Depuis plus de 9 ans, toutes nos tentatives pour retracer l’historique du concombre « Tante Alice » se sont avérées vaines. Pour débuter nos recherches, nous possédions une mince description reproduite de manière infinie sur le web soit:
Variété du patrimoine cultivée par madame Alice Gosselin 90 ans du comté de Dorchester au Québec.
Trop simpliste à notre goût, nous voulions connaître la vraie histoire pour la partager. Mais j’imagine que le destin s’organise pour placer sur notre chemin les bonnes personnes au moment voulu.
En effet, par un curieux concours de circonstances, Lyne Bellemare, coordonnatrice des communications pour le Semencier du patrimoine reçoit un peu plus tôt cette année la tâche de dénicher des renseignements supplémentaires sur cette variété. En contactant des membres dont Monsieur Paquet, celui-ci se souvient de l’émission télévisuelle « Découverte » enregistrée le 22 octobre 2001 durant laquelle on parle de ce légume. Durant cet épisode, l’équipe de reportage interview Antoine d’Avignon (aujourd’hui décédé), celui ayant reçcu des semences de cette supposée « tante Alice ». Selon les propos de ce dernier, ce sont ses neveux qui, en visitant ses plates-bandes, lui auraient apportés des graines quelques années plus tôt.
En consultant la correspondance entre les deux individus (Alice et Antoine), c’est plus spécifiquement son neveu, Marcel Gosselin, qui, après avoir visité les jardins de Monsieur d’Avignon à Pintendre, prit la décision de demander à sa tante s’il pouvait remettre des semences à cet ancien responsable du semencier du Patrimoine (section Québec). Après cet échange et comme le concombre n’avait pas de nom, ils décidèrent de jumeler les noms Alice (en l’honneur du prénom de sa tante) et Gosselin (du nom de famille de Marcel). Et voilà… le fameux concombre Tante Alice Gosselin était né.
D’ailleurs, selon les dires de ses filles, Yvonne et Marie-Andrée, leur mère (de son vrai nom: Marie-Alice Laflamme Gosselin) n’a jamais nommé ce cultivar qu’elle a elle-même créé. Leurs souvenirs passés font croire qu’il serait le croisement entre un concombre offert dans un catalogue de semences de l’époque, l’entreprise Hector L. Déry et un autre inconnue. Mais là… rien n’est certain. Pour prouver leurs dires, elles avaient en leur possession un flacon recèlant quelques graines recueillies en 1990 par Alice elle-même. À l’intérieur, un papier écrit de sa main inscrit « graines des beaux gros concombre ». La rencontre avec ces deux filles fût réellement une révélation.

De gauche à droite: Alice Gosselin, sa soeur Mélanie et Marie-Rose Langlois entre 1952-1953 (photo: Michel Gosselin)
De fait, suite à des correspondances électroniques avec Madame Bellemare, celles-ci me tenait informée de ses progressions et péripéties. Un 19 mai 2012, je reçois un courriel de victoire de cette dernière intitulé « ON A TROUVÉ TANTE ALICE ». Après plusieurs appels téléphoniques à tatillon auprès de descendants possibles, elle exprimait avec raison son émotion de les avoir découvert. Après sa danse de la victoire, elle m’invitait à rencontrer personnellement Marie-Andrée et Yvonne Gosselin, deux des 11 enfants de Marie-Alice. Je vous résume brièvement cette visite de plus d’une heure survenue le dimanche 02 juin 2012. Pour les semenciers et amateurs, soyez prêts à ajouter un pan d’histoire sur le concombre Tante Alice.
Ironiquement, grâce à l’acte de naissance retrouvé par Monsieur René Paquet, ses enfants ont appris la vraie date de naissance de leur mère soit le 15 février 1908 à St-Lazare dans la MRC de Bellechasse. « Tout le monde a toujours fêté ma mère le 16 février », c’est incroyable, s’exclama Marie-Andrée.

Le concombre tante Alice se faisait appelé à l’origine « beau gros concombre » par Marie-Alice Laflamme Gosselin
Quoi qu’il en soit, c’est sa fille Berthe (aujourd’hui décédée) qui réalisa la première le potentiel de ce concombre. Étant très productif et facile à digérer, elle n’hésitait pas à le partager autour d’elle. Elle recevait constamment des compliments. Dans l’une des lettres adressées à Marie-Alice, Antoine avait justement eu la gentillesse d’honorer la mémoire de Berthe en lui écrivant qu’il propagerait ses graines en l’honneur de sa fille. »Ma mère avait vraiment le tour avec les plantes » souligna Marie-Andrée. Mais c’est sa soeur aînée, Maria (voir image en bas), suite au décès prématuré de leur mère qui l’a pris sous son aile et lui appris l’art du potager. « Il ne fallait pas juste que ses légumes soient bons, il fallait que son jardin soit aussi beau » précisa Marie-Andrée.

Maria Laflamme (au piano) avec Léopold Gosselin (en haut à droite) et Georges Fournier (en haut à gauche) en mai 1963 à Bellechasse (photo: Michel Gosselin)
Pour la plantation du concombre, sa mère prenait soin de semer ses graines sur une butte le 13 juin (à la Saint-Antoine) dans une terre noire. La veille, elle les faisait tremper dans du lait. Tout le monde se surprenait de voir les plants à maturité en même temps que les autres sortes de concombre semés en mai. Elle les dégustait petits. Elle les a cultivé toute sa vie. Quand elle voyait un beau gros concombre, elle décidait de le garder pour ses graines de l’année suivante.

Réception pour la fête d’Alice Gosselin Laflamme (à gauche) en 2002 avec Marie-Rose Gosselin (à gauche) (photo: Michel Gosselin)
Il est à noter toutefois qu’une sélection annuelle semble obligatoire pour en conserver les propriétés uniques.De fait, les expériences de Monsieur Paquet depuis plus de 10 ans, tendent à démontrer qu’une fois de temps en temps, des caractéristiques dominantes non conformes avec celles du concombre Tante Alice prennent le dessus. Des observations constantes sont donc nécessaires pour maintenir la bonne lignée.Nous remerçions chaleureusement Lyne Bellemare et René Paquet d’avoir mis en place ce pan d’histoire de notre patrimoine. Nous soulignons aussi la gentillesse de Marie-André et Yvonne Laflamme pour leur temps et leur générosité et aussi pour les semences qu’elles nous ont offertes…. directement de la lignée de leur mère. Sans oublier Michel Gosselin pour les photographies et ses infos très éclairant. Propagez cette belle histoire maintenant!
Bonjour…mes soeurs et moi avons un potager familliale communautaire…et votre histoire est fantastique…ce concombre ressemble étrangement a celui cultivé par mon père dans les annnées 60 ….òu pourrait on s’en procurer ne serait ce qu’une seule graine de semence pour perpétué la tradition familliale…?
Merci….
Bonjour à toute votre famille,
nous avons pu faire pousser cette variété cette année et nos semences seront bientôt prêtes. Elles seront disponibles dans notre section « pour commander » dans quelques semaines. Cette plante unique produit seulement entre 0 et 100 graines par fruit à maturité. Comme la production de semences est minime, nous espérons pouvoir offrir ce concombre et l’histoire qui y est associée encore longtemps.
Nous vous encourageons, bien entendu, vous aussi à perpétuer ce cultivar de notre patrimoine québécois.
Michel Richard
POTAGERS D’ANTAN
Bonjour,
Tres bel article. Merci de m’avoir fait decouvrir que ma grand mere Alice Gosselin-Laflamme avait reusing a preserver au travers des annees un concombre d’antan. Elle a toujours ete fiere de sont potager, et lorsque j’ai planter mon premier jardins, sont conseil a ete de planter le concombre seulement le 13 juin. Il n’y a pas plus grand homage que de continuer a cultiver ce legume. J’aimerais bien avoir des semances, venderez-vous d’autre grain cet annee?
Michel
Bonjour Michel,
Je suis bien content d’avoir la visite d’un membre de la famille de Tante Alice.
Pour ce qui est des semences, je vous encourage à vous approvisionner directement a la source, soit auprès des membres de votre famille. Je ne sais pas si vous entretenez encore des liens mais elles m’en ont donné lors de ma dernière visite et je sais que certaines de leurs soeurs en font encore pousser. Vous aurez ainsi la source originale.
Pour notre part, nous n’en avons plus pour les échanges car nous les conservons pour la reproduction. Cette année, nous nous concentrons sur une autre variété et nous n’avions pas les espaces nécessaires pour en faire pousser deux variétés.
Bien heureux d’avoir pu vous en faire apprendre plus sur votre patrimoine familial.
Michel Richard
Potagers d’antan
Yves Gagnon vend ces semences dans le catalogue Des jardins du grand portage. J’en ai dans le jardin en ce moment.
http://www.jardinsdugrandportage.com/semences.html
Bonjour,
Je cultive avec succès des concombres depuis plus de 10 ans, J’en donne toujours à la famille, aux amis, j’en ai trop! Compost, purin sont les seuls engrais acceptés dans mon potager! Et, ça toujours bien fonctionné.
Cette année, pour la première fois, j’ai semé des concombres Tante Yvonne. Ces semences proviennent du Jardin du Grand-Portage. Les plants sont très beaux: beaucoup de feuillages, beaucoup de fleurs, mais 2 concombres récoltés à date. Trop peu!
Je n’ai pas aperçu d’insectes nuisibles. J’ai beaucoup de fleurs autour, qui attirent abeilles et bourdons,
Tous mes autres légumes (tomates, aubergines, fèves, herbes,) fleurissent et produisent bien.
J’ai donné des plants (Tante Yvonne) à une soeur qui habite Chertsey, dans Lanaudière. Même résultat: aucun concombre. Mon autre . soeur, qui habite sur le plateau, à Montréal, à le même problème. Mais, cette fois-ci, les semences ne sont pas de la même variété. Donc, je ne mets plus cette variété en cause. . Qu’est-ce qui se passe?
Est-ce que d’autres jardiniers auraient ce problème? Quelle pourrait être la cause de cette absence de pollinisation? La température? Manque de lumière, trop d’ombre? Pourtant, très beaux plants. J’aimerais bien mettre le doigt sur ce problème!
J’habite Brossard.
Merci de votre attention,
Arline
Correction: les concombres sont bien Tante Alice. et non pas Tante Yvonne. Désolée!
Arline.