J’ai consulté récemment quelques catalogues de semences de la cuvée 2015 de grandes compagnies québécoises. Ça faisait très longtemps qu’il ne m’avait été donné l’opportunité d’en regarder. Pour ma part, mes meilleurs catalogues demeurent les cours arrières des maisons. Les échanges sont extraordinaires et pas mal plus valorisants. Je me plaît à dire qu’il n’y a pas aucun autre endroit pour dénicher des perles rares du patrimoine.

Par contre, j’aime quand même me tenir à jour des tendances.

Toutefois, j’ai sursauté en voyant le prix d’un petit sachet de 10 graines de tomate à $6.99 et ce, sans compter les taxes, les frais d’envoi et une « assurance » pour le remplacement en cas de commande perdue ou endommagée. Un grand total approximatif de $1,50 pour une graine. Scandaleux! C’est le prix d’une demie douzaine d’œufs. Pour ce montant, je m’attends à un taux minimum de germination de 100%, sinon c’est carrément du vol. Mais encore là, aucune garantie ni détail sur le sujet dans le livret. Ça prend la foi et surtout pas manquer son coup.

Évidemment, il y possibilité de baisser le coût unitaire en bénéficiant d’un rabais avec un panier d’achat de plus de 50.00$, choisir des cultivars moins onéreux et malheureusement trop rares (ex: $ 2.99 pour 80 graines) mais en bout du compte, votre petite graine reviendrait quand même à presque $0,50 chacune. Encore AYOYE! Je me suis alors amusé à comparer le prix d’une même compagnie avec un de ses anciens catalogues de 1954. Ceci, pour comprendre l’évolution de la hausse inflationniste de ce produit. Par exemple, en 1954-1955, pour les graines de tomates, on affichait les prix et les quantités suivantes (avec en plus des frais postaux de $0.10 pour chaque commande d’une livre et moins sur tout le territoire du Québec):

1 paquet (1/4 once ou 7 grammes): $0.15
1/2 once ou 14 grammes: $0.40
1 once 28 grammes: $0.70
1/4 livre ou 113 grammes : $1.25
1/2 livre ou 226 grammes : $4.00
1 livre ou 453 grammes : $ 12.00

Pour les avoir pesé, il est important de préciser qu’une once équivaut à beaucoup, beaucoup, beaucoup de graines de tomates. J’aurai aussi aimé trouver une variété identique mais avouons-le, il n’y a plus aucun cultivar de l’époque encore vendu dans les collections actuelles. Et inutile de se pâme devant l’appellation « semence du patrimoine » des gros vendeurs comme cœur de bœuf qu’on retrouve partout.

Bref, selon la feuille de calcul de l’inflation de la banque du Canada, un sachet de $0.15 devrait équivaloir à $1.33 en monnaie de 2014 et cela, en tenant compte de l’inflation annuelle et de la dépréciation du dollar depuis 60 ans. Une différence de $5.66 ($6.99 – $1.33).

C’est donc dire qu’en six décennies, vous aurez eu une augmentation réelle annuelle d’environ 6.5% avec en prime (sarcasme ici!) moins de graines. Je comprends  maintenant le commentaire d’un de nos lecteurs qui, un jour, nous avait fait la remarque qu’il n’avait pas l’impression d’avoir « affaire à un vendeur de graines ». Remarque qu’il avait précisé en ajoutant qu’il se sentait souvent floué par les grosses compagnies désireuses de faire du profit avant tout.

Néanmoins, nous comprenons tout à fait les raisons démontrant la logique d’un tel prix (coût de la main-d’œuvre, recherche, équipements à amortir, publicité, marge de profit, etc.). Mais en cette période d’austérité économique québécoise, je continuerai à visiter les cours arrières et encourager les petits producteurs, moins gourmands. Pour les curieux, nous en avons dressé toute une liste de références (québécoises et canadiennes) sur notre page d’accueil. Soyez indulgents car quelques liens ne s’activent plus. Nous plancherons là-dessus durant la période des fêtes.