehead au Massachusset, c’est en ligne droite avec le Québec. À preuve du contraire, je l’inscris dans les variétés rares possibles du Québec.

Nous n’avons pu identifier de compagnies canadiennes offrant cette variété. Peut-être auront nous plus de chances avec les américaines. Nous vous tiendrons au courant. En attendant… bon pelletage!