Lorsque j’ai vu mon voisin agriculteur labourer son champ dans la neige ce matin, j’ai béni les cultures permanentes. Dans ce cas-ci, je devrais plutôt écrire semi-permanente car on doit refaire des semis après 4 ou 5 ans à cause de l’épuisement du sol et de la plante. Quand même, c’est mieux qu’à chaque année.
En effet, l’artichaut mériterait une plus grande présence au jardin. Peu valorisé par nos papilles gustatives québécoises, j’en vois très très très rarement dans les jardins modernes même s’il se cultive depuis des siècle partout sur la planète. Avis aux producteurs de semences, cultivez une seule variété par année pour éviter la pollinisation croisée. Les abeilles capotent sur les immenses fleurs. 25 grammes de semences produiront environ 500 plants. Un sachet de 1 gramme devrait contenir aux alentours de 25 semences. Détail super important… vernalisez-les, c’est-à-dire qu’elles devraient subir une période de 3 à 4 semaines au froid au réfrigérateur ou dans un endroit entre 2 et 4 degrés Celsius (ex: garage non chauffé).
Pour cela, semer en caissette à 2 cm de profondeur et 5 cm de distance dans un terreau humide pour semis. Déposer un papier ciré sur le dessus et attendez 4 semaines. Pour donner une idée du début de ce processus au Québec en zone 5b (comme chez-nous), on estime entre la fin février-début mars ou 4 mois avant la transplantation au jardin pour les régions plus froides ou chaudes.
Par la suite, mettre à la lumière à une température près de 20 degrés Celsius le jour et 10 la nuit. Repiquer en pots de 3 pouces (7.5 cm) après l’apparition des vraies feuilles ou en caissette (12 à 15 plants par caissette), puis plus tard, en pots de 5 pouces (12.5-15 cm) dans un terreau de croissance. Acclimatez en mai pour planter définitivement vers le milieu de juin; parfois avant pour les pressés car la plante résiste aux faibles gels. Songez à espacer vos plants de 80 cm car, comme la photo ici-bas l’indique, ça devient gros. C’est beau hein! Vous devriez profiter des premières fleurs dès la première année puisqu’un plant arrive à maturité entre 80 et 120 jours. Pour les retardataires, semer en caissette directement au jardin à l’automne suivant. Par expérience, assurez-vous juste de planter à un endroit exempt de mauvaises herbes. Pour les plants n’ayant pas produit, tailler les feuilles, déraciner et installer dans un bac humide rempli de terre au frais (ex: caveau à légumes). Replanter la racine au printemps suivant. Sinon pour les régions moins rigoureuses (changements climatiques obligent), tard à l’automne, débarrasser la plante des tiges qui ont fleuri. Couper au ras du sol aussi près que possible la racine. Butter et recouvrir les pieds de feuilles sèches ou de paille pour les protéger du froid. Enlevez-les au printemps. Ils repartiront.
Par ailleurs, pour les producteurs de semences, on récolte les semences de cette bisannuelle (à la deuxième année de plantation) lorsque la grosse fleur aura produit un genre de « plumet blanc ». Récoltez pour les faire sécher complètement dans un endroit sec et ventilé. À l’étape de la cueillette, dans un sac de papier, écraser la base de la fleur avec un outil plat dur (ex: petite planche de bois) pour libérer les graines. Vous aurez besoin de tamiser les détritus parmi les semences cette étape complétée. Insérer dans un sac en papier avec la date et le nom du cultivar. Entreposer dans un endroit sec à l’abris de la lumière. Vos semences devraient se conserver pendant 7 ans.
MISE À JOUR (19 novembre 2018): Après plusieurs questions des lecteurs, il est important de spécifier qu’il est quand même très difficile de produire des semences d’artichaut sous notre climat nordique. À titre d’exemple, la ferme « la fille du Roy« , spécialisée dans l’auto-cueillette de cette fleur-légume, mentionne qu’il arrive qu’entre 20 et 85% des plants ne produisent aucune fleur la première année. Non protégées avec un bon très bon paillis, elles meurent à l’automne. La sélection de variétés demeurent la meilleure option pour l’avenir; d’où l’importance de continuer à renforcer les plants.
Bonjour,
Je fais ma première expérience de planter des artichauts et les 2 que nous avons sont bien en feuilles, mais n’ont toujours pas produits de fleurs. Selon l’article, vous dites que si nous coupons les feuilles au ras du sol, avec un paillis sec de feuilles mortes, les pieds devraient pouvoir passer l’hiver sans les rentrer? Je lis également sur la production de semence de carottes et de choux et ça me semble plus compliqué d’entrer des plants (à la verticale) à une température de 1 à 10°! Dans mon appart en ville, je n’ai pas ce type d’environnement. Devrais-je pouvoir essayer de simplement couvrir les pieds des plants de carottes et de choux comme l’artichaut??
Je vous remercie infiniment de votre temps!
En vous souhaitant une bonne journée!
Bonjour Monsieur Ouellet-Cloutier,
Concernant les carottes, l’utilisation d’un bac contenant du sable humide mais non détrempé et rangé dans un endroit froid qui ne gèlera pas (ex: garage, ancien réfrigérateur ou un ami qui possède une chambre froide) s’avérera parfait. Enterrez-les dans le sable jusqu’au printemps prochain. Une ou deux fois en hiver, faites une vérification pour vous assurez de ne pas avoir de pourriture qui contaminerait les autres racines. Si vous les laissez en terre, elles gèleront par le sol et pourriront par absence de protection.
Pour ce qui est du chou, nos ancêtres (avant l’avénement des caveaux à légumes) les enterraient dans la terre mais entouré d’une couche de feuillage (ex: feuilles mortes humides) pour ne pas devoir trop les nettoyer à cause de la terre. Un bon amas de neige les préservait comme un réfrigérateur. Ils les déterraient durant l’hiver pour en manger et ils en conservait certains pour la production de semences.
Bonne continuité!
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN