2018 marque le 120e anniversaire du décès de Édouard-André Barnard (baptisé Edward André Benjamin). Pourquoi souligner cet anniversaire?
En fait, Barnard fût à l’origine de moults changements qui, encore aujourd’hui, touchent le monde agricole québécois. Né à Trois-Rivières en 1835, il interrompt ses études au séminaire de Nicolet en 1851 pour devenir commis-marchand à Trois-Rivières, puis à Montréal, avant de revenir s’occuper des terres de son père malade aux prises avec des difficultés financières. En 1867, il complète des études en droit tout en poursuivant l’exploitation agricole familiale. Un détour déplaisant dans l’armée d’une année le ramène chez-lui pour poursuivre ses expérimentations à la ferme. À partir de là, il devient correspondant pour l’hebdomadaire « Semaine Agricole » pour en devenir le rédacteur en chef. Il commence, du même coup, à offrir des conférences sur l’agriculture; une activité remarquée par Louis Archambeault, commissaire de l’Agriculture et des Travaux publics de la province de Québec. Ce dernier lui propose en 1871 un poste d’agent d’immigration pour l’Europe; qu’il accepte. L’objectif de cette mission étant de « faire venir de bons agriculteurs francophones et catholiques de France, Belgique et de Suisse« . À son retour, on l’attitre au poste d’agent de colonisation et il parcours les régions rurales pour offrir des rencontres de groupes sur l’art de bien cultiver. Cette tâche aura, selon toute vraisemblance, ouvert la voie à un réseau de conférenciers agricoles faisant la promotion du savoir agronomique.
On lui doit d’ailleurs l’implantation de la culture de la betterave à sucre pour diminuer la dépendance au sucre importé. À la création de la Confédération en 1867 et le remplacement de la Chambre d’agriculture du Bas-Canada par le Conseil d’agriculture de la province de Québec, il encourage beaucoup la mise sur pied des cercles agricoles. Établis dans chaque paroisse, le gouvernement n’en reconnaîtra la pertinence qu’en 1894, un événement qui, avec du recul, a permis le lancement d’un grand mouvement coopératif et de modernisation. En 1876, Bernard obtient le poste de directeur de l’agriculture du département de l’Agriculture et des Travaux publics et, par la même occasion, la responsabilité d’une nouvelle publication intitulée « Journal d’agriculture ». En combinant ces deux fonctions, cela lui laisse toute la latitude à ces idées de réformes par l’éducation.
Toutefois, l’une de ses plus grande contribution demeurera le développement de l’industrie laitière. Par ses actions, on voit une croissance fulgurante des exportations du beurre et du fromage amenant une nouvelle prospérité dans les campagnes en 1882. Il vante justement les qualités laitières de la vache canadienne et lui attitre un statut de « race pure ». Il devient également l’instigateur de la première école, celle des Ursulines de Roberval (1891-1895) dont la mission consiste à instruire les futures conjointes des cultivateurs aux secrets de l’économie domestique agricole. Avec la venue d’un nouveau gouvernement conservateur, celui d’Honoré Mercier, on le nomme secrétaire du Conseil d’Agriculture. Cette démotion ne l’empêche pas d’élaborer les règlements du Mérite agricole en 1890. Cet ordre reprend la pratique des concours de fermes organisés par les sociétés d’agriculture de comté sous les auspices du Conseil d’agriculture et s’inspirera de la loi française de Jules Méline ayant créé le Mérite agricole en 1883.

École Ménagère, Ursulines de Roberval, Lac St. Jean 19–? (Image: Bibliothèque et Archives Nationales du Québec)
Toutefois, d’après Barnard lui-même, qui travaille à ce projet depuis plusieurs années, la ressemblance s’arrête au nom car, dans le cas français, c’est une distinction honorifique et discrétionnaire offerte par le gouvernement pour couronner une longue et fructueuse carrière agricole, alors qu’au Québec il s’agit d’un concours avec un jury indépendant qui visite les exploitations.
À la fin de 1893, Barnard rédige l’ouvrage majeur de sa vie intitulé « Manuel d’agriculture« . Ses multiples causeries agricoles et son expérience personnelle l’aident à pondre l’un des premiers ouvrages d’agronomie typiquement québécois au service de l’agriculture. S’ensuit la publication d’un deuxième livre, la « Colonisation bien faite ». Sous son influence et celle du clergé, ils convaincront la mise sur pied d’une formation universitaire en agronomie; dont les premiers bacheliers graduent en 1913. Il travaillera jusqu’à sa mort en 1898 en combinant une présidence au sein de la Société générale des éleveurs d’animaux de pure race du Québec (entre 1895-1898), une présence comme secrétaire de la Société des bons chemins (1895) et l’invention (non breveté) d’un nouvel engrais chimique. Vous ais-je aussi dit qu’avec sa conjointe, Amélie Chapais (fille de Jean-Charles Chapais) ils avaient eu 14 enfants (dont 3 morts en bas âge). Wow! Quelle vie!
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