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Archives mensuelles : avril 2019

L’histoire du chanvre (partie 2)

18 jeudi Avr 2019

Posted by Michel in Céréales du patrimoine:

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Ouf! Après trois semaines de recherche, je reviens avec un autre petit bout. J’ai sous-estimé l’énergie pour creuser le sujet. Je vous encourage, si ce n’est déjà fait, à relire la partie numéro un pour une lecture plus fluide. J’y abordais l’historique du chanvre avant qu’il n’arrive définitivement en Amérique du Nord et plus spécifiquement au Canada.

En effet, vers la fin de la première partie, Jacques Cartier offrit dès son arrivée des cadeaux aux autochtones sous forme de graines et de vêtements conçus en tissus de chanvre. Louis Hébert, premier apothicaire et agriculteur du nouveau monde en plantera en 1606 à Port-Royal, berceau de l’Acadie, avant d’en amener avec lui lors de son déménagement à Québec en 1617. Bien qu’on amenâmes par bateaux des bœufs, des ânes et plus tard des chevaux pour le défrichage des terres pour aider les premiers colons de la Nouvelle-France, l’autosuffisance ne fût réalisée que dans les années 1640. Et quand bien même, la commercialisation des produits agricoles restera toujours difficile sous le régime français.

Louis Hébert (image: l’abbé A.C. Hébert, Montréal 1918. Archives nationales du Canada)

Jean Talon (image: patrimoine-culturel.gouv.qc.ca)

Ailleurs, la popularité grandissante du cannabis-textile s’étendait un peu partout dans le monde avec la poussée de la colonisation. Au milieu des années 1600, l’Espagne le cultivait au Chili, la Grande-Bretagne en Nouvelle-Angleterre et les entrepôts royaux français promettaient quant à eux d’acheter tout le cannabis produit par les agriculteurs canadiens. L’intendant Jean Talon (1626-1694) réservera des lots pour des expériences et des démonstrations agricoles en introduisant des cultures telles que le houblon et le chanvre. Certaines taxes pourront même être payées avec des tiges de chanvre et les agriculteurs récalcitrants à sa culture se voyaient passibles d’une sentence. On ne riait pas. Plusieurs noms de villes et régions du Québec ont même été baptisé de noms liés à cette importante culture d’autrefois comme Hampshires, Hempsteads et Hamptons.

Toutefois, la difficulté à l’époque ne consistait pas à cultiver du cannabis en soit mais à préparer les fibres pour leur utilisation courante. Les longues fibres externes de la tige devaient être séparées des fibres pulpeuses internes. Ce processus, appelé «rouissage», prenait énormément de main-d’oeuvre et de temps. À cause de ça, la plupart des colons préféraient les cultures vivrières. Et, même si les gouvernements, tant français qu’anglais, ont tout fait pour inciter les agriculteurs canadiens à planter davantage de cannabis pour la fabrication de textiles, les colons préféraient, de loin, cultiver de quoi manger plutôt qu’engraisser une culture marchande. Qui pourraient les en blâmer. Premier exemple.

Rouissage du chanvre (image: Marzolino, journal universel Paris, 1860)

En 1668, Jean Talon, premier intendant, confisqua tout les fils des magasins de toute la colonie en déclarant qu’il ne le vendrait qu’en échange de chanvre de cannabis. Sans aucun fil, les colons ne pouvaient donc plus réparer, ni fabriquer leurs vêtements. Ils ont donc été, en contre-partie, dans l’obligation de faire pousser plus de fibres de cannabis. Deuxième exemple.

En 1790, le gouvernement de l’Angleterre enverra gratuitement 2 000 boisseaux (environ 50 tonnes métriques) de graines de cannabis russes à tous les agriculteurs du Québec. Parmi tous, seulement quinze l’acceptèrent. Le reste des graines pourrirent. Na! Na! Na! Dix ans plus tard, le Parlement britannique envoya deux spécialistes du cannabis en leur promettant richesses et terres gratuites s’ils parvenaient à convaincre les colons de cultiver davantage de cannabis mais aussi à les former correctement à sa culture. Mauvais temps, inondations du printemps et mauvaises semences rendirent l’expérience un désastre. Mais pourquoi la France et la Grande-Bretagne souhaitaient-elles tant produire du cannabis dans leur nouvelle colonie? La réponse se trouve de l’autre côté de l’océan Atlantique.

USS Constitution en 1803 (image: wikipedia)

En effet, juste après la conquête du Canada par les anglais, la course au chanvre nous ramène dans les vieux pays soit à la campagne d’Égypte (1798-1801) où les troupes françaises tentaient de bloquer la Grande-Bretagne d’accéder à la route de l’Inde en prenant possession de l’Orient. Pendant des décennies le chanvre demeurera une matière stratégique. Il composera la majeure partie des cordages et des voiles de navires. À elle seule, la frégate américaine USS Constitution exigeait plus de 60 tonnes de chanvre juste pour ses cordages et voiles. Importé à 90% d’Italie et de Russie, la conquête napoléonienne amena le roi Georges III à développer ses propres cultures et manufactures. De retour chez-nous, la Grande-Bretagne persistera encore dans cette idée en faveur des textiles de cannabis et, en 1802, le gouvernement canadien nommera plusieurs agriculteurs importants au sein d’une nouvelle commission pour l’encouragement à la culture du chanvre. Le 22 février 1806, on assistera à la création de la « Upper Canada Agricultural and Commercial Society« . Mais il faudra attendre encore au moins deux décennies avant que l’industrie du cannabis ne décolle enfin chez-nous. En réaction à toutes ces tractations, Napoléon signera un accord le 07 juillet 1807 avec le tsar Alexandre 1er. Le traité de Tilsit interdira l’expédition de chanvre en Angleterre et aux États-Unis. Mais Alexandre 1er laissera quand même passer le chanvre en contrebande en destination de l’Angleterre. Petit coquin! C’est l’un des éléments qui poussera Napoléon à envahir la Russie. Mais ce dernier devra battre en retraite à cause de l’hiver précoce de 1812.

Champ récolté de chanvre. Année inconnue (image iastate.edu)

Y’a pas à dire, alimentaire, utilitaire, euphorisant, cette plante exerça toute une influence entre le 17e et le 19e siècle. Dans la partie 3, elle continuera à faire couler beaucoup d’encre dans les siècles suivant.

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