Il existe tant de magnifiques courges. Pourquoi ne pas faire changement et opter pour de belles variétés amérindiennes peu communes pour décorer vos demeures en cette période d’halloween. Par exemple, directement des jardins de Monsieur Stephen McComber de Kahnawake, la Buffalo Creek » cucurbitaemaxima » fait partie des rares survivantes du patrimoine agroalimentaire autochtone de nos climats froids. Très difficile à trouver au Québec, elle peut devenir énorme en respectant certaines précautions (voir image ci-dessous). Certains écrits en anglais avancent le chiffre impressionnant de près de 50 livres (plus de 22 kg). Soyez indulgent avec notre spécimen plutôt chétif. Le printemps très pluvieux de 2017 a eu des conséquences désastreuses sur cette variété et a décimé quasiment l’ensemble de la récolte.
En effet, assurez-vous pour commencer d’avoir un sol très bien drainé car le légume déteste le contact avec le sol humide. Par expérience, déposer une roche plate en dessous car vous risquez de tous les voir pourrir avant d’atteindre leur maturité, prévue en 98 jours. Auparavant, semer 5 à 7 semences sur un site ensoleillé directement dans un sol au PH entre 5.5 et 6.2 (donc, plutôt alcalin). La tradition amérindienne veut qu’on fasse cette tâche 2 à 3 jours avant la pleine lune de mai et ce, sur une butte d’environ 1 1/2 (30 cm) par 2 1/2 pieds (61 cm). Distancez-les de 6 pieds (182 cm) car la plante prend beaucoup d’espace. Pour les deux à trois premières semaines, temps habituellement prévu pour la germination, conserver votre sol humide mais pas détrempé. Par la suite, conserver vos 3 plus beaux spécimens et arracher les autres. Pour les conservateurs de semences, espérer un taux de germination pour les quatre prochaines années avant de refaire vos stocks. Joyeuse Halloween!
Semences disponibles via le site le Noyau, une ressource québécoise protectrice des variétés ancestrales tradiditionnelles autochtones.
Courge Buffalo Creek (image: festivalcrowmoon.com)
Semences de melon d’eau (image: juicing-for-health.com)
J’avoue humblement que la culture du melon exige des connaissances techniques et pratiques qui me font souvent défaut. En terme de taux de réussite, la sélection manuelle se trouve parmi les plus bas du royaume végétal à cause de la petite dimension des fleurs à féconder. J’ai beau tenter l’expérience chaque année, je suis rarement satisfait. Absence de temps pour arroser ou contrôler les maladies, manque de motivation pour la fécondation manuelle, surveillance des indésirables deviennent autant de tracas rendant l’expérience déplaisante. Si l’envie vous prend cette année de récolter vos propres semences, sachez que le chemin est plutôt ardu. Mais, qui sait! Il y a peut-être un expert du melon en vous.
Culture du melon de Montréal sous chassis
Au départ, pour la production de semences, il existe de petites différences entre melon d’eau (pastèque), melon à confire et cantaloup. Dans les deux premiers cas, on exige de 6 à 20 spécimens pour assurer une biodiversité comparativement à un minimum de 8 plants pour le troisième. Même chose concernant la durée de conservation des graines des melons à confire et des melons d’eau qu’on estime entre 4 et 6 ans tandis qu’on évalue entre 5 et 8 ans pour le cantaloup.
Melon citron (citrulus lanatus)
De plus, vous devrez porter une attention très spéciale de ne pas croiser les melons avec la même famille. Par exemple, les melons d’eau et les melons à confire, citrulus lanatus, devrontsedistancer entre 400 et 1500 mètres. Même chose concernant les melons brodés, melons miel, melons Casaba et cantaloups de la famille des cucumis melo qui pourraient se croiser s’ils ne sont pas isolés eux aussi entre 400 et 1500 mètres. Vous pourriez ainsi produire côte-à-côte un melon à confire (citrulus lanatus) et un melon miel (cucumis melo) sans danger. Faites seulement attention au concombre arménien, aussi appelé concombre serpent car, bien qu’identifié sous l’appellation « concombre » il n’est en fait qu’un melon appartenant à la famille des cucumis melo.
Ainsi donc, la meilleure manière de s’assurer de la pureté de vos graines consistera à poser une ceinture de chasteté autour des fleurs femelles et mâles (voir photo ci-dessous). Pour cela, choisissez les plants en santé les plus vigoureux. Le soir venu, repérez les fleurs mâles et femelles prêtes à éclore le matin suivant. Apposez-leur un ruban adhésif qui se décollera aisément et ce, pour les tenir fermés. Faites attention à la marque d’adhésif car plusieurs peuvent décoller sous l’effet de la rosée ou de l’humidité. Pour contrecarrer cette possibilité, certains vont envelopper uniquement les fleurs femelles avec un genre de sac en tissus léger qui, lorsque fécondées, vont les enlever une fois les fruits bien formés.
Différence entre fleur mâle (en haut) et femelle (en bas) (images: jardinierparesseux.com)
Par la suite, le lendemain, prenez du pollen d’une fleur mâle et, avec l’aide d’un coton-tige, féconder les fleurs femelles d’un autre plant. Évitez de prendre du pollen du même plant. Ceci dans le but de mélanger la génétique et empêcher de reproduire des tares non désirées. Les sources suggèrent même de multiplier l’application de pollen de multiples plants mâles pour gagner en biodiversité. Rattachez ensuite les rubans des fleurs femelles pour empêcher qu’un autre insecte s’introduise réduisant à zéro vos efforts. Une fois cette étape faite, surveillez l’évolution des fruits et aussi des plants. Ne soyez pas déçu si vous échouez. Il y a 80% d’avortements naturels prévisibles pour les cucumis melo contrairement au melon d’eau où l’inverse se produit, c’est-à-dire entre 50 et 75% de chances de réussite. Pour augmenter votre rendement:
conservez un taux d’humidité du sol constant mais pas détrempé;
poliniser les premières fleurs à éclore;
fertiliser le sol avec un bon amendement de compost car la plante est gourmande
éliminer tous les fruits du même plant non polinises à la main;
poliniser vers la fin de l’avant-midi car la fleur nécessite de la chaleur.
En fait, tout est question d’observation. Pour la récolte, ayez soin d’identifier les fruits sélectionnés avec un ruban de couleur. J’ai trop souvent omis cette opération en me fiant à ma seule mémoire. Je l’ai tellement regretté car la nature prend un malin plaisir à tout changer. Pour les visuels comme moi, je vous propose une vidéo pour mieux comprendre, une suggestion très pertinente de Sylvain, un de nos lecteurs.
Au moment de la récolte, les fruits des cucumis melo devront se séparer facilement de leur tige tandis que les melons d’eau iront au-delà de leur consommation humaine. Les semences continueront leur maturation à l’intérieur des fruits. Pour cela, il est suggéré de les rentrer dans la maison quelques semaines avant de les ouvrir. En principe, plus vous attendez, meilleur sera le résultat. Mais l’odeur et les mouches rendent parfois cette étape difficile à gérer auprès de votre famille. Pour éviter les commentaires désobligeants et même menaçant de vos proches, il y a des batailles sur lesquelles je m’avoue vaincu.
Donc, ouvrez le fruit. Rincer les graines à l’eau claire. Installez-les sur une surface à l’air libre (ex:papier ciré). Faire sécher jusqu’à ce que la semence casse sous la tension des doigts. Insérer dans une enveloppe en papier opaque en inscrivant le nom du cultivar et l’année de la récolte. Ranger dans un endroit sec, aéré et au frais.
En me relisant, je comprends beaucoup mieux pourquoi je redoute chaque année le moment de la préservation des semences de melon. Mais au final, si personne autour de chez-vous ne cultive de melons, le mieux reste encore de laissez faire la nature et de garder les plus beaux sujets.
1ere édition Bulletin des Agriculteurs en 1912 (image: archives du Québec)
Jeune enfant, je me souviens de ce mensuel trônant dans la salle d’attente du garage rural de mécanique automobile de mon père. Il m’interdisait d’y aller mais avant qu’il ne prenne le chemin du commerce, il transitait par la maison. Je me vois encore lire la BD « Onésime ». On vous donne un exemple ici-bas de la première parution.
En 2012, un reportage de l’émission « c’est ça la vie » de Radio-Canada, estimait que « quatre générations de Québécois avaient appris à lire avec cette bande dessinée », une œuvre d’Albert Chartier, parue de novembre 1943 à mai 2002. Et puis un jour, après m’avoir côtoyé durant plus d’une décennie, je suis parti de la maison en l’oubliant. Quelle ne fût pas ma surprise d’apprendre récemment par ma conjointe son centenaire.
Première parution d’Onésime (source: Bulletin des agriculteurs, nov. 1943, p.64)
De fait, le 2 février 1918 paru le premier numéro du Bulletin des Agriculteurs, anciennement sous le nom « le bulletin de la Société Coopérative des Fromagers de Québec ». Pour justifier cette transformation de l’époque, le premier éditorial du fondateur, Auguste Trudel (XXXX-1931) expliquait:
De sa petite liste de prix bi-mensuelle inaugurée il y a quelques années, la Société Coopérative Agricole des Fromagers, à la demande générale de ses sociétaires, avait dû faire un bulletin hebdomadaire à 8 pages, il y a deux ans, à 12 pages l’an dernier. Malgré ces transformations successives, le Bulletin ne répondait pourtant plus aux besoins. C’est pourquoi il a été de nouveau transformé, cette fois-ci, en un véritable journal: c’est Le Bulletin des Agriculteurs que nous avons aujourd’hui l’avantage de présenter à la classe agricole.
Au départ, la mission consistait surtout à informer principalement une clientèle masculine sur l’actualité agricole et agroalimentaire mais aussi sur les techniques de production, les nouveautés (produits et tendances), l’économie et la vie familiale sur la ferme. Tout ceci dans un contexte où les systèmes coopératifs s’implantaient pour rendre plus facile le travail des fermiers et augmenter leur revenu.
D’ailleurs, vous pouvez lire un historique beaucoup plus complet des motifs ayant motivé la création de cette revue en consultant l’article de Jocelyne Mathieu intitulé: Le Bulletin des agriculteurs » : pour vous mesdames. : L’empreinte d’Alice Ber (1938-1979). Au départ, les influences et les idées politiques s’entrechoquaient dans une mouvance rurale agricole en plein changement.
Toutefois, vers la fin des années 1930 les ventes du mensuel décollèrent lorsqu’on commença à y intégrer des nouvelles, romans canadiens à série, de la mode, des recettes et toute une gamme de thèmes et de publicités touchant davantage les « femmes d’agriculteurs ».
Bref, pour son centenaire, l’éditeur d’aujourd’hui recherche des producteurs ayant fait l’objet d’un article au cours du dernier 100 ans. Si jamais la ferme de vos grands-parents, parents ou peut-être même arrières grand-parents a été cité dans le magazine durant cette période et qu’elle est encore en activité, écrivez à Marie-Claude Poulin (marie-claude.poulin@lebulletin.com) ou par téléphone au 450-486-7770 poste 221.
Pour les nostalgiques, vous pouvez consulter une vaste gamme de numéros numériques (entre 1916 et 2006) aux archives nationales.
Fermier aux États-Unis dans les années 1950 (source: inconnue)
Voici un geste millénaire probablement disparu aujourd’hui des fermes québécoises modernes: la traite manuelle des vaches. Avec la venue des trayeuses automatiques et des stations de traite régit par informatique ou par robot, l’éleveur a gagné beaucoup en temps et en production. Pour en avoir fait l’essai, une dose d’aptitudes se veut nécessaire pour bien traire une vache. On voit ici sur l’image qu’avec le temps, le fermier arrive à une réelle précision. Il est vrai qu’à deux fois par jour, multiplié par le nombre d’animaux, ça devient rapidement monotone. « Faire le train », une expression canadienne-française, utilisée encore aujourd’hui, signifie qu’on va s’occuper des vaches pour les nourrir, nettoyer les stalles, les traire… Cette responsabilité s’acquitte matin et soir. Un peu une formule dérivée de l’expression « train-train quotidien ».
En fait, le terme « train » remonte au 12ème siècle, bien avant la construction de la fameuse locomotive qu’on appelle aussi « train ». Selon le Petit Robert, ce mot ancien signifiait, « manière d’aller, d’évoluer ou façon de faire les choses« . Comme le langage évolue constamment, l’origine de l’expression « faire le train » trouve sa source à partir du moyen-âge où on l’a consacré, avec le temps, à ce rituel répétitif quotidien entre la maison et l’étable.